Biographie

No Land

Projet initié par le musicien et compositeur Français Olivier Mellano, No Land se trouve au carrefour entre musique folklorique et actuelle. Une oeuvre universelle incarnée par la voix hypnotisante de Brendan Perry (Dead Can Dance) et la trentaine de musiciens du bagad de Cesson.

Chronique

17 / 20
1 commentaire (16/20).
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No Land ( 2017 )

L’idée d’un monde sans frontières, outre le fait qu’elle terrifie ceux qui font de leur « protection » un fonds de commerce, est avant tout un concept qui permet de basculer dans une démarche débarrassée de tout préjugé. La World Music en est une incarnation, plus ou moins heureuse selon le talent de ceux qui s’y consacrent, qui montre que le mélange des genres reste, la plupart du temps, une expérience qui mérite au moins d’être tentée. Faire appel à une tradition folklorique locale pour lui donner une résonance universelle n’est en effet pas chose aisée, mais a le mérite de fournir un point de départ concret à partir duquel les possibilités de mutation s’avèrent infinies. Lorsque le bourdonnement strident des bombardes du bagad de Cesson envahit l’espace, rapidement accompagné de percussions aux accents tribaux, le pari d’Olivier Mellano semble déjà être gagné. L’immersion totale dans ce morceau de près de 38 minutes s’opère de façon presque immédiate, malgré une approche marquée par un certain minimalisme. La puissance du sujet et de ceux qui l’incarnent suffit à donner une ampleur remarquable à l’ensemble, qu’il est difficile de diviser en plusieurs parties tant il fait preuve d’homogénéité sonore et thématique.

No Land est d’abord une expérience sensorielle. La chaleur des instruments à vent, le martèlement implacable des percussion et la basse menaçante qui les supporte dessinent un paysage dans lequel Brendan Perry vient s’acquitter d’une tâche qu’il semble être le seul à pouvoir accomplir, même s’il bénéficie à plusieurs reprises du concours de choeurs. Prophète au service d’une cause qui le dépasse, il ne cherche cependant pas à asséner une vérité toute faite, mais à transmettre un message que chacun peut s’approprier, à condition de ne pas en oublier l’essence. « We are the matter of everywhere, how can we be from somewhere ? », demande-t-il, cherchant autant à nous pousser à réfléchir à ce paradoxe qu’à véritablement obtenir une réponse. Il ne faut pourtant pas envisager cette question, qui irrigue et donne toute sa force au morceau, de façon trop scolaire. Il s’agit avant tout de l’étincelle qui doit générer l’explosion, d’un changement radical d’attitude face à des croyances profondément ancrées. Le mysticisme qui se dégage de No Land n’appartient à aucune religion, à aucun dogme, si ce n’est le retour à une vision du monde exempte d’a priori et laissant place à l’incertitude inhérente à la liberté retrouvée (« We reached the end of our certainty, warmed by the light of doubt. And all around we can see the spark of the other, the unknown, the unseen »).

Les silences jouent un rôle important dans No Land. C’est lorsqu’ils sont rompus que le disque prend toute sa dimension. Réussissant à marier des ambiances celtiques, urbaines et même orientales, Olivier Mellano parvient à rendre spectaculaire un morceau qui évolue pourtant par petites touches. Le chant de Brendan Perry, qui peut sembler monocorde au premier abord, est en fait d’une maîtrise assez incroyable lorsqu’il s’agit de s’adapter à ces altérations sans jamais perdre de sa majesté et de son pouvoir d’évocation. Davantage qu’un crédo, « we have no land » est une constatation, faite à la lumière des soubresauts d’un monde qui a totalement oublié, à l’échelle collective, sa raison d’être (« We are the now, we are not the there »). Un message à la dimension méditative, qu’il est tentant et rassurant de vouloir ignorer, mais qui une fois abordé ne peut que changer notre perception de ce qui nous entoure. No Land est là pour accompagner cette démarche.

No Land

Style : Symphonie universelle
Tags :
Origine : France
Site Officiel : https://www.mellanoland.com
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