logo Norma Jean

Biographie

Norma Jean

Norma Jean s'est formé en 1997 sous le nom de Luti-Kriss, officiant alors dans une fusion sombre et malsaine, mais suite à diverses confusions avec le rappeur Ludacris, le groupe décide de changer son nom en Norma Jean (en référence à Marylin Monroe, aussi connue sous ce nom. Norma Jean signifie aussi "Patterns of grace and mercy", soit "Les Modèles de Grâce et Pitié".) après la sortie d'un Ep 5Ep en 2000 et d'un premier album Throwing Myself en 2001.

C'est sur Solid State que le premier album de Norma Jean, Kiss the martyr and bless the child, voit le jour en août 2002. Il faudra malheureusement attendre plus d'un an pour le voir débarquer en Europe. Comme Underoath, également signé sur Solid State, Norma Jean aime imprégner ses textes de références bibliques et chrétiennes. Pourtant, Norma Jean est de ces groupes hardcore d'une violence et d'une noirceur extrême à l'image de Converge ou His Hero is gone. Le contraste est saisissant.
En 2002, Josh Scogin (chant), quitte le groupe et fonde, en 2004, The Chariot, évoluant dans la même veine. Il est remplacé par Brad Norris de 2002 à 2004. Ce dernier assure toute la tournée pour Bless The Martyr And Kiss The Child. Cory Brandan le arrive et assure les parties vocales à partir de 2004, enregistrant dans la foulée O'God The Aftermath, plus violent que son prédécesseur. En 2006, le groupe revient avec un album plus accessible, Redeemer. Malheureusement, Daniel Davidson quitte Norma Jean, remplacé par Chris Raines. 2008 voit le retour de Norma Jean avec The Anti Mother. Quelques morceaux filtrent en début d'année, montrant une orientation musicale plus mélodique, tandis que des invités comme Chino Moreno (Deftones) ou Page Hamilton (Helmet) collaborent à l'écriture de The Anti Mother.

Après une série de concerts, le combo s'attèle à l'écriture de nouveaux titres qu'il laissent filtrer sur internet via des vidéos Lives (Kill More Presidents) jusqu'à la sortie de Meridional. L'album se voit rapidement salué par la critique : 4/5 chez Revolver, 90% chez AbsolutePunk, ... Presque 10000 copies de l'album sont vendues la première semaine aux USA et le groupe rajoute quelques titres bonus disponibles sur certaines plate-formes de téléchargement légales. On retrouve de plus un membre de Frodus en guest sur un titre. Dans le courant de l'année 2010, une box regroupant les 3 premiers opus de Norma Jean voit le jour sous le nom de Birds and Microscopes and Bottles of Elixirs and Raw Steak and a Bunch of Songs. Début 2013, un nouvel opus, Wrongdoers, est annoncé pour la période estivale, après quelques changements de line-up sur les années précédentes : Jeff Hickey arrive à la guitare, John Finnegan à la basse et Clayton Holyoak au poste de batteur. Le combo enchaîne les dates avec The Dillinger Escape Plan, Animals As Leaders, Periphery, Cattle Decapitation, The Ocean, RevocationAeon, ... avant de teaser un nouvel opus via le single "1,000,000 Watts" et une signature chez Solid State RecordsPolar Similar est disponible début septembre 2016.
Après quelques changements de line-up (Phillip Farris remplace Chris Day, Clayton Holyoak quitte Norma Jean pour rejoindre Every Time I Die et John Finnegan prend le large), le combo reprend la route et subit début 2019 un nouveau départ, celui de Jeff Hickey. Pas découragé, les Américains annoncent un album, All Hail et livrent "Children Of The Dead", une B-Side de Polar Similar en clip. All Hail déboule le 24 octobre avec au line up Cory Brandan, Phillip Farris, Christian Prince et Grayson Stewart.

16 / 20
4 commentaires (16.5/20).
logo amazon

Deathrattle Sing For Me ( 2022 )

Norma Jean fait partie de ces groupes sur lesquels je reviens régulièrement, et pour lesquels j'apprécie la direction artistique prise régulièrement, au gré des mouvements de line up (ici, un changement de bassiste), du travail sur les lignes vocales de Cory Brandan et des 25 ans d'existence.
Avec Deathrattle Sing For Me, on quitte le cycle des corps humains et animaux arborés depuis quelques années sur leurs artworks pour quelque chose de plus éthéré, avec une créature similaire à celle du Mass III d'Amen ra qui englobe le reste de l'image. 

