Écrire ce que l’on ressent à l’écoute d’une musique est toujours une aventure délicate. Aujourd’hui, Moksha de My Sleeping Karma en est l’illustration parfaite. Rares sont les albums qui peuvent prétendre avoir autant de personnalité que celui-ci, et parmi eux seule une infime minorité a autant d’ampleur.
Moksha désigne dans la religion hindoue l’équivalent du nirvana bouddhique, atteint à la fin du cycle de réincarnations. L’image est parfaitement choisie, nous naviguons ici en plein rêve. Se plaçant quelque part entre l’Ether et l’Infini, My Sleeping Karma nous livre une œuvre ésotérique et profonde tout en restant accessible. Ce tour de force a pu être réalisé grâce au génie de leurs compositions : elles sont l’évidence même. D’une simplicité qui n’est que de façade, chacune est un trésor de créativité et de technique à l’image du premier titre Prithvi. D’une intensité sans égale, nous avons ici ce que le groupe a fait de mieux. Plus qu’une réelle évolution, My Sleeping Karma transcende sa musique et la propulse à un tout autre niveau.
Pourtant la formule reste la même : de longues plages sonores centrées autour de riffs incroyablement solides à la guitare et à la basse qui varient en intensité au cours des très nombreuses progressions, ouvrant dans nos cœurs une porte dont on ignorait l’existence. Il y a cependant quelque chose de différent dans cet opus. Il ne s’agit pas de technique ni de la richesse de chaque piste qui frise l’indécence, mais Moksha est plus puissant, plus intense et ouvre les vannes du rêve et de la contemplation, révélant des secrets non formulés. Il suffit d’écouter le morceau éponyme pour se rendre compte de l’ampleur du changement qu’a intégré My Sleeping Karma dans sa musique, de se laisser emporter irrémédiablement pour atteindre une forme de paix intérieure. Chose rare, cet état de transe se prolonge encore bien après la dernière note.
La construction de l’album est elle aussi pensée afin de livrer une expérience unique : après chaque titre, un interlude se glisse pour permettre une certaine redescente. Comme s’il fallait un certain temps pour reprendre contact avec la réalité avant de nous renvoyer nous balader entre les espaces et les dimensions. Loin d’être de simples faire-valoir, ces interludes sont pensés et travaillés pour être de véritables morceaux indépendants mais qui prennent plus d’importance au cœur de l’œuvre globale. Sans être comparables aux autres pistes, ils ont tous leur personnalité propre et prolongent l’expérience, dévoilant un autre axe d’écoute de l’ensemble.
Plus encore qu’un simple disque, Moksha se place comme une expérience à vivre, comme l’expression de couleurs et de sensations jamais imaginées. Le trio propose là un véritable chef d’œuvre qu’il ne faut rater sous aucun prétexte. Attention, décollage garanti.
A écouter : En ouvrant ses chakras