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Biographie

Nachtmystium

Formé en 2000 du coté de Dekalb (Illinois), Nachtmystium oeuvre un premier temps dans un registre purement Black Metal avant d'élargir ses horizons au gré de (nombreux) changements de lineup. En effet, pas moins de 14 musiciens et chanteurs se sont succédé au sein du groupe qui ne compte aujourd'hui plus aucun membre d'origine. Désormais à peu près stabilisé autour d'un noyau de quatre membres plus un batteur live (Tony Laureano - Nile, Dimmu Borgir... - ne pouvant pas toujours tenir son poste), le groupe donne depuis quelques temps dans un  Black Metal beaucoup plus progressif sans pour autant renier ses origines. Fort d'une notoriété grandissante, Nachtmystium explose littérallement en 2008 avec la sortie d'un Assassins: Black Meddle Part I complètement décomplexé et très acclamé par la presse comme par le public.

18 / 20
5 commentaires (15.4/20).
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The World We Left Behind ( 2014 )

Il est des œuvres dont la saveur se retrouve profondément impactée par les épreuves sempiternelles de la vie tourmentée de leur créateur : difficile d’en dire moins de l’ultime album aux teintes psychédéliques du groupe de Black Metal porté par Blake Judd. Il y a deux ans de cela, après avoir annoncé les problèmes d’addiction et d’incarcération de son instigateur et leader, Nachtmystium dévoilait à la face du monde The World We Left Behind, sans savoir que ce dernier mettrait un terme aux activités musicales de la prolifique formation originaire de l’Illinois.

Deux opus d’Assassins : Black Meddle encensés par la critique précédaient l’arrivée de Silencing Machine toujours à-même de maintenir le groupe sur son enivrante lancée : en résulte une barre effrontément haute placée pour le successeur de ces différentes perles. Mais The World We Left Behind ne déçoit pas et malgré un pas de plus vers le psyché, au détriment du « raw black » des débuts, parvient à porter sa musique à un stade de maturité encore supérieur et la rend plus accessible qu’elle ne pouvait l’être dans Silencing Machine. Nachtmystium n’a que faire de la doctrine de quelques puristes épars et mêle sur certains titres un chant scream intelligible, des riffs qui transpireraient presque une goutte de garage rock (Fireheart, On the Other Side, In the Absence of Existence), et des solis heavy sincères et entraînants.

Mais que l’on ne s’y trompe pas, le thème de cette œuvre tenaillée reste étroitement centré sur la fin prochaine du groupe, les paroles sombres et condamnées nous le font explicitement sentir et la tristesse est de mise. Dans cette atmosphère musicale brumeuse et marécageuse retentissent les plaintes lancinantes de Blake Judd : « Lost the world we left behind, all we loved, all we held, the world we left behind, gone now, as we dive into hell ». Tout dans ce disque semble fatalement orienté vers la séparation et la liberté, mais cela ne peut se faire qu’au prix d’une inéluctable douleur, amère et insolvable.

L’odyssée Nachtmystium prend fin dans une apothéose terriblement grandiose et somptueusement déchirante, chargée de regrets mais aussi de résignation. The World We Left Behind retourne les cœurs, dévaste les âmes et s’élève sans conteste comme l’une des lettres d’adieux les plus ténébreuses et sibyllines des contrées musicales extrêmes.

A écouter : Encore et encore.
16 / 20
2 commentaires (11.25/20).
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Assassins: Black Meddle Pt. I ( 2008 )

« WE fear nothing ! »
Nachtmystium le hurle haut et fort et vu le résultat ils auraient tort de se priver. Assassins : Black Meddle, Part I est l’enfant bâtard issu de l’union triolique consommée entre le Black Metal, le Prog’ et le Rock Psychédélique dans un des raids offensifs de plus en plus fréquents du Metal noir sur les contrées musicales voisines. Ni tout à fait l’un, pas vraiment l'un des deux autres, Nachtmystium s’étale allègrement sur trois territoires et étend le domaine de la lutte. Retour sur un sacré coup de canon…

Ce disque est la suite logique d’une série d’évolutions qui auront vu les gars de l’Illinois se détacher de plus en plus du droit chemin du Black. Assassins : Black Meddle, Part I est sans conteste le travail le plus abouti à ce jour – n’en déplaise aux puristes. Même le Worldfall EP lui aussi paru en 2008, qui poussait déjà bien loin le délire et nous servait une reprise de Death in June (!) parait terriblement sclérosé à l’écoute d’un tel disque.
Fougueux, épique, et intrigant, Assassins… nous embarque ici pour 45 minutes de grand huit halluciné : Pas un temps mort depuis Assassins – temps de réaction proche de zéro et top chrono à l’arrivée – qui ouvre les débats après une courte mise en place (One of these nights) jusqu’à Seasick (Part 3 : silent sunrise) qui vient clôturer l’album sur trois points de suspension, en pleine zénitude.
Nachtmystium varie ses effets, évitant l’overdose d’hymnes surpuissants lancés sur des rythmiques monstres (Assassins, Ghosts of grace, Your true enemy) en laissant parler les autres cotés de sa personnalité musicale multiple. Ca fait feu de tous bords et en en voit de toutes les couleurs : du Enslaved dernière version plus perché que jamais et surtout bien plus virulent que nature sur Omnivore, du prog jusqu’au bout du cheveu (long) pour Code Negative ou encore un saxophone sur un Seasick (Part 2 : oceanborn) électrisant avant un atterrissage en douceur avec Seasick (Part 3 : silent sunrise). Le groupe s'offre une étrange mais superbe seconde moitié de disque après un démarrage si tonitruant…la répétition des écoutes ne fait d’ailleurs qu’amplifier ce sentiment et pourtant chaque genre exploré ici l'est avec tant de maestria qu'il est dur d'y trouver à redire. Assassins… est un disque aussi riche qu’accessible, ce qui lui confère une durée de vie bien plus que correcte: Gros, gros morceau de musique extrême que ce Nachtmystium nouveau. Avec un peu plus d'unité entre les différentes composantes de leur musique, les américains pourraient bien être amenés à sortir dans les années à venir un album qui fera date.

S’il ne devait y avoir qu’un mot pour résumer cette galette, «enivrant» serait probablement le plus approprié. Petit bâtard est devenu grand et continue d’emmerder son monde, la classe en prime, en allant poser ses boots là où ça lui chante. A croire qu’ils concourent avec les voisins Nord-américans de Krallice et Menace Ruine pour savoir qui maltraitera le genre avec le plus de malice… et de génie. Et pendant ce temps nous on déguste... les choses sont quand même bien faites.

A écouter : Tout, et souvent. Afin de ne pas en perdre une miette.