Une démo et un album en presque 15 ans d'existence, Noïzorkestra doit détenir un record (au moins régional) en matière de nombre de sorties.  Par contre une fois en studio, ça traine moins pour mettre en boite. Pressé de jouer le quatuor... qui ressort d'ailleurs avec un son plutôt correct cette fois ci.
Pour le reste, Noïzorkestra a très logiquement affiné son style sans pour autant changer son fusil d'épaule. Les relents ska ont disparu et ce qu'ils ont perdu en jovialité, ils l'ont gagné en engagement direct. A part quelques rares fantaisies (soli à l'arrach', breaks), Regress to the Future fait la part belle à l'énergie brute du punk rock, sans ambages et sans détours. La simplicité est donc de mise (quelques accords suffisent) et les morceaux peu raffinés vont droit à l'essentiel (sur un rythme soutenu de préférence).

Sous ces apparences assez punk 80s, il y a néanmoins encore beaucoup de NOFX des débuts des 90s, ainsi qu'une bonne dose de Burning Heads, dans l'ensemble. Une poignée de refrains bien mélodiques ("Lack of Confidence", "Ride the Snake", "Regress to the Future") viennent d'ailleurs contraster avec la voix toujours aussi éraillée et imbibée d'un Pépin admirateur de Fat Mike devant l'éternel.

Après 5 ans d'absence, les quatre héraultais reviennent avec une galette plus punk que jamais. La grammaire anglaise a toujours autant de secrets pour eux et les barbarismes linguistiques ne leur font pas plus peur qu'avant. Le hic, c'est que les auditeurs recherchant plus qu'un simple album punk énergique ont toutes les chances de rester sur leur faim, car la diversité et l'originalité ne sont vraiment pas les forts de Noïzorkestra.

Et c’est parti pour 8 titres et 27 minutes d’un mélange de punk rock à tendance old school et de punk rock plus récent. Le premier titre "Fashionable" ressemble à une intro punk du début des années 90 : guitare sale, rythme soutenu, chant à l’arrach' et débordements punk hardcore dans les riffs et les chœurs. Pas de doute, l’énergie est bien présente et les "Noïzis" veulent le démontrer d’entrée de jeu.
Changement d'ambiance dès le deuxième titre, un mid tempo qui montre un visage de plus en plus festif. La voix aigüe et forcée typée Fat Mike reste, mais le ton est beaucoup plus jovial et enthousiaste. En plein milieu de la chanson, un break ska casse le morceau... Décidément, tout cela fait de plus en plus penser au NOFX époque S&M Airlines ou The Longest Line. Le titre suivant "Queen of punches" est un mélange de ska et de punk rock bien speed (NOFX encore...).

Le reste de la galette continue sur une lancée punk rock mélodique dans la même lignée 90s, à l’image d’un "What’s better than friends" bien enjoué, bien mélodique, ou encore de "Cheap indeed free". Le son et la voix se montrent toujours à la hauteur des moyens de production, c'est-à-dire à l’arrach', une caractéristique qui sied à l'énergie dégagée. Les 2 guitares et les quelques chœurs disparates façon "ooozin’ aaahs" apportent indéniablement un plus en rendant le tout moins linéaire. "Matrimomaniacs" conclue cette démo sur un autre morceau ska/punk efficace et dansant.

En somme, la diversité des morceaux qui composent cette démo et leur efficacité réussissent en partie à faire oublier une production plutôt pénalisante, mais l'aspect "punk rock local" fait encore mal.