Le combo met encore le feu avec des parties assez Heavy et un Cory Brandan en grande forme ("Call for the Blood" / "A Killing Word"), on taperait parfois presque dans un Metal bien bas du front s'il n'était altéré par des passages plus nuancés (certains changement de rythmes), avec quelques souvenirs des riffs un brin chaotiques des précédents albums (on reste toutefois loin de la pluie de larsens de O'God The Aftermath et du coup étouffant de Polar Similar).
Au travers de titres comme "Heartache", Norma Jean déploie toute sa superbe : gros travail dans les riffs, les alternances de sonorités et quelques surprises (le passage central). On retrouve du plus classique sur "Aria Obscura" et son cassage de nuques régulier, du larsencore avec "1994" et un côté Post Hardcore dans "Any%", tandis que quelques discrets ajouts de claviers parachèvent le tout. 
On fera le parallèle avec Deftones sur certains passages plus aériens (le début de "Penny Margs" ou "Memorial Hoard"), mais les deux groupes ont sur le papier plus de similitudes que dans la réalité et NJ prend même un côté Radiohead dans "el-roi" (qui  est l'un des noms de Dieu dans la Bible hébraïque, morceau avec une même phrase en boucle : If I Stare Into the Abyss). On y retrouve certes des passages un peu plus aériens (" /with_errors"), quelques passages chantés orienté New Wave of Neo Metal, mais dès que l'on sort de cet aspect, Norma Jean tape plus dans un Metal moins lascif, avec un jeu de batterie totalement différent de celui d'Abe Cunningham. Et on s'enquille les 53 minutes de Metalcore sans sourciller, alternant entre l'épique ("A Killing Word") et le côté plus posé. Dans l'idée, un album qui se permet d'exister dans un genre qui paraît déjà Old School, avec suffisamment d'intérêt pour ne pas se retrouver en queue de peloton.

L'un des gros points fort de Deathrattle Sing for Me repose sur la voix de Cory Brandan, membre le plus ancien dans le line-up actuel, notamment car on est loin des hurlements non stop et incertains des premières sorties, et certaines nappes sonores montrent une évolution ("Memorial Hoard") au-delà des hurlements plus assurés ("Spearmint Revolt", presque apocalyptique sur sa fin). Le frontman a fêté récemment ses 1 an de sobriété, ce qui peut expliquer une modulation plus importante dans ses lignes de chant ("Heartache") et certains textes ("Spearmint Revolt" ou "Sleep Explosion") et potentiellement l’artwork.
Sur le reste des thèmes évoqués, on reste sur la logique qui alterne entre références personnelles sur le besoin de trouver un sens ou la recherche de soi ("Heartache" / "Penny Margs").

Encore un album plutôt chouette pour Norma JeanDeathrattle Sing for Me. Même si je reste plus circonspect sur certains titres - mais je ne renie pas leur qualité, juste leur intégration dans l'album -, ce neuvième album reste dans le haut de leur déjà plutôt bonne discographie.
On en retiendra l'idée que Norma Jean, malgré les variations, les déclarations à la ramasse, les années, les modes, continue son chemin avec plus d'efficacité que d'autres. Et pour le coup, je me remets "A Killing Word".

15.5 / 20
6 commentaires (17.25/20).
logo amazon

All Hail ( 2019 )

Je crois que mon amour pour Norma Jean n’est plus à démontrer. L’un des seuls groupes qui m’attire encore dans cette sphère Metal(core) depuis un bail, et dont je suis les sorties avec une certaine assiduité. Avec All Hail, le groupe dépasse donc les 20 ans d’existence et son 8ème album si l’on exclut la période Luti-Kriss. Entre temps, l’intégralité du line-up originel a officiellement pris le large et Cory Brandan devient donc le musicien le plus ancien de la formation.

Quid donc ce All Hail, surtout vu l’orientation peu à peu prise par Norma Jean ? Le parallèle avec le reste de la discographie peut être fait : des mains de l’artwork qui pourraient compléter celles de Wrongdoers ou symboliser celles de Redeemer, du fond noir qui contrebalance avec le côté crème de Polar Similar, c’est presque une nouveauté dans l’iconographie du combo.
Malgré cet aspect, All Hail débute comme on l’attendait : un démarrage massif, avec une dualité de chant qui sera vite effacée pour revenir sur une musique plus syncopée dès « [Mind Over Mind] » et ses breaks rythmiques ou « Safety Last ».
Pour autant, All Hail amène une certaine subtilité à la musique de Norma Jean : un dernier titre acoustique (« The Mirror and the Second Veil »), deux interludes aux ambiances un peu rétro qui amènent des morceaux comme « Landslide Defeater » (et son côté Every Time I Die). D’un côté, le combo n’atteindra plus l’effet d’un Bless The Martyr And Kiss The Child ou Redeemer, mais garde un niveau de composition assez élevé qui les détache à mon sens d’un Oh Sleeper par exemple, ou du dernier Underoath, même en prenant de faibles risques (« If [Loss] Then [Leader] »).

Niveau lyrics, pas de sujet : cela reste du Norma Jean avec pas mal de références, des thèmes assez sombres et pour autant qui ne restent pas auto-centrés. On fera toujours le lien avec l’influence chrétienne, même si celle-ci s’atténue. Beaucoup de choses restent imagées (« /with_errors ») mais cela donne la sensation d’être plus proche de Polar Similar que Wrongdoers.

Quel que soit le nombre d’écoutes, All Hail marque encore une évolution pour Norma Jean. Il est très facile de reconnaître certains aspects de la musique du combo, et le travail sur le chant s’affine encore. Peut être à nouveau moins « Metal » que l’opus précédent, avec une grosse part sur des passages posés (avec une certaine relativité) sur « Careen » ou « Anna », Norma Jean montre une fois encore une capacité de renouvellement intéressant.

