Biographie

Nekfeu

Avant de devenir l’icône médiatique qu’il est devenu en une paire d’années, Ken Samaras, plus connu sous le nom de scène Nekfeu, naît dans la banlieue Niçoise au début des années 90. Après une enfance passée dans le sud de la France, sa famille déménage et le jeune homme se voit atterrir dans le XVème arrondissement de Paris. Très vite, il commence à se passionner pour l’art langagier et dans cette optique, s’élance dans la lecture de grands classiques de la littérature, qui influenceront d’ailleurs l’écriture de son premier projet solo. La musique arrive ensuite avec la culture hip-hop, qu’il se forgera et qu’il partagera avec ses amis et compagnons du S-Crew.

Egalement présent dans les collectifs 1995, 5 Majeur et L’Entourage, Nekfeu participe à de nombreux projets et se démarque par sa technique d’écriture, riche en figures de styles et en références. Et si ses apparitions aux Rap Contenders ainsi que ses freestyles partagés sur Youtube commencent à lui conférer un semblant de carrière, c’est véritablement avec son premier album intitulé Feu que sa carrière ainsi que sa notoriété vis-à-vis du grand public vont décoller. Très controversé, Feu lui permet d’acquérir de la visibilité mais ne fait pas l’unanimité auprès de son public d’antan, qui le juge (à tort ?) commercial. En 2017, lors de son premier concert à Bercy, Nekfeu sort sans aucune promotion son second projet baptisé Cyborg, certifié disque de platine en moins de deux semaines.

Chronique

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Cyborg ( 2017 )

Fort du succès fulgurant de son premier LP, Nekfeu s’est vu au cours de l'été 2016, parcourir les routes de l’hexagone, allant de festivals en concerts solo, de concerts solo en showcases, et apparemment de showcases en studio … C’est à Bercy en décembre dernier, que le rappeur parisien a créé la surprise en annonçant la sortie de son nouveau projet, dévoilé sans aucune promotion préalable et mystérieusement baptisé Cyborg. Mais l’intérêt non-négligeable que son auteur suscite se révèle également une source de discorde dans le monde du rap comme à l’extérieur. Certifiée disque de platine en à peine deux semaines, l’œuvre se devait d’être étudiée à minima avant d’être classée (ou déclassée) dans une quelconque catégorie de valeur.

Feu était un album que l’on sentait longuement mûri, construit à partir d’expériences de vies, de galères et de désillusions. Cyborg rompt les liens avec son prédécesseur, et s’offre une atmosphère radicalement différente, explorant les paysages d’une nouvelle vie, partagée entre les frères de cœur, les tournées, les femmes et les voyages. Et si l’on ne peut décrire cette deuxième production comme exempte de tout défaut, il est cependant intéressant de souligner la diversité des ambiances créées et des histoires narrées, s’éloignant quelque peu des thèmes « bateaux » et stéréotypés dont le rap regorge (tout comme beaucoup d’autres styles dont le St-Metal n’est d’ailleurs pas exonéré).

Côté productions, pas de grandes surprises, les parties instrumentales nuageuses s’inscrivent dans la vague actuelle et le fennec continue de s’entourer de ceux qui ont contribué à bâtir son succès (Hugz Efner, Hologram Lo…). Et malgré la présence de morceaux plus faibles sous divers aspects (Saturne, Programmé …), Cyborg recèle de titres solides comme la collaboration brûlante et organique avec Alpha Wann, sobrement nommée Vinyle ou encore le déchirant Galatée, relatant les mésaventures d’une vie de scène, bien souvent impossible à conjuguer avec une vie de couple. Et comment ne pas parler de Réalité Augmentée, riche d’assonances et d’allitérations à en faire pâlir un prof de français, et qui dresse le portrait fragile d’une société en déclin, virtuellement pervertie ?

Un disque qui s’écoute avant tout en tant qu’œuvre collective, puisque l’on y découvre, sans grande surprise, la présence de certains membres des divers collectifs auquels son auteur prend part (L’Entourage, S-Crew, 1995…) mais aussi celles plus exotiques de la chanteuse nippone Crystal Kay ou de Clara Luciani (ex-chanteuse du groupe La Femme). On y décèle en effet de nombreuses influences japonaises, jusque dans les couplets de Nepal qui vient d’ailleurs voler la vedette à l’auteur du skeud sur l’effréné Esquimaux.

Comme toute œuvre musicale, Cyborg comporte ses défauts et ses qualités : on ne lui ôtera toutefois pas le mérite d’avoir su dépeindre une jeunesse révoltée et volontaire, en proie à des relations toutes aussi conflictuelles que passionnelles. D’autant plus que le tout se voit agrémenté de couleurs et de sonorités que l’on voit (trop) peu dans le paysage rap français actuel - mention spéciale pour la collaboration avec le saxophoniste de renom Archie Shepp sur O.D. et Vinyle. Sans s’auto-proclamer album du siècle ou même de la décennie, le Cyborg regorge d’inspirations, de textes sophistiqués et  d’atmosphères variées, qu’il serait dommage de dénigrer sans en avoir disséqué les entrailles mécaniques.

A écouter : Galatée, O.D., Humanoïde ...
Nekfeu

Style : Rap Français
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Origine : France
Site Officiel : nekfeu.fr
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