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Biographie

My Own Private Alaska

My Own Private Alaska aime à se présenter comme la réunion de "Trois musiciens assis.
Un pianiste. Et des notes qui amènent loin. Loin d’ici, de tous ces paysages sacrifiés.
Un batteur. Frappant comme si aujourd’hui était le dernier jour à vivre.
Et un chanteur. Condamné à hurler sans répit un romantisme exacerbé,
une violence sournoise, un nihilisme désespéré...
Trois musiciens assis sur une bombe
"

Se réclamant d'influences aussi diverses que Danny Elfman (compositeur de BO de films, ayant notamment fréquemment collaboré avec Tim Burton), Will Haven, Chopin et Helmet, le trio toulousain dépose en 2007 sur la banquise son premier EP, Selt Titled, en autoproduction.

15 / 20
1 commentaire (13/20).
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Let This Rope Cross All The Lands ( 2021 )

Il aura fallu 10 ans pour avoir une suite au projet MOPA.
10 longues années pendant lesquelles chaque musicien aura contribué à faire renailtre certains groupes (Psykup), disparaitre une partie (Agora Fidelio) ou faire émerger d’autres (Miegeville). Et si MOPA, celui de 2020, était la synthèse de ces résurgences ?

Quelle que soit la direction artistique prise par My Own Private Alaska sur Let This Rope Cross All The Lands, on sera à nouveau face à ce parti pris d’épurer la musique de ce quatuor qui rappellera la prise de risque à l’époque. Et avec cinq titres, ce nouvel album rappelle qu’il y a toujours eu un certain talent de composition au sein du microcosme Psykup (Manimal, Agora Fidelio, …), et ce même si le résultat reste parfois litigieux (Amen). Quand résonne « Your Shelter », on repart avec un certain charme, notamment par le travail porté sur le chant, qui se retrouvera sur « Speak To Me » ou « Ego Zero ». Loin d’être fragile dans sa structure, la musique du combo fait preuve d’une force certaine, étouffante par moment, que ce soit par la partie instrumentale (ou le piano reste le centre des attentions) que par les variations vocales (« Ego Zero » et son « Running away » final).

Il est assez fou de voir la simplicité de My Own Private Alaska, mais également la folie qui s’en échappe : du jeu de cordes de « Your Shelter » qui rappellera des envolées Math / Punk au travail plus posé de « There Will Be No One », l’ajout également du quatrième musicien se fait plus subtil, mais apporte un son moins raw à l’ensemble. Propre, ce disque ne l’est pas. Hautain non plus, alors que tout aurait pu s’y prêter (pensez donc, un élément essentiel de la musique reste le piano !). On pourrait citer tous les artistes incontournables au piano (ChopinDebussy, …), mais autant se faire une raison : MOPA ne fait pas du classique, mais bien du Post-Screamo.

Quelle que soit la finalité portée par MOPA, on retiendra que « There Will Be No One » reste en retrait sur sa composition (le refrain, à mes yeux sans équivoque face à celui de « Red »). Et même si cela reste parcellaire, cette sensation entache parfois le travail global de l’oeuvre. Difficile d’y mettre un avis ferme et tranché, l’effet sera un peu parallèle à celui de Lorem Ipsum ou tout groupe un peu décalé : on adhère ou pas.
Est-ce le fait que Let This Rope Cross All The Lands fasse un retour aux sources pour certains (et donc une part de nostalgie) qui en fait sa qualité ? Rien n’est moins sur, tant on sait que le retour d’une composition si atypique apportera, par défaut, un léger vent de fraicheur. N’en reste que cet album est agréable, loin de la surprise précédente, mais reste cohérent (« Speak to Me » par exemple).

Let This Rope Cross All The Lands reprend donc les armes et MOPA ne semble pas laisser peser le poids des années. Le côté plus extreme des premiers opus est passé, et même si l’éponyme reste à mon sens le véritable pavé de la discographie des musiciens, ce nouvel album n’a pas à démériter. Next step, le retour de Manimal ?