16 / 20
4 commentaires (15.38/20).

Polar Similar ( 2016 )

Certains groupes arrivent à se renouveler continuellement, même si la recette n’est jamais dénaturée. Ici, encore plus que précédemment, Norma Jean s’engouffre dans cette brèche qu’ils maintiennent ouverte depuis plus de dix ans : Si l’on omet les deux premiers opus, fondamentalement différents de la tournure prise depuis Redeemer, le quintet affine jusqu’aux derniers détails de ses titres, en y mêlant parfois guests, passages plus atmosphériques, restant loin du Metalcore martelé et redondant.
Bien au-delà du premier contact un brin énervé dévoilé par les premières écoutes, Norma Jean se lance dans un opus parsemé d’interludes : au nombre de quatre, elles rythment l’ensemble tout en gardant à première vue un thème lointain proche sur celles-ci mais également sur le reste des compos. Au vu de l’ensemble, cette partie de l’opus est véritablement recherchée, tout comme l’orientation volontairement sombre des paroles et des ambiances (« IV. The Nexus » sur sa première moitié, avec un son massif et lourd), puisque l’un des sujets principaux mis en avant ici reste l’abus. Norma Jean retrouve ici, sur certains aspects, le côté noir du premier opus, mais dans un style musical moins épileptique (« A Thousand Years a Minute »), transformant le côté cru et crade de Bless the Martyr en quelque chose de plus étouffant.
Livrant une prestation vocale plus variée que jamais, offrant des variations similaires à celles de Chino Moreno (Deftones) sur certaines intonations, Cory Brandan s’améliore continuellement et prouve qu’un septième album peut révéler encore de nouvelles évolutions, tout en gardant des aspects proches des débuts (« Death is a Living Partner ») et en se faisant accompagner si besoin (Sean Ingram de Coalesce sur « Forever Hurtling Towards Andromeda »).

Sous ses apparences peu ragoûtantes, l’artwork n’arrivant pas à atteindre la qualité de Redeemer ou le malsain de Bless the Martyr, cet opus reflète pourtant la personnalité protéiforme du combo : des titres pouvant être issus de Meridional ou The Anti Mother (« Forever Hurtling Towards Andromeda ») mais aussi en évolution perpétuelle. « 1,000,000 Watts » s’offrait en parfait amuse-bouche sur cette volonté de faire mouvoir ces différentes facettes qui tiennent difficilement en place sur « Reaction » (que certains rapprocheront des aspects plus progressifs de Tool ou A Perfect Circle par moment, complété par l’évocation de Deftones). Sans pour autant être ultra-complexe techniquement, il y a pourtant une recherche artistique qui fait mouche : plans classiques mais lourds (« The Close and Discontent »), superposition de cordes (« Reaction ») ou plans Desert Rock (« III. The Nebula », qui va plus loin que l’intro de « Sun Dies, Blood Moon » et évoquera une lointaine parité avec Earth), le tout sans jamais entendre le même riff ou rebond de peaux.

Polar Similar respire la fraîcheur de The Anti Mother et confirme qu’une nouvelle fois le groupe est capable de sortir un très bon opus, armé de quelques cassages de nuques et airs plus mélodiques. Avant de m’accuser de fanitude, jetez donc une oreille dessus : si vous avez aimé les précédents opus, Polar Similar remplira son contrat.

A écouter : Reaction
16 / 20
5 commentaires (16.5/20).
logo amazon

Wrongdoers ( 2013 )

Norma Jean délivrerait-il un album centré sur ceux dont les actions sont mauvaises, moralement ou éthiquement ? C'est ici ce que laisse penser le groupe avec Wrongdoers, 6ème opus d'un groupe dont le line-up s'est mu en une nouvelle entité avec l'arrivée de l'ancien batteur de Fear Before.
Têtes de file d'un Metalcore mêlant Heavy et Mélo, le combo refait une passe sur 11 titres dont la variété passe par la durée des titres et leurs ambiances : de l'entrée via "Hive Minds" jusqu'aux dernières notes de "Sun Dies, Blood Moon", c'est un balayage à la manière de Meridional sur la discographie du groupe. Autant dire que ceux qui auront eu des difficultés à accrocher au précédent auront tout autant de ressentis négatifs sur ce nouvel album, même si certains apprécieront le morceau flirtant avec les 60 secondes d'agression sonore (contrairement aux 2 interludes de Meridional, on replonge en effet plutôt dans "The Shotgun Message").
On notera le retour du morceau fleuve, avec un joli 14 minutes pour "Sun Dies, Blood Moon" et son alternance d'ambiances, passant d'instants trapus à d'autres portés par un duo violoncelle/violon du plus bel effet. Etonnamment, le côté presque apaisé du titre apporte une certaine saveur jusqu'au retour de riffs massifs sur la fin de la première moitié. Et puis, enfin, sur les 6 dernières minutes, la surprise : le son gras, rugueux, le petit plus qui clôture parfaitement Wrongdoers.

