Nesseria
Hardcore / Mathcore

Fractures
Chronique
Fractures : Une fracture est définie par la rupture de continuité ou cassure d’un os du corps humain.
Jamais je n’aurais imaginé que Nesseria aille un jour aussi loin. Déjà, l’éponyme marquait un tournant face au split avec Venosa, mais Fractures continue dans cette lancée, rappelant les sonorités du récent Lowgazers de Plebeian Grandstand, enchainant les coups et cassant des côtes.
Seulement, là ou le premier crache un flot constant et ininterrompu de notes jusqu’à overdose, Nesseria repart sur quelque chose plus Hardcore, même si les relents Black sont présents dans certains titres. Tout est martelé, malmené jusqu’au dernier titre, « Omayra », accalmie (Post-Hardcore) illustrant cette agonie lente et sinistre qui emplit Armero.
Dès le lancement, on retrouve certaines sonorités proches de The Great Old Ones (quelques riffs de « Des rues ordinaires ») avant que le malstrom renverse tout au travers de « Le Malheur des Autres », porté par une voix proche d’At the Gates. Le jeu de batterie n’est d’ailleurs pas à oublier, car même s’il est légèrement mis en retrait sur certains passages, il fait front avec quelques subtilités qui n’en font pas un martèlement uniforme et sans âme. Loin du rouleau-compresseur Celeste, Nesseria a pourtant cette noirceur ancrée lorsque retentissent les effluves Hardcore de « Cent Mille Fois par Jour », aussi oppressantes et haineuses que Kickback ou Torch Runner sur Commited to the Ground (même si les passages les plus chaotiques n’atteignent pas l’urgence des Américains) ou mêlant l’aspect primaire d’un Protestant avec la rugosité de Deathrite.
« Il a perdu le sens et la surface, dans son enfer domestique où tout s’effondrait au ralenti. Jusqu’à ce qu’on le couvre enfin de terre et de regrets tardifs. »
En dehors de son aspect musical, Fractures est plus un pamphlet qu’une succession de textes. De la haine envers la Manif pour tous sur « Civitas » à la résignation mortelle sur « Omayra », en passant par la routine maladive ancrée dans la notion de métro/boulot/dodo sur « Cent Mille fois par jour », Nesseria s’en donne à coeur joie. La fougue de 2009 n’a pas perdu en poigne, tout s’accélère et le combo crache, hurle, s’extenue jusqu’à l’épuisement. Le fait d’utiliser des textes en français amplifie le poids de chaque mot, surtout lorsqu’on se retrouve sur un langage direct : « ces chrétiens fins de race battant le pavé d'un printemps français, rassemblés derrière leur salope et leur croix pour défendre l'ordre naturel et sacré… ». Que l’on adhère ou pas, on ne peut nier le fait que Nesseria prend une position tranchée sur certains thèmes, à l’instar de combos comme Alpinist ou Momentum, délaissant l’égocentrisme pour s’orienter sur des aspects plus sociaux / communautaires.
« Aux fins de mois succèdent les fins de droits, aux heures gâchées, l'absence totale de choix. Le soleil se lève quoi qu'il arrive, et plus rien n'arrêtera ta dérive. »
Fractures ne sera pas l’album d’une génération, marquant un tournant musical dans ce que l’on pouvait connaitre. Il n’en a pas non plus la prétention, même s’il ne surprend pas dans la suite de sorties dont nous abreuve Throatruiner ces derniers temps. Entre Plebeian Grandstand, As We Draw, The Rodeo Idiot Engine, Protestant, Calvaiire, le label sait trouver sa voie et ce nouvel opus ne dénote en rien avec le reste du catalogue. Il est dans Fractures une continuité avec l’éponyme, même si à l’instar de The Rodeo Idiot Engine ou l’énorme Plebeian Grandstand, le ton s’est durci. Même si ces derniers sont passés un cran au-dessus - en terme de puissance - de Nesseria, le combo n’en démérite pas et propose toujours un « agréable » cocktail explosif de Hardcore / Black / …
A écouter : 1
J'aurai rajouté "Leurs Histoires" moi dans le "A écouter" ;)
Sinon carrément d'accord avec les autres et bien sympa la chronique :)
L'album défonce tout, je le trouve même mieux que l'éponyme et pourtant j'en ai bouffer tellement je l'adorait avec leur putain de "Le Quatrième âge" de ta mère