Myrath

Metal Progressif

Tunisie

Shehili

2019
Type : Album (LP)
Labels : Ear Music
Tracklist
01. Asl
02. Born To Survive
03. You've Lost Yourself
04. Dance
05. Wicked Dice
06. Monster In My Closet
07. Lili Twil
08. No Holding Back
09. Stardust
10. Mersal
11. Darkness Arise
12. Shehili

Chronique

par Zbrlah

Myrath n'est plus un petit groupe. Le quintet a ouvert pour Megadeth il y a quelques années, à joué au Hellfest, au Download, au ProgPower, a tourné avec Symphony X, Epica ou Tarja... Si vous avez une certaine sensibilité au genre Power / Prog, vous avez au minimum entendu parler d'eux.

Il est donc de plus en plus compliqué de jouer la carte de la surprise, de "la note de fraîcheur orientale". On sait à quoi s'en tenir, on s'est construit des attentes, Myrath a déjà posé des bases que d'autres groupes suivent. Et donc, le principal charme des Tunisiens s'envole. Shehili, ce (déjà) cinquième opus, reprend des codes qu'on a fini par assimiler et qui ne surprennent plus réellement. Les orchestrations sont toujours les mêmes (bien qu'un poil plus discrètes que sur les opus précédents), les lignes vocales restent toujours aussi marquées des influences moyen-orientales importantes pour l'identité du groupe. Et les guitares en pilotage automatique n'arrangent rien : les riffs sont moins marqués (on gardera néanmoins la qualitative Darkness Arise), et les solos moins nombreux (ou alors vraiment moins mémorables !).

Bien sûr, si vous ne connaissez pas encore Myrath, peut-être que le côté arabisant très bien maîtrisé vous surprendra. Et c'est d'autant plus vrai que le quintet a très bien dosé cet aspect dans Shehili. Contrairement à Tales Of The Sands ou Desert Call, ce nouvel album utilise ces influences de façon moins marquée. En choisissant d'en faire moins, Myrath évite de trop s'enliser dans une niche un peu étroite pour une discographie comme la leur, où l'auto-plagiat devient un piège compliqué à éviter. Le groupe s'en sort donc bien, en utilisant les musiques traditionnelles comme une influence plutôt que comme un ingrédient majeur. Wicked Dice ou Lili Twil sont de bons exemples de chansons puissantes où la formation n'en fait pas des caisses, surtout la deuxième dans laquelle les couplets chantés en arabe donnent un relief tout particulier à cette semi-ballade aux faux airs pinkfloydiens. Les titres où l'aspect oriental est fortement marqué (Born To Survive, Dance, No Holding Back) ne le sont pas au détriment de leur efficacité.

A propos d'efficacité, il important de signaler que le Prog de Myrath laissait de plus en plus de terrain au Power depuis le second album de la bande, un Power Metal qui lui-même commence à céder sa place à une dimension tout simplement Rock, voire Pop. Déjà amorcé dans Legacy, ce virage est encore plus évident dans Shehili (les refrains de Monster In My Closet par exemple), où les chorus gardent un côté catchy sans avoir pourtant un dynamisme Metal. Parfois, la volonté est là (le touché tirant vers le Djent au début du pont de Monster In my Closet, entre autres), mais souvent l'idée tombe à plat, sonne sans conviction. Darkness Arise est l'exception, pleine de punch de A à Z, disposant même d'un solo d'orgue et de vagues chœurs un peu growlés, dans un esprit pas si éloigné de Symphony X.

Au final, le millésime 2019 peine à convaincre. Il n'est pas foncièrement mauvais, et marque même une meilleure (car plus subtile) utilisation des influences traditionnelles, peut-être trop massives auparavant pour continuer à être utilisées aussi intensément sans lassitude. Mais pourtant, ce sentiment de manque d’intérêt s'installe tout de même, car la dilution de la recette ne suffit pas à surprendre, et la perte de puissance évoquée en fin de chronique n'aide pas. Shehili aurait pu être un excellent premier album, mais c'est un cinquième disque. Tant pis.

12

Les critiques des lecteurs

Moyenne 14.5
Avis 4