My Dying Bride

Doom Death

Royaume-Uni

Sinamorata

2005

Chronique

par manulerider

My Dying Bride, pilier de la scène doom actuelle, est largement plébiscité au dehors des frontières du genre. Onirisme gothique et énergie suffisent à attribuer aux anglais une musique suffisamment accessible aux metalleux de tous bords. Grâce à une discographie sