Il y a chez Noyades cette inconsistance chronique des groupes qui ont une capacité à développer un son dopé à la caféine, mais avec une personnalité marquée alors même que l’on identifie rapidement des accointances avec d’autres combos. C’est un peu l’effet premier que fait l’opus : partir d’un air hautain, complexe, pour au final livrer quelque chose qui peut se synthétiser via peu de mots. Mélange de MathRock, Psyché, Rock, … Go Fast déffourraille assez facilement : « Bear Rider » et son jeu de guitare presque possédé, « Sidi Abderrahman » et une basse rappelant OM sur ses tonalités les plus orientales ou Sheik Anorak par moment, une lointaine relation avec Aluk Todolo au détour d’un riff, …
Au-delà de cet aspect, le trio s’efforce à créer des variations qui se meuvent un peu à la manière de celles transpirées, à mon sens, par The Mars Volta : « Melvana » (et son entrée en matière aux airs de Refused sur vingt secondes) ou « Reflects » illustreront cette sensation instrumentale, tandis qu’un léger côté abrasif ira entourer l’ensemble. Noyades ne plonge jamais véritablement la tête de l’auditeur dans l’eau, laissant suffisamment d’air pour apprécier Go Fast, à la manière d’un Aluk Todolo et son Occult Rock.
L’évolution entre l’EP éponyme précédent et ce Go Fast est clairement palpable : son moins garage, envolées plus ensorceleuses et on devine clairement que l’enjeu n’est plus le même. Là ou la version 2015 était la facette brute de Noyades, Go Fast est l’évolution moins viscérale ; Les tripes laissent place à l’esprit, la psyché s’envole dès la première « Réplique », avec une guitare à cent à l’heure sur une boucle de notes crescendo. Mais sans crier gare, Noyades prend le parti d’aller très vite vers quelque chose de plus posé sur « Machhapuchhare » - La logique est là, celle de déstabiliser de manière continue mais avec un mouvement ultra sensuel (bel exemple sur « No Other Grave Than the Sea ») mais sans jamais créer de rupture brutale.
« Go Fast, ça va (parfois) vite et c’est cool » : Voici la synthèse parfaite de plus de quarante courtes minutes. Entre influences orientales diffuses proches de OM, délires à la Aluk Todolo et un morceau-fleuve pour clôturer le tout, le trio a mis les petits plats dans les grands.
A écouter : Sidi Abderrahman, à minima !