De Necros à Siege, en passant par State of Alert et Meatmen, l'histoire du hardcore US regorge de formations éphémères qui n'en ont pas moins marqué la scène et dont les échos résonnent encore chez de nombreux groupes actuels. Negative Approach fait partie de celles-là.
Archétype même du groupe hardcore et pionnier du style au même titre que Minor Threat, SSD ou Jerrys Kids, le groupe sort son premier ep éponyme chez Touch & Go en 1982. Sale, gras voire même vilain sont les qualificatifs qui viennent à l'esprit dès que retentissent les premiers accords de Negative Approach. Inutile de le dire, le son y est rustique, les morceaux montés à l'arrache et les vieux larsens qui traînent çà et là auront certainement raison des oreilles les plus tendres. Pourtant, à l'écoute de "Fair Warning" ou de "Whatever I Do", impossible de nier l'authenticité et l'agressivité qui s'en dégage, même vingt ans après. Situé à une période charnière, la musique de Negative Approach résonne encore des échos de la vague punk et oï des années 70. Cependant, si "Can't Tell No One" ou "Lead Song" démontrent encore les attaches du groupe avec les Sham 69, Cockney Rejects ou 999, on sent déjà pointer une envie irrépréssible de maltraiter cet héritage. Ainsi, sans crier gare, "Sick of Talk" ou "Pressure" nous propulsent dans un hardcore ultra agressif, totalement épuré, où domine un sentiment d'urgence entretenu par des beats ultra rapides et des riffs courts, prémice de ce que sera le fastcore des Heresy, Ripcord et autres Filthy Christians.
Et puis surtout il y a John Brannon. Il est peut-être exagéré de dire que la musique de Negative Approach n'aurait pas le même impact sans sa présence, mais il est vrai que son timbre de voix particulier donne au combo de Motor City sa véritable couleur. Sans verser dans le registre totalement extreme de Kevin Maloney (Siege), Brannon parvient à trouver un juste milieu conférant au chant une agressivité et une robustesse rarement égalée dont la manifestation la plus probante prend corps sur les furieux sing along "Nothing" et "Ready To Fight".
Aussi minimaliste et datée peut elle paraître aujourd'hui, la musique de Negative Approach possède encore cette verdeur unique inhérente aux grands groupes de hardcore, une musique sincère et à fleur de peau qui comportait ses revendications rien que dans le son et suintait de colère de tous les côtés. Ce qui explique sans doute que le groupe n'ait pas résisté à l'épreuve du temps tant les efforts déployés étaient grands. Bien que brève ait été sa carrière, Negative Approach n'en aura pas moins marqué les esprits ayant, avec cet ep, d'ores et déjà intégré la cohorte des groupes mythiques pour lesquels on peut prendre le risque de passer pour un vieux con en disant "c'était mieux avant".
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