Globalement, ce disque suite l'évolution engagée par Norma Jean depuis un bail. Peu surprenant quand on connaît le passif du combo, il n'en demeure pas un bon album à caser au même niveau que ses prédécesseurs, malgré les différents changements de line-up. C'est d'ailleurs à la fois le point fort et le point faible de Wrongdoers : aller là ou on l'attend, avec énormément d'aspects positifs, mais sans surprise flagrante (a part quelques ajouts de bruits sur certains titres). Norma Jean fait donc du Norma Jean, mais du bon.

Norma Jean continue donc de creuser son chemin, avec un nouvel opus qualitativement égal à ses prédécesseurs, accentuant certains aspects plus brutaux et d'autres plus mélodiques. Qu'y manque-t'il ? Peut être "Ahh! Shark Bite Ahh!" en bonus, histoire de compléter le tout.

A écouter : Hive Minds - Triffids
15 / 20
11 commentaires (16.82/20).
logo amazon

Meridional ( 2010 )

Peu engageant au premier abord avec sa pochette qui ferait même fuir un amateur de Iron Maiden, Meridional se veut pourtant plus intéressant que les derniers opus des Anglais précédemment nommés (question de gouts...). Norma Jean évolue, dans le bon sens du terme, et retrouve un peu du poil de la bête même si The Anti Mother n'avait pas grand chose à prouver. On se souvient encore du terrible Pretty Soon, I Don't Know What, but Something is Going to Happen, où durant presque 16 minutes le quintet achevait l'auditeur à coup de couteau rouillé. Il n'est plus question de ce sentiment sur Meridional : l'obscurité se fait plus vicieuse, même si il n'en demeure une brève sensation d'apaisement. En fait, depuis maintenant quelques albums, le combo ne possède plus cette noirceur omniprésente, diluant plutôt celle-ci sur chaque titre...

 La musique de Norma Jean a tellement évolué depuis ses débuts que l'on ne sait ou se placer : on retrouve certains points communs à Redeemer, The Anti Mother et O'God The Aftermath, mais cela ne s'arrête plus à ça. Le Post-Hardcore de Bless The Martyr & Kiss The Child ou le Metalcore de O'God The Aftermath ne sont plus que de vagues silhouettes au loin. Avec un fond Metal et une légère brise de Hardcore, les Américains donnent du mouvement à l'ensemble, sans aller jusqu'au côté plus Metal'N'Roll de Every Time I Die ni le penchant halluciné de The Chariot. Norma Jean prend un autre chemin, un peu à la manière de Converge depuis Jane Doe : on reconnaitra facilement le son du combo, mais on ressent une légère évolution qui empêche de tourner en boucle et de lasser. Les riffs ont même parfois tendance à durcir le ton (Everlasting Tapeworm), un brin belliqueux avec un sourire à la O'God ou quelques sonorités typées Southern Rock. Heureusement, cette nouvelle galette a le bon gout de ne pas s'éparpiller et même si les rythmes sont variés, on reconnait sans grosse difficulté la patte Norma Jean qui croît depuis quelques années. Après quelques tours dans la platine, quelques titres se démarquent rapidement du lot : Deathbed Atheist, le single de l'album, A Media Friendly Turn For The Worse ou Innocent Bystanders United qui montent en puissance et en folie à chaque seconde... D'autres sont moins convaincants : The Anthem Of The Angry Brides qui manque d'un peu de finesse ou High Noise Low Output qui nous rappelle que Cory Brandan n'est pas un chanteur-né. On pourra aborder aussi le problème des interludes, qui mettent à mal certaines transitions (Septentrional, cassant le rythme lancé ou Occidental, qui aurait pu constituer un très bon début de morceau s'il n'était avorté). La tournure prise par les Américains a peu de chances de décevoir, même si on regrettera ces quelques passages cités plus haut.

 Niveau invités, on est bien loin de Chino Moreno, Page Hamilton, Holly Rae [...] puisqu'il n'est question "que" de Shelby Cinca (Frodus) et Jeremy Griffith. Pourtant, cette liste réduite n'empêche pas Norma Jean de ne pas se voir réduit au chant monocorde de Cory Brandan, comme cela s'était produit sur O'God, The Aftermath. Le frontman a su faire évoluer ses capacités vocales pour le bien du groupe, même s'il reste dans des registres très proches qui ne surprendront pas les habitués et que certaines envolées semblent fébriles.

 Certains ont qualifié Meridional de The Anti Mother en plus couillu. Sans aller jusque là, ce nouvel opus s'inscrit dans la ligne directrice prise par le combo depuis Redeemer : un son plus mélodique, avec un chant clair de plus en plus présent, éloignant Norma Jean des quelques restes de Metalcore qui parsemaient encore leurs morceaux et donc de la scène en elle-même (les mauvaises langues parleront de soupe commerciale infâme pour ados en manque de sensation fortes). Pas de doutes, ce disque est à la hauteur de ce que pouvaient attendre les fans, sans être parfait. Les autres, vous savez ce qu'il vous reste à faire...

