Nightwish s'est imposé depuis sa création comme l’un des maîtres du metal symphonique et une valeur sûre du metal tout court. Une progression que, ni un changement de chanteuse, ni une orientation plus pop n'ont entravé. Le groupe finlandais dispose donc des cartes suffisantes pour s'atteler à des projets plus ambitieux.
Car c'est ainsi que Imaginareum a été présenté: un disque extrêmement ambitieux, accompagné par rien de moins qu’un long métrage basé sur le concept de l'album: un vieil homme qui pense avoir encore l'âge d'un enfant (ou une réflexion sur le temps qui passe, l'enfance perdue, etc.)
D'entrée, ce qui marque à l'écoute de l'album, c'est sa très forte dimension cinématographique. Plusieurs fois à l'écoute du disque, on a l'impression de se retrouver face à une scène de films: une course poursuite effrénée, un voyage baroque au sein d’un cirque bizarre, une douce promenade à travers un décor féérique... Rarement un disque a autant donné l’impression d’être une bande originale de film (alors qu’il n’en est pas réellement une) ; une impression renforcée par les morceaux instrumentaux que sont l’introduction Taikatalvi, Arabesque et Imaginaerum (dernier titre de l’album qui, au passage, ne fait en réalité que compiler les uns à la suite des autres chacun des thèmes musicaux de l’album).
Malheureusement, derrière cet important travail que l’on pourrait presque qualifier de « visuel » se cache un certain malaise : tout est trop propre, trop parfait, trop beau. On aurait envie de salir un peu cette œuvre, de la rendre moins lisse. Tel un tableau trop parfait dans lequel on aurait envie de mettre quelques coups de pinceau désordonnés pour redonner de la vie à une nature trop morte. Sur ce Imaginareum, les orchestrations sont (trop) parfaites, les ballades sont (trop) évidentes (Turn Loose the Mermaids, The Crow, the Owl and the Dove), les duos de chant entre Anette et Marco sont (trop) bien maîtrisés, les chœurs d’enfants arrivent (trop) facilement (Ghost River), etc.
A vouloir atteindre une certaine perfection, le groupe en a oublié de mettre du sang, de la sueur et des larmes ("the blood, the sweat, the tears" !!).
Et à vouloir jouer l’émotion à tout prix, Nightwish se perd parfois dans certains pièges. L'exemple le plus flagrant est Song Of Myself. Sur ce titre long de 13 minutes, chaque membre du groupe a invité certains de ses proches à venir prononcer quelques mots: si cette démarche est intéressante de prime abord, elle est aussi quelque peu... égoïste. Parce que si on ne doute pas que ces spoken words fournissent quelques frissons aux membres du groupe, il faut bien reconnaître que pour l'auditeur lambda pour qui ces voix ne représentent rien, ces passages se révèlent longs-inutiles-chiants (cocher la case correspondante). Un peu plus de simplicité aurait probablement rendu davantage grâce à ce projet ambitieux né du cerveau du groupe, le claviériste Tuomas Holopainen.
Il est toutefois clairement déplacé de critiquer outre mesure ce disque. Tout ce que sort Nightwish reste très largement supérieur à la masse grouillante du metal symphonique. Le groupe reste ultra pro (I Want My Tears Back), le travail sur les orchestrations symphoniques est colossal (écoutez Scaretale) et le chant d'Anette a définitivement pris en assurance et en variété: là où elle ne semblait pas toujours en phase avec les compos de Dark Passion Play, elle s'intègre cette fois nettement mieux aux nouvelles compositions. Il suffit d'écouter le single Storytime (une seule écoute et vous l'aurez en tête.... à vie!!) ou encore son jeu d’actrice sur Scaretale pour s'en convaincre.
Mais d'un tel groupe et devant l'annonce d'un tel projet, j’avoue en avoir attendu plus...ou plutôt un peu moins.
Nous avons ici un album fade et chiant au possible bizarre de voir que par rapport à l'album précédent on a un tel niveau d'écart de créativité.
Le précédent était absolument génial alors que celui là est tout simplement quelconque voir même quasiment oubliable.
Pour quelques morceaux plutôt sympa et une production de qualité il mérite tout de même la note honorable de 12/20.