Gheist, avec un H, dont la traduction allemande du terme Esprit, ne cesse de hanter inexorablement et à chaque écoute ce premier ep des toulousains de Nojia, revenus sur le devant de la scène trois ans après l'album Solarchitect paru chez Klonosphere.
L'Esprit comme un premier contact avec la pochette de l'EP dont l'âme semble quitter le corps du personnage ou cette introduction fantomatique sur Canyon qui nous emporte tout de suite avec elle. Nojia joue sur ce côté insaisissable de leur musique avant que cela ne se mue progressivement en un environnement plus dense, plus épais, qui prend peu à peu chair, râblé de guitares intenses et à la rythmique beaucoup plus lourde et saisissante. Sama est quant à lui un long titre empreint de cette même dimension impalpable, mais dans des tonalités autres. Plus mystique, plus chaleureux aussi, Nojia ose le rapprochement avec une ambiance quasi orientale, dans la couleur de la guitare, le rythme tribal des percussions ou l'ajout d'une flûte discrète, mais très nuancée et d'un aspect plus positif que la grisaille de Canyon. En cœur d'ouvrage, Golem porte bien son nom et tranche assez radicalement avec les deux autres titres car plus frontal dans son approche et son développement. Une pièce massive, écrasante même par moment, dont la guitare aux notes graves et son piano à l'ode funeste en fait le passage le plus marquant de l'ep.
L'Esprit, comme une symbolisation de l’intellect, où la musique de Nojia semble extrêmement réfléchie et pensée tout en gardant une fluidité et une sensibilité qui évite tout calcul froid et distant. En effet, le Metal instrumental et progressif de Nojia ne se laisse pas saisir tout de suite, mais prend le temps de tracer son chemin, lentement, de manière presque sinueuse pour révéler petit à petit ses détails et ses émotions. C'est au fur et à mesure des écoutes qu'il dévoile tout son potentiel, ses atouts et fini par définitivement captiver. Du long de sa trentaine de minutes, Gheist est une œuvre forte, plus aboutie et introspective que Solarchitect où l'on sent que le quatuor a travaillé autant dans la profondeur des notes que les différents contrastes qui habitent sa musique. Il faudra donc un peu de temps et de patiente pour dompter leur création.
Il y a ce quelque chose de très personnel dans ce Gheist de Nojia, si bien qu'à un moment, les mots semblent manquer et il ne reste qu'à suivre le cours des notes et se laisser transporter. Donnez lui une chance, il en vaut clairement la peine!