A écouter : sans passer par la case
16.5 / 20
11 commentaires (15.68/20).
logo album du moment logo amazon

The Anti Mother ( 2008 )

 2 ans auront suffit à Norma Jean pour composer et enregistrer le successeur de Redeemer. The Anti-Mother, concept basé sur un personnage à l'apparence plaisante mais au final trompeuse, est aussi l'album qui est décrit par le groupe comme le plus mélodique, heavy et furieux, alors que Bless The Martyr And Kiss The Child était la noirceur incarnée, O'God The Aftermath la fureur libérée et Redeemer la hargne contrôlée. Reste à savoir si Norma Jean arrivera à se renouveler pour ne pas se mordre la queue comme beaucoup de groupes.

Malgré un artwork représentant un cœur envahi par les frelons (symbole de mort), The Anti Mother n'est pas un album sombre à proprement parler. La noirceur n'est pas présente directement, elle se ressent plus au fil des écoutes, comme si l'auditeur était petit à petit envahi, lentement. Que ce soit lors de morceaux comme And There Will Be a Swarm of Hornets, Self Employed Chemist ou le très typé postcore Death of the Anti Mother, Norma Jean semble avoir retrouvé cette alchimie qui lui faisait quelques fois défaut lors des deux albums précédents. Quant aux mélodies, il suffit d'écouter Murphy Was An Optimist pour avoir un aperçu : un chant plus poussé, des riffs moins agressifs mais plus construits. Sur certains morceaux, Cory Brandan, chanteur, n'hésite pas à gratter les cordes, en renfort des 2 guitares déjà présentes. Sa voix se veut plus mélodieuse, moins virulente, et surtout plus posée, malgré une tendance à vibrer lors de certaines poussées vocales (Robots 3 Humans 0). L'urgence présente dans O'God The Aftermath et Redeemer semble avoir disparu, au profit d'une volonté de séduire l'auditeur au lieu de l'assommer sous un déluge de coups. Et les autres instruments suivent le chemin tracé par le frontman : la batterie ralentit le tempo, les cordes frémissent au lieu de hurler. Un excellent exemple reste Murphy Was An Optimist, avec cette succession de lyrics hurlés, chantés, sur un fond musical alternant passages plus posés et accélérations sonores, sans pour autant obtenir une structure répétée pour chaque autre morceau. Norma Jean est revenu au meilleur de sa forme, avec des morceaux variés, construits et marquants, évitant de tomber dans la facilité ou la redite.

Pourtant, l'héritage musical du groupe se ressent : Birth Of The Anti Mother pourrait être rattaché à O'God The Aftermath, tandis que Self-Employed Chemist pourrait l'être à Redeemer. On retrouve certains passages plus proches de Bless The Martyr And Kiss The Child, avec des compositions tendant plus franchement vers le postcore : Death Of The Anti Mother, très lourd, comme une lente agonie. Ou la fin de And There Will Be a Swarm of Hornets, où les frelons se jettent sur le groupe, lorsque le rythme semble plus saccadé, les guitares retrouvant cette noirceur du premier album, pour finalement se terminer sur un passage aérien, laissant le cadavre du personnage de Anti Mother reposer. Un chœur féminin apparait sur ce dernier morceau, et l'affinité avec The Chariot (mené par un ex-Norma Jean) se ressent, surtout au vu du dernier album de ces derniers, The Fiancée.

A noter les 2 morceaux auxquels ont collaboré (lors de l'écriture et de l'enregistrement) Chino Moreno de Deftones, Cove Veber (Saosin) (Surrender Your Sons) et Page Hamilton de Helmet (Opposite Of Left And Wrong). La première piste allie la fragilité, le romantisme du leader de Deftones à la fougue de Norma Jean et au timbre rauque du frontman de Saosin pour créer une composition plus posée, au tempo lent, et la touche Deftones se ressent à chaque instant. Pourtant Norma Jean ne s'efface pas et s'unit plutôt dans une relation intense où les deux groupes fusionnent en un être presque parfait, incorporant au passage la personnalité de Cove Veber. La seconde, Opposite Of Left And Wrong, plus rentre-dedans, semble plus agressive, notamment grâce à la voix de Page Hamilton. Sans doute le morceau se rapprochant le plus de Redeemer, il n'en reste pas moins un des plus intéressants de l'album, notamment grâce à une montée en puissance finale éprouvante.

The Anti Mother est un album hybride, possédant les accalmies de Bless The Martyr And Kiss The Child, la hargne d'un O'God The Aftermath et développant les ambiances et mélodies de Redeemer. Norma Jean réussit son virage musical, s'orientant vers un metalcore beaucoup plus mélodique, évitant de s'embourber dans un genre où les miasmes de l'agonie commencent à apparaitre. Très peu de défauts apparaissent sur The Anti Mother, ce qui permet au final à l'album de rejoindre l'excellent premier opus au niveau qualité, mais dans un registre différent. A écouter sans relâche, jusqu’à épuisement…

A écouter : Surrender Your Sons - And There Will Be a Swarm of Hornets - Vipers, Snakes, and Actors
14.5 / 20
10 commentaires (16.5/20).
logo amazon

Redeemer ( 2006 )

Après un décevant O’God, The Aftermath et un changement de chanteur (le précédent étant parti former The Chariot), on pouvait légitimement se demander si Norma Jean allait redresser la barre et produire un opus du niveau de Bless The Martyr And Kiss The Child d’autant plus que la scène métalcore commence à tourner en rond.

