Nebelung duo Dark-Folk allemand dans la lignée de groupes tels que Forseti, Neun Welten ou Darkwood, le côté Indus/Martial en moins, livre en 2008 son second opus dans la droite lignée de son précédent effort Mistelteinn, toujours animé de cette tristesse et de cette froideur palpable dans chacune de leurs compositions.
Vigil est un disque extrêmement épuré, encore plus que Mistelteinn ou certains arrangements au violoncelle, flûte ou percussions étaient présents. Cette sortie repose essentiellement sur le duo guitare / voix. Pas d'autres cordes ou instruments à vent ne sont présent ici, c'est un disque de Dark-Folk qui se dévoile dans son plus simple appareil. En effet, les mélodies en guitare acoustique sont simples mais font leur effet, couplé à une voix au timbre grave et solennelle... et c'est à peu près tout. Sans fioritures ni arrangements, les notes de guitare se suffisent à elles mêmes, tissent leurs mélopées, s'entrecroisent, pour disparaître presque aussi vite qu'elles sont venues. Sturm est peut-être bien la plus belle pièce du disque par cette opposition entre arpèges lumineux et cette voix grave et ténébreuse issue du chant en allemand.
Vigil est une ode à la nature. Chaque titre respire la forêt et dessine des paysages sombres ou se dressent des arbres aux allures inquiétantes sur fond crépusculaire. Une mélancolie latente se dégage de l'atmosphère générale du disque, comme la nostalgie de temps anciens qu'on aime se réévoquer par de longues promenades en forêt à la nuit tombée. Un voile gris recouvre l'ensemble de l'œuvre, saisi d'une tristesse qui semble se libérer des cordes mais aussi de la voix résignée qu'aucune éclaircie ne pourrait ramener à la vie. Vigil est un disque morne où même le souffle du vent qui se fait sentir sur certains titres (Nokturn) n'apporte pas de fraicheur mais appesanti au contraire cette morosité ambiante.
Vigil est à écouter lors des premières pluies d'automne, lorsque le ciel grisâtre se fait apparent, les arpèges de guitare tombant comme des feuilles aux milles couleurs des arbres à l'arrière-saison. Les compositions sont animées d'une sorte de trance qui incarne la nature spirituelle des deux musiciens, de par l'essence même de la guitare acoustique, nue, vibrante qui s'inscrit même dans une tradition populaire Folk, mais aussi de par cette élévation qu'elle procure à l'auditeur. Ces neuf titres sont construits selon le même modèle et demeurent d'une homogénéité certaine, ce qui est à la fois un atout mais également une faiblesse puisque l'on peut se demander si un peu de variété n'aurait pas rehaussé l'intérêt du disque.
Pour finir, Vigil est un bel album, sincère, d'une profonde tristesse mais d'une simplicité touchante. Difficile de décrire plus en profondeur cet album au risque d'en dénaturer le contenu car il est à ressentir essentiellement avant toute chose pour le comprendre.
A écouter : � l'automne