10 / 20
16 commentaires (13.31/20).
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Amen ( 2010 )

Rares sont les groupes dans la micro-sphère des musiques dites extrêmes qui ont suscité pareilles polémiques. D’abord inconnu et anonyme (une simple lettre par membre, sorti de nulle part etc), puis sur-médiatisé (le concept, l’épisode Ross Robinson, le sujet de débats rabâché partout) ; adulés par un petit nombre, honnis par les autres ; MOPA fut tantôt trop ci, tantôt trop ça. A la hype succéda la contre-hype. Cycle naturel classique. MOPA voulait qu’on parle de lui, qu’importe la manière. La chose fut réussie…

… et la sortie d’Amen ne déroge pas à ce désir initial. En s’entichant de Ross Robinson (Korn, Limp Bizkit, Glassjaw), en abreuvant internet de vidéos des enregistrements studios et d’interviews tapageurs,  le trio n’a pas baissé pavillon en la matière. Mais après tout, qu’importe. La musique doit se suffire à elle-même. Et c’est bien ici de cela qu’il s’agit. Amen donne donc la nouvelle version de My Own Private Alaska, en 11 titres, dont 4 figuraient déjà sur le Ep. Et comme on pouvait le pressentir, l’affaire n’a plus grand-chose à voir avec la précédente. Le son bénéficie d’une production grande facture, ce qui sied plutôt bien au piano et la qualité acoustique global de l’ensemble. Quelques nouveaux titres font alors leur effet ("Anchorage", "Broken Army", "Just Like You and I") et on se dit que MOPA a un truc dans l'impétuosité qu'on ne peut lui enlever.

Pourtant rapidement – instantanément ? –, la surenchère d’effets, le gonflement trop artificiel des pistes/voix et autres bidouillages techniques dérangent. Pourquoi ? Parce que MOPA se présentait à la base comme un groupe extrêmement épuré, qui jouait nu, les pieds sur la banquise. Le concept exigeait de facto une atmosphère du bout du monde, un épuisement des moyens d’expression, pas un étalage de moyens modernes d’enregistrement. Et c’est là que le bât blesse. En passant par la Robinson touch’, MOPA ressemble à un corps déformé par la créatine. Le contraste est encore plus saisissant lorsque viennent les tracks déjà connues. La rage animale et primaire du chant a disparu. Le côté cru, froid et nihiliste des mélodies n’est plus, l’émotion épidermique est comme enfouie. Ce qui touchait juste se perd, ce qui faisait mal toussote, ce qui semblait à-propos sonne brouillon ("Ode To Silence").

Au final, quand on a connu MOPA à ses débuts, on serait presque tenté de dire qu’Amen est un contresens. Dans le concept MOPA, forme et fond devaient s’entre-nourrir. Amen dénature l’expérience. Il fait d’un scénario pour film d’auteur un blockbuster. Dans la perspective de grandir (au sens de la notoriété ; et il apportera effectivement une plus grande audience), on peut comprendre ce choix ; artistiquement, beaucoup moins.

En écoute sur myspace.

A écouter : "Anchorage", "Broken Army"
15.5 / 20
13 commentaires (17.69/20).
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My Own Private Alaska ( 2007 )

"Would you die for me ? If I say please. Would you sacrifice?"
En textes, en douleur, projeté avec férocité et fracas, My Own Private Alaska transperce la logique de l’œuvre éthérée et se donne à son art comme à la mort, faisant appel à sa partie sombre ("I lie. I cheat. I break") pour défier ses démons.

Hurlement proche de l’étranglement, gorgé de douleur et d’hémoglobine ( l’époustouflant final de "Die For Me" et ces mots répétés "My hand… Your blood") ; calcinée de bout en bout, MOPA fait le pari d’asseoir Takaru et Chopin à la même table, et de concert donne au mouvement Screamo un nouvel horizon d’expression. Calé sur un duo batterie/piano brut, le groupe toulousain alterne les meurtres et les baisers sonores dans une succession de noir et blanc ténébreux. S’appuyant sur la mélancolie de l’instrument massif, MOPA s’échappe de l’(as)ile, exhume ses souffrances et les jettent en pâture ("I Am An Island"). Assez inouï de violence, l'EP organise une épopée musicale profondément audacieuse, embrassant le sublime le poignard à la main ("Kill Me Twice"), le regard sur le monde acéré, tout en faisant défilés un cortège de cris (screamé voire en growl) au milieu des sonates d’inspirations classico-romantiques.

Potentiellement affilié de par sa conception tripartite (chant/batterie/piano) à de l’expérimental, My Own Private Alaska a puisé au delà, pour trouver le point de jonction unissant les sentiments propres aux deux disciplines (Screamo/Classique). Il en résulte une homogénéité poignante, mariant la beauté à l’horreur, l’amour au crime et la contemplation à la passion.
"It’s not a song, it’s just fucking reality..."

En écoute sur Myspace.

A écouter : "Die For Me", "Kill Me Twice", "I Am An Island"