D’entrée de jeu, Norma Jean impose une image forte et sombre à travers une pochette rappelant "Les Oiseaux" d’Hitchcock, film noir où la nature prend d’assaut l’humanité, annonçant un retour aux sources ainsi que la teneur du disque : agressive et obscure. Cette nouvelle production s’ouvre également vers de nouvelles possibilités musicales via le chant remodelé de Cory Brandan. Fini les cris sans relâche et le chant uniforme, la place est ainsi faite à un chant plus varié misant sur les parties claires (Songs Sound Much Sadder). De plus, les compositions se veulent plus mélodiques, plus aérées, là ou O’God, The Aftermath donnait l’impression d’un contre la montre.
Sans parler de concept album, ce disque monolithique nous conte une histoire… ou plutôt un avenir incertain, inéxorable et mortel au sein duquel une fin du monde est annoncée. Un anéantissement douloureux où la Nature reprend ses droits et où nous autres, spectateurs et voyeurs sans réaction, assistons à cette inéluctable débâcle mené par la voix de Cory Brandan. Une voix émotive et puissante soutenue par des guitares tantôt destructrices ("The Longest Lasting Statement"), tantôt apaisantes ("A Small Park Vs A Great Forest"). Cory Brandan pousse même l'auditeur à réagir, à se réveiller et à sortir de son rôle passif ("Would You Sleep Forever ?" dans "Amnesty Please") afin de l’inclure intégralement dans l’univers chaotique de Norma Jean.
Norma Jean introduit des structures des chansons plus variées qu’auparavant, contribuant ainsi aux impressions de déstructurations et de changement opérés tout au long de ce disque. Comme le calme avant la tempête, les introductions de certaines chansons ne sont que les signes précurseurs d’une catastrophe imminente. Ainsi des passages d’une douceur déconcertante mènent à des puits de douleurs et d’agressivité ("A Small Park Vs A Great Forest").
Contrairement aux précédents opus qui contenaient en leur milieu un morceau apaisant afin de permettre à l’auditeur de décompresser, Norma Jean creuse ici jusqu’au bout et n’offre de repos qu’en fin de course, sorte de conclusion d’une musique vide d’espoir mais offrant un retour dans notre bas monde. On a ainsi le sentiment de sortir lentement du cauchemar ("Wake Up" répété en boucle au début et à la fin de la chanson) pour se retrouver dans la réalité. Une réalité changée ou le sentiment de malaise est désormais omniprésent, comme une marqué indélébile. Ce disque fait office d’une véritable pause temporelle durant laquelle nous serions les voyeurs d’une fin programmée et inévitable. Un scénario que Norma Jean nous invite à modifier ?

Ce disque prouve que Norma Jean a su reprendre le dessus et que les américains possèdent bel et bien la volonté de construire à nouveau une atmosphère décadente et obscure. Sans les quelques temps morts identifiables ("A Temperamental Widower" ou "Cemetery Like Stage") , Bless The Martyr And Kiss The Child aurait pu choir de son piédestal.

A écouter : No Passenger, No Parasite, Amnesty Please, The End Of All Things Will Be Televised
14 / 20
2 commentaires (16.75/20).
logo amazon

O God, The Aftermath ( 2005 )

Fort de leur précédent opus et malgré un autre changement de chanteur, Norma Jean nous livre ici un disque trop peu inspiré pour réitérer le succès de Bless The Martyr And Kiss The Child. Dans sa volonté de montrer sa survie, le quintet sort un O’God The Aftermath où les titres à rallonge ont laissé place à divers jeux de mots et le packaging, malgré une très bonne qualité et un concept divin, ne rattrape pas le contenu. 
Des notes agressives emplissent l’espace dès les premières secondes. La voix parait brouillée, lointaine, cachée derrière les instruments, comme si le groupe connaissait déjà son point faible et tentait, sans succès, de le masquer. Alors que le premier opus du groupe créait une ambiance malsaine, O’God The Aftermath est joué dans l’urgence, véritable condensé de violence musical.
Les chansons s’enchaînent sans que l’on puisse sentir une véritable variation entre chaque. Le disque est plutôt décomposé en 2 parties quasi identiques séparées par l’accalmie Disconnecktie. La batterie frappe sans relâche et mécaniquement, accompagnée par des guitares répétitives et étouffantes. Le changement entre les deux disques est de taille puisque là ou Bless The Martyr And Kiss The Child était totalement déconstruit et malsain, O’God The Afermath est quand à lui monotone et prévisible. Une sensation énorme de fouillis se dégage sur chaque composition, plombant malheureusement le disque… 
Le chant est surtout le point faible de ce disque. En effet, Cory Brandan nous livre ici un chant hurlé monocorde très vite lassant. Les mots se succèdent sans distinction claire tels une sorte de grésillement continu. La seule variation présente reste sur une partie de Disconnecktie, mais si peu présente qu’elle passe quasi inaperçue. On aurait pu espérer un chant plus varié et construit, et moins cette sensation de hurlement à peine maîtrisé. Cependant, sur certains passages ce chant arrive à se démarquer, comme si l’alchimie entre les différents musiciens se recréait (Disconnecktie ou Liarsenic).
L’un des points positifs reste Liarsenic, où le groupe retrouve un peu de créativité et arrive à créer une véritable chanson variée et inspirée, où le chant n’est plus un accompagnement monotone des instruments, mais les deux sont combinés pour livrer un vrai ensemble cohérent. Sur plusieurs passages du disque, on peut ressentir l’imagination ressortir, tendant la main pour être saisie, mais elle ne sera réellement sauvée du déluge musical que dans Redeemer
Le reste du disque, la plupart du temps, laisse un sentiment de déjà vu. Là où Norma Jean arrivait, sur le précédent opus, à un ensemble où la folie côtoyait le génie, ici les deux semblent avoir disparus pour laisser place à une sorte d’urgence de montrer que Norma Jean n’est pas mort, quitte à glisser dans le cliché et l’uniformité. On ne peut reprocher cependant au groupe d’être efficace, entraînant et motivé, mais cette violence étouffe le disque et le laisse agoniser aux oreilles de l’auditeur.
En voulant à tout prix sortir un disque, Norma Jean a clairement manqué le coche, livrant un enregistrement inégal, brouillon et difficile à cerner. L’album parait très faible face à Bless The Martyr And Kiss The Child, certaines bonnes chansons (Liarsenic, Absentimental) côtoyant les plus banales (Bayonetwork, Charactarantula) et on est en droit de se demander si la folie et la noirceur du groupe ne sont pas parties avec Josh Scogin (The Chariot). O’God The Aftermath annonce le renouveau de Norma Jean, mais n’est que le cocon du futur Redeemer

