Vous faire patienter est ici inutile, le premier album de Norma Jean est tout simplement un condensé personnel et inspiré des meilleures tendances hardcore modernes de ces dernières années. Norma Jean parvient à mêler technicité et spontanéité au sein d'une atmosphère malsaine et obscure avec une efficacité redoutable. On retrouve donc à la fois l'empreinte math-core d'un jeu de guitare complexe à la Dillinger Escape Plan, et un aspect rentre dedans très prononcé porté par des riffs à la limite de la rupture dans un style proche des regrettés Botch.
Les américains produisent une musique agressive, chaotique et très dynamique aidée par la fréquence élevée des parties mosh-core à la rythmique brisée et saccadée ("The entire world is counting on me, and they don't even know"). Durant les passages les plus rapides et souvent épileptiques, on a vraiment l'impression que le groupe joue dans l'urgence, la mort au trousse, comme s'il fallait très vite en découdre pour échaper au pire.
Personnel, le brûlot de Norma Jean va cependant piocher dans un metal sanguinolent à la Coalesce puis dans un hardcore noisy et sombre rappelant les premières briques de Neurosis sans y perdre son âme. Dans cet esprit on retiendra le 15 minutes centrales, époustouflantes et torturées de "Pretty soon, I don't know what, but something is going to happen".
Alambiquées et plutôt déroutantes les structures ne tombent jamais dans le piège de la surenchère technique. Norma Jean sait rompre la chose au bon moment et de manière judicieuse par un break relançant la machine ou une accalmie bienvenue. Le chant se veut d'une énergie débordante et possède de temps à autres ce côté félin que Jacob Bannon (Converge) aime employer dans la manière d'entamer les vocaux.
La noirceur est ici le trait de caractère le plus marqué. Avec leurs sonorités dérangeantes ("Creating something out of nothing only to destroy it") et leurs riffs glauques, les 9 titres de Bless The martyr and kiss the child feraient sans doute "copain copain" avec ceux des groupes crust à la His Hero is Gone. La pochette dans les tons foncés illustrant une jeune enfant aux atours angéliques mais au regard tendancieux et possédé confirme et soutient l'identité du groupe. Norma Jean propose un album passionnant et émotionnel qui fourmille d'idées plus intéressantes les unes que les autres. A n'en pas douter Bless the martyr and kiss the child est un disque indispensable pour l'amateur de hardcore violent, barré et ravagé.
Télécharger : Memphis Will Be Laid To Waste.
Mouais, comparé à un dillinger ou à un converge cet album manque clairement de versatilité et de profondeur.