On a beau être sensible à la sincérité véhiculée par la plupart des groupes de hardcore, il est toujours agréable de tomber sur une formation qui souhaite amener quelque chose en plus. Histoire de proposer des nouvelles pistes à un genre dont les récriminations les plus courantes ont justement trait au manque d'originalité.
November Coming Fire, qui vient de sortir son premier album sur le label Reflections, n'est pas à proprement parler un groupe original, mais a le mérite de proposer plusieurs facettes.
Bien ancré dans un style pour lequel on n'aura aucun mal à faire le lien avec Modern Life is War, Omission ou Give Up The Ghost, le groupe décline, dans un premier temps, son rockin hardcore dans des mid tempos furieux et des morceaux beaucoup plus rapides et rustiques ("Devil on the Shore", "That Black House Made of Rubber", "Providence"), efficaces et bien exécutés. Persiste cependant un côté par trop traditionnel que les sonorités dissonantes utilisées ne parviennent pas complètement à dissimuler.
Pourtant, au fur et à mesure que défile Dungeness, le hardcore de November Coming Fire se fait plus ambitieux, à la manière de Breach ou de Refused ("HMS Blackwater"), dérivant même aux confins du post punk notamment sur "Arogonaut", "The Jackal" et "Powerstation" où l'on sent quelque peu l'influence de The Cure ou Joy Division. L'expérimentation se poursuit dans un registre plus austère, plus froid, plus mécanique, avec l'adjonction de quelques samples sur le très bon "Instrumental n° 2", instru basse/batterie que ne renierait pas Neurosis. Mais c'est assurément "Mascot", où Gareth Evans troque son timbre screamo contre une voix plus doucereuse pour une ballade empreinte de mélancolie aux faux airs de Nick Cave, qui constitue la manifestation la plus probante du potentiel de November Coming Fire.
Au final, l'écoute de Dungeness laisse une impression quelque peu mitigée. Le très bon y côtoie le passable, November Coming Fire ayant peut-être un peu trop tendance à prêter le flanc à la facilité. N'empêche, le talent semble bien présent et si les anglais exploitent au mieux leur ouverture d'esprit, on devrait rapidement reparler d'eux.
A écouter : Mascot, Instrumental n°2, Powerstation