Tracklist : Murderotica – Vertebraille – Bayonetwork – Dilemmachine – Coffinspire – Liarsenic – Disconnecktie – Absentimental – Charactarantula – Pretendeavor – Scientifiction

A écouter : Liarsenic - Absentimental
17 / 20
12 commentaires (17.46/20).
logo amazon

Bless The Martyr And Kiss The Child ( 2002 )

Vous faire patienter est ici inutile, le premier album de Norma Jean est tout simplement un condensé personnel et inspiré des meilleures tendances hardcore modernes de ces dernières années. Norma Jean parvient à mêler technicité et spontanéité au sein d'une atmosphère malsaine et obscure avec une efficacité redoutable. On retrouve donc à la fois l'empreinte math-core d'un jeu de guitare complexe à la Dillinger Escape Plan, et un aspect rentre dedans très prononcé porté par des riffs à la limite de la rupture dans un style proche des regrettés Botch.

Les américains produisent une musique agressive, chaotique et très dynamique aidée par la fréquence élevée des parties mosh-core à la rythmique brisée et saccadée ("The entire world is counting on me, and they don't even know"). Durant les passages les plus rapides et souvent épileptiques, on a vraiment l'impression que le groupe joue dans l'urgence, la mort au trousse, comme s'il fallait très vite en découdre pour échaper au pire.

Personnel, le brûlot de Norma Jean va cependant piocher dans un metal sanguinolent à la Coalesce puis dans un hardcore noisy et sombre rappelant les premières briques de Neurosis sans y perdre son âme. Dans cet esprit on retiendra le 15 minutes centrales, époustouflantes et torturées de "Pretty soon, I don't know what, but something is going to happen".
Alambiquées et plutôt déroutantes les structures ne tombent jamais dans le piège de la surenchère technique. Norma Jean sait rompre la chose au bon moment et de manière judicieuse par un break relançant la machine ou une accalmie bienvenue. Le chant se veut d'une énergie débordante et possède de temps à autres ce côté félin que Jacob Bannon (Converge) aime employer dans la manière d'entamer les vocaux.

La noirceur est ici le trait de caractère le plus marqué. Avec leurs sonorités dérangeantes ("Creating something out of nothing only to destroy it") et leurs riffs glauques, les 9 titres de Bless The martyr and kiss the child feraient sans doute "copain copain" avec ceux des groupes crust à la His Hero is Gone. La pochette dans les tons foncés illustrant une jeune enfant aux atours angéliques mais au regard tendancieux et possédé confirme et soutient l'identité du groupe. Norma Jean propose un album passionnant et émotionnel qui fourmille d'idées plus intéressantes les unes que les autres. A n'en pas douter Bless the martyr and kiss the child est un disque indispensable pour l'amateur de hardcore violent, barré et ravagé.

A écouter : Dans une pièce froide, obscure et malodorante
16 / 20
1 commentaire (14/20).

Throwing Myself ( 2001 )

Après 5ep, première démo sortie dans l'ombre, Luti-Kriss tente de frapper un grand coup avec un premier album Throwing Myself, surtout connu pour son morceau phare Black Smith. La première chose est de remettre l'album dans son contexte. Le néo-métal / fusion est en pleine explosion à l'époque : Chimaira commencent à bien faire parler d'eux, Adema livre son premier album avec talent, Linkin Park devient un phénomène avec Hybrid Theory, ... A sa sortie, Throwing Myself passe inaperçu dans nos contrées, fait un peu parler de lui aux USA, alors que Luti-Kriss se tourne pourtant vers une partie plus sombre, emportée que les autres, à l'image de Zao.

