Noein c'est d'abord un premier ep sorti en autoproduction comme dix mille autres groupes souhaitant se faire connaître. Son contenu était plutôt valorisant, mais laissait déjà entrevoir les limites inhérents au genre musical. Puis le nom est parvenus à plusieurs oreilles, le groupe a grandi et s'est perfectionné pour son premier effort long format, épaulé par le label Klonosphere, peu avare en sorties de qualité dans nos contrées hexagonales. Hélas, les défauts que je pointais du doigts dans l'ep font également surface dans ce Infection-Erasure-Replacement.
Avec cet album, Noein affine son propos, tape encore plus fort du poing sur la table dans un style que l'on rapprochera d'un croisement entre du Death Metal et de l'Indus / Cyber pour le côté martial, froid et déshumanisé. Pour vous donner un aperçu, Noein est le trait d'union entre Arch Enemy pour les growls de Jenni qui rappellent ceux d'Angela Gossow, Meshuggah pour le riffing syncopé et les rythmiques pilon et Fear Factory pour les ambiances futuristes. Sauf que, si sur le papier ça vous donne grave envie, dans son application, c'est une autre paire de manche. Alors oui, il faut au moins leur reconnaître que c'est super carré, techniquement les musiciens ont progressé de plusieurs crans par rapport à l'ep et on sent que Noein a voulu pousser le concept dans ses derniers retranchements.
Le gros soucis, c'est que Infection-Erasure-Replacement est un pavé de violence un peu vain. On concédera que ça fonctionne plutôt bien sur les deux / trois premiers titres, à la puissance de feu indéniable, mais au bout d'un moment, le tout retombe comme un soufflet et a tendance à lasser. Après plus d'une dizaine d'écoute, j'en suis toujours à me demander ce que j'ai retenu de l'album. Ce n'est pourtant pas faute de persévérer sur un album en espérant y déceler certaines choses appréciables. Mais ici, ce n'est pas le cas. Les phases brutales sont des coups d'épée dans l'eau et Noein peine à atteindre sa cible, la faute à des riffs peu marquants et beaucoup de blasts / growls qui se succèdent pratiquement sans discontinuer. La production compacte, acérée, renforce également cet aspect d'où rien ne semble pouvoir s'extraire, malgré quelques interludes et une introduction qui essayent d'aérer l'album. Jouer la carte de la brutalité n'est pas un mal en soit et certains groupes y arrivent très bien que se soit dans un registre Brutal Death groovy (Benighted), plus technique (Gorod), ou cyber (Strapping Young Lad), mais ici, se sont la linéarité et la répétitivité (en dehors de quelques rares éléments) qui font défaut. A partir de là, difficile de vous citer un titre, si ce n'est le début (I.E.R / Liars Dream) qui font leur effet, Will Live et ses passages en chant clair et The End avec sa fin presque atmosphérique rappelant Hord.
Des idées, Noein n'en manque pas, mais ils ont encore du mal à les transmettre. Je vous rassure tout de même, Infection-Erasure-Replacement, est loin d'être vilain et procurera peut-être des sensations fortes à ceux qui veulent de l'agression permanente. Difficile d'aller au delà de ce simple constat, mais l'on reste curieux de voir ce que Noein pourra proposer par la suite.
A écouter : Liars Dream, Will Live, The End