« WE fear nothing ! »
Nachtmystium le hurle haut et fort et vu le résultat ils auraient tort de se priver. Assassins : Black Meddle, Part I est l’enfant bâtard issu de l’union triolique consommée entre le Black Metal, le Prog’ et le Rock Psychédélique dans un des raids offensifs de plus en plus fréquents du Metal noir sur les contrées musicales voisines. Ni tout à fait l’un, pas vraiment l'un des deux autres, Nachtmystium s’étale allègrement sur trois territoires et étend le domaine de la lutte. Retour sur un sacré coup de canon…
Ce disque est la suite logique d’une série d’évolutions qui auront vu les gars de l’Illinois se détacher de plus en plus du droit chemin du Black. Assassins : Black Meddle, Part I est sans conteste le travail le plus abouti à ce jour – n’en déplaise aux puristes. Même le Worldfall EP lui aussi paru en 2008, qui poussait déjà bien loin le délire et nous servait une reprise de Death in June (!) parait terriblement sclérosé à l’écoute d’un tel disque.
Fougueux, épique, et intrigant, Assassins… nous embarque ici pour 45 minutes de grand huit halluciné : Pas un temps mort depuis Assassins – temps de réaction proche de zéro et top chrono à l’arrivée – qui ouvre les débats après une courte mise en place (One of these nights) jusqu’à Seasick (Part 3 : silent sunrise) qui vient clôturer l’album sur trois points de suspension, en pleine zénitude.
Nachtmystium varie ses effets, évitant l’overdose d’hymnes surpuissants lancés sur des rythmiques monstres (Assassins, Ghosts of grace, Your true enemy) en laissant parler les autres cotés de sa personnalité musicale multiple. Ca fait feu de tous bords et en en voit de toutes les couleurs : du Enslaved dernière version plus perché que jamais et surtout bien plus virulent que nature sur Omnivore, du prog jusqu’au bout du cheveu (long) pour Code Negative ou encore un saxophone sur un Seasick (Part 2 : oceanborn) électrisant avant un atterrissage en douceur avec Seasick (Part 3 : silent sunrise). Le groupe s'offre une étrange mais superbe seconde moitié de disque après un démarrage si tonitruant…la répétition des écoutes ne fait d’ailleurs qu’amplifier ce sentiment et pourtant chaque genre exploré ici l'est avec tant de maestria qu'il est dur d'y trouver à redire. Assassins… est un disque aussi riche qu’accessible, ce qui lui confère une durée de vie bien plus que correcte: Gros, gros morceau de musique extrême que ce Nachtmystium nouveau. Avec un peu plus d'unité entre les différentes composantes de leur musique, les américains pourraient bien être amenés à sortir dans les années à venir un album qui fera date.
S’il ne devait y avoir qu’un mot pour résumer cette galette, «enivrant» serait probablement le plus approprié. Petit bâtard est devenu grand et continue d’emmerder son monde, la classe en prime, en allant poser ses boots là où ça lui chante. A croire qu’ils concourent avec les voisins Nord-américans de Krallice et Menace Ruine pour savoir qui maltraitera le genre avec le plus de malice… et de génie. Et pendant ce temps nous on déguste... les choses sont quand même bien faites.
A écouter : Tout, et souvent. Afin de ne pas en perdre une miette.