Car la comparaison s'arrête là avec l'époque. Sans être révolutionnaires, les musiciens s'orientent vers un chant et une musique qui délaisse les côtés hip hop apportés par 5ep, surlignent au stylo noir certaines de leurs influences (toujours Deftones en tête de liste) et se laissent glisser sur 50 minutes. Les riffs de Light Blue Collar tirés des premiers Korn, avec cette même base rythmique reconnaissable, ceux de Last breath/First rappelant Deftones à maintes reprises, ... Bien des éléments qui font que cet album peut sonner comme une énième copie, mais le principal avant de Luti-Kriss est bien d'arriver à égaler leurs aînés, à ne pas traîner des pieds pour ramasser les miettes. Luti-Kriss se démarque de plus par le chant vraiment dévastateur, par exemple sur Patiently Philadelphia ou Catharsis, moments les plus denses de Throwing Myself malgré une production parfois un peu faible, mais arrivant à restituer ce sentiment d'étouffement.

La fragilité de 5ep semble avoir disparue, au profit d'une assurance effrontée, d'une capacité à poser des riffs et les laisser écorcher l'oreille maitrisée. Rien ne se détache trop pour devenir dérangeant, mais rien ne reste en arrière pour se laisser oublier : même les quelques chœurs (sur The "Anni Hilat" Ion par exemple) résonnent sans prendre à contre pied l'auditeur.

Les prémices de titres présents sur Bless the Martyr And Kiss The Child apparaissent notamment grâce à certains riffs déjà caractéristiques d'une folie alors contenue, et à un chant hurlé et plus agressif que sur les quelques compos précédentes. La très douce A Chase In The Crowd, presque le souffle de légèreté sur Throwing Myself, voit déjà Josh Scoggin se tourner vers une musique plus accessible, plus posée et emplie d'une délicate souffrance, chose qu'il concrétisera sur son projet A Rose, By Any Other Name, même si les relents sulfureux d'un chant hurlé viennent parfois en renfort.

Déjà plus proche du vaste océan de noirceur Bless The Martyr And Kiss The Child, Throwing Myself garde néanmoins ses racines ancrées dans la fusion amenée par 5ep. Luti-Kriss meurt sur cet album, accède à la renaissance en tant que Norma Jean, mais ce simple changement de nom (et de bassiste) permet au groupe de faire un grand pas dans sa musique, s'orientant vers un hardcore plus métallisé, plus noir, au sourire pourri. Throwing Myself est à écouter, comme 5ep, pour comprendre le chemin emprunté, et au moins pour l'histoire...

A écouter : Patiently Philadelphia - An Act Of My Own Volition

5ep ( 2000 )

Fortement reconnus aujourd'hui, Norma Jean a pourtant débuté sous le nom de Luti-Kriss, avec un premier Ep 5ep, axé sur une fusion sombre et désespérée. Introuvable ces dernières années, il n'en reste qu'il est le fondement de ce qu'est devenu le groupe, même si 5 morceaux paraissent peu...

Korn, Deftones, Limp Bizkit, voilà les premiers noms qui viennent à l'esprit lors de l'écoute de 5ep. La délicatesse et le romantisme de Deftones mariés au désespoir et à la hargne de Korn. Tout ceci s'assemble, cohabite sur Body Of God à pleurer ou encore Eeyore où l'on croirait presque entendre Chino venir poser sa voix sur quelques passages. Josh Scogin se lamente sur Eeyore, clame sa foi sur Diaphuego, clame son amour sur Body Of God et My Closet... Alors que sur les 2 albums suivants, on assiste à une fougue contrôlée, démesurée et envahissant l'espace sonore, on assiste sur 5ep à un défilé de faiblesses, de moments de folies. Les autres musiciens sont clairement inspirés par les groupes cités précédemment, tant au niveau des riffs sortis du S/t de Korn ou d'Adrenaline de Deftones, avec cet aspect dépouillé mais où le groupe semble prêt à se défenestrer à tout instant. La ressemblance est clairement frappant sur l'un des titres : I Convenant I'm Yours est définitivement inspiré par le Around The Fur de Deftones : voix suave, envolées déchainées et hurlantes, lascivité au bout des lèvres, ...

On discerne déjà quelques passages qui établissent la base de l'album suivant, notamment sur Diaphuego et ses scratches, mais peu de choses, si ce n'est la fougue et l'aspect qui s'en dégagent, ne permettent de penser que ce sont 4 des 5 musiciens présents qui sortiront Bless The Martyr And Kiss The Child.

5ep est le premier pavé dans la mare des futurs Norma Jean. Trop méconnu, cet ep reste pourtant une œuvre complète, qui du haut de ses 24 minutes jette un regard de dégout et de piété au reste du monde. En 2000 sortaient des classiques comme White Pony de Deftones ou encore L.D. 50 de Mudvayne. 5ep est à ranger dans le même panier, clairement au-dessus de Throwning Myself qui vit le jour l'année suivante mais d'une qualité comparable à Bless The Martyr And Kiss The Child.

A écouter : Body Of God, I'm Convenant, I'm Yours