Grosse actualité Death Metal
actuellement entre un Hate Eternal au meilleur de sa forme, un Morbid
Angel qui sort un Illud Divinum Insanus pour le moins.. bouleversant,
et bien sûr Nader Sadek.
Sur le papier, le projet Nader Sadek a
clairement de quoi faire saliver très fort. All-Star band du Metal
extrême, team de rêve, musiciens on ne peut plus bankables, autant
dire que les attentes sont énormes. Toutefois, et on l'a déjà vu
avec d'autres groupes du genre, le problème qui se pose est d'arriver à
gérer ce melting pot, ces horizons et influences si différents, et ces égos à
priori très forts.. L'égyptien Nader Sadek, à l'origine du projet
et du nom du groupe (rien que ça..) possède en réalité le rôle
de Directeur artistique, de « catalyseur » des idées, centre de gravité de cette
joyeuse bande. Et derrière ce personnage si énigmatique et à
priori charismatique, se cache un homme, avant tout designer
graphique et artistique qui, en plus d'être l'initiateur du projet, est le "chef d'orchestre", le responsable du
déroulement des opérations et des compositions. Ainsi, on ne le
retrouve directement responsable que de deux titres (Petrophilia et Nigrido in Necromance, en
collaboration avec Blasphemer) , les autres venant de Steve Tucker
(Of This Flesh, Soulless, Mechanic Idolatry) ou Blasphemer. (Sulffer)
En tout cas, c'est vraiment avec un
certain trac et même de l'appréhension qu'on lance la lecture du
CD. Qu'en est-il de leur musique ? Dès la première « vraie »
piste, Petrophilia, on se retrouve avec du Death Metal puissant,
racé, moderne, incisif et précis. Influencé aussi, on pense bien
sûr au maîtres Morbid Angel avec l'ex chanteur Stever Tucker et son
Growl très gras et profond, on pense aussi à Behemoth, Nile ou même
Ulcerate pour les riffs plus gras et les ralentissements. On ressent
ainsi les influences personnelles de chacun des protagonistes à
commencer par Blasphemer qui, tout en étant techniquement à mille lieues ce que proposait un Mayhem sur Grand Declaration Of War par
exemple, possède pourtant toujours la science de composer des
riffs au final assez malsains et diaboliques.
In the Flesh ne manque pas d'ambiances,
entre des riffs et solos schyzophréniques, un Flo Mounier qui varie
son jeu et propose des décrochages, ralentissements, accélérations à vous rendre malade, et une basse
assez présente pour du Death Metal et qui groove bien
(Petrophilia) . On peut également parler de Nigrido in Necromance, piste instrumentale qui
s'éloigne franchement des terres Death pour quelque chose de tribal et presque Black . On ressent clairement
l'influence des derniers Behemoth sur ces points, à mon sens.
Mais détrompez vous, Nader Sadek dans
son ensemble propose du pur Death Metal moderne. Chaque titre possède
ainsi son riff accrocheur, entre Petrophilia et son break inattendu
et jouissif, Of the Flesh et ses micro breaks-accélerations rythmiques de
folie avec un Flo Mounier au top de sa forme, ou Soulless et son
thème principal. Par ailleurs, n'étant pas un gros fan de Cryptopsy
je ne connaissais que très peu Flo Mounier, et autant dire
qu'il m'a clairement donné envie de me pencher un peu plus sur son
groupe et son jeu, tel le digne descendant des légendes du Metal extrême comme Hellhammer. Niveau chant, l'ex
Morbid Angel Steve Tucker n'est pas en reste avec son growl rappelant un certain Nergal (Behemoth). On se rend compte
assez facilement que son chant est parfois modifié/compressé
électroniquement comme sur Sulffer, ce dont il n'avait pas
vraiment besoin. De manière générale d'ailleurs, l'album souffre
de sur-production. On est en droit de se demander ce que cela va
donner dans d'hypothétiques prestations live du groupe (si il en
est), au vus de tous les effets mis en place. Et du côté des points
négatifs, on dénoncera aussi la longueur ridicule de l'ensemble
(environ 30 minutes sans compter les morceaux de transition) -
heureusement, tous les morceaux se valent et sont bons -. On regrette
également l'absence totale d'Attila Csihar (Mayhem, Tormentor) qu'on entend pratiquement pas, alors qu'il était annoncé en guest. Et
bizarrement, In The Flesh pêche par son côté presque « Easy
listening », ses riffs et refrains faciles d'accès et sa
grosse production, ce qui confère au disque une durée de vie très
courte. Enfin, les fans comme moi de
Blasphemer, Steve Tucker et autres pointures du Death Metal ne
pourront être que déçu de cet album ; eh oui, au vu du potentiel
et de la puissance de feu de ces machines à riffs, on peut se dire
que ça manque un peu de vrais riffs qui tuent, et de mosh-parts et
passages à headbanger violemment. Mais malgré cette impression de
rester un peu sur notre faim, In The Flesh n'en demeure pas moins
l'un des meilleurs albums Death Metal en cette année 2011. Et un
essai à transformer.
A écouter : Of The Flesh (Deus Nova), Negrido In Necromance