Rien qu'à jeter un œil sur l'artwork, on devine les Orléanais remontés à bloc. Contre tout : la religion, la politique, le libéralisme ou encore l'égoïsme. En 10 compos saignées à vif, Nesseria nous livre ce qu'ils avaient annoncé en quelques mots : une sorte de nausée permanente, héritières des premiers Converge. Même son incisif, même hardcore chaotique frappant tel un déluge et même impression d’agoniser au fil des écoutes.
Des compos généralement directes, douloureuses comme de l'alcool versé sur une blessure ouverte et des textes qui ne mâchent pas leurs mots, aussi francs que sur le split avec Venosa ("Que votre médiocrité de dégénérés vous étouffe. Et que la haine nous rende enfin lucides." sur "A ceux qui nous ont lâchés" ou "Plus qu'hier mais moins que demain. Ils nous ont baisés en guise de représailles, en nous envoyant droit dans le mur" sur "Hacixbecker Straβe"). Les riffs s’enchainent dans un fatras sonore sans temps mort autour d’une batterie furieuse même si un poil linéaire. Le rendu final s’approche d’un Petitioning The Empty Sky tant au niveau des instruments que du chant éraillé mais si l’on creuse bien, on retrouve quelques plans plus proches des sorties précédentes, notamment sur "53%" ou "Les Alternatives". Nesseria ne prend pas le temps de respirer et enchaîne coup sur coup : l’important est de faire mouche le plus rapidement possible ("Pyramides"). La qualité des compos n’est pas un point noir, loin de là. L'ensemble s'annonce honnête, avec quelques pointes de frénésie ("Le Quatrième Age") et passages à vide ("Ministère de la Concurrence Culturelle"), contaminés par la folie des défunts Harlots. Pas de doute face aux précédentes productions, Nesseria n’a pas fléchi et semble avoir puisé dans ses forces pour asséner une série d’uppercuts bien placés ("Par pertes et profits") jusqu’au KO final ("Les Filles de Dieu").
« Un passé assez lourd, un avenir incertain. Nous n’avons rien à perdre, et surtout rien à foutre. »
Mais à trop vouloir en faire, Nesseria s’étouffe avec sa propre bile. Cet opus est crade, malsain, noir, pourrait servir à la bande sonore d’un Palahniuk mais se cache derrière une carapace difficile à pénétrer. Insoutenable sur les premières écoutes, difficilement assimilable en une seule fois, ce disque s'enroule sur lui même et se mord la queue. Tout n'est que colère, à un tel point que Nesseria peut finir par devenir assourdissant, martelant sans cesse les instruments jusqu’à épuisement.
Nesseria est un disque agressif à souhait, éclatant l’auditeur à coup de barre à mine jusqu’à avoir les tympans au sol. Sur ce nouvel opus, Nesseria joue avec du Metalcore Nauséeux et un Hardcore Chaotique féroce marqué au fer rouge par Converge. Entre deux riffs, j'ai vomi ma haine en chœur…
Inaudible au bout de dix minutes... Selon moi, et pardon pour les fins amateurs à l'oreille probablement plus habile que la mienne, Nesseria a franchi la ligne sur cet album-ci, et l'écoute devient franchement insupportable au bout de trois titres... Je préfère largement le dernier...