Norma Jean

Metal

États-Unis

Throwing Myself

2001

Chronique

par Euka

Après 5ep, première démo sortie dans l'ombre, Luti-Kriss tente de frapper un grand coup avec un premier album Throwing Myself, surtout connu pour son morceau phare Black Smith. La première chose est de remettre l'album dans son contexte. Le néo-métal / fusion est en pleine explosion à l'époque : Chimaira commencent à bien faire parler d'eux, Adema livre son premier album avec talent, Linkin Park devient un phénomène avec Hybrid Theory, ... A sa sortie, Throwing Myself passe inaperçu dans nos contrées, fait un peu parler de lui aux USA, alors que Luti-Kriss se tourne pourtant vers une partie plus sombre, emportée que les autres, à l'image de Zao.

Car la comparaison s'arrête là avec l'époque. Sans être révolutionnaires, les musiciens s'orientent vers un chant et une musique qui délaisse les côtés hip hop apportés par 5ep, surlignent au stylo noir certaines de leurs influences (toujours Deftones en tête de liste) et se laissent glisser sur 50 minutes. Les riffs de Light Blue Collar tirés des premiers Korn, avec cette même base rythmique reconnaissable, ceux de Last breath/First rappelant Deftones à maintes reprises, ... Bien des éléments qui font que cet album peut sonner comme une énième copie, mais le principal avant de Luti-Kriss est bien d'arriver à égaler leurs aînés, à ne pas traîner des pieds pour ramasser les miettes. Luti-Kriss se démarque de plus par le chant vraiment dévastateur, par exemple sur Patiently Philadelphia ou Catharsis, moments les plus denses de Throwing Myself malgré une production parfois un peu faible, mais arrivant à restituer ce sentiment d'étouffement.

La fragilité de 5ep semble avoir disparue, au profit d'une assurance effrontée, d'une capacité à poser des riffs et les laisser écorcher l'oreille maitrisée. Rien ne se détache trop pour devenir dérangeant, mais rien ne reste en arrière pour se laisser oublier : même les quelques chœurs (sur The "Anni Hilat" Ion par exemple) résonnent sans prendre à contre pied l'auditeur.

Les prémices de titres présents sur Bless the Martyr And Kiss The Child apparaissent notamment grâce à certains riffs déjà caractéristiques d'une folie alors contenue, et à un chant hurlé et plus agressif que sur les quelques compos précédentes. La très douce A Chase In The Crowd, presque le souffle de légèreté sur Throwing Myself, voit déjà Josh Scoggin se tourner vers une musique plus accessible, plus posée et emplie d'une délicate souffrance, chose qu'il concrétisera sur son projet A Rose, By Any Other Name, même si les relents sulfureux d'un chant hurlé viennent parfois en renfort.

Déjà plus proche du vaste océan de noirceur Bless The Martyr And Kiss The Child, Throwing Myself garde néanmoins ses racines ancrées dans la fusion amenée par 5ep. Luti-Kriss meurt sur cet album, accède à la renaissance en tant que Norma Jean, mais ce simple changement de nom (et de bassiste) permet au groupe de faire un grand pas dans sa musique, s'orientant vers un hardcore plus métallisé, plus noir, au sourire pourri. Throwing Myself est à écouter, comme 5ep, pour comprendre le chemin emprunté, et au moins pour l'histoire...

16

Les critiques des lecteurs

Moyenne 14
Avis 1
Zapan February 12, 2010 13:29
Dans la lignée de "Kiss the martyr and bless the child". Trés sombre, saturé et violent au possible. La prod est un peu crade (pour du Norma Jean je parle ^^) mais est trés puissante et colle vraiment au propos.

Je déplore juste que les structures soient un peu "carrées", chose qui sera bien vite reglé sur le suivant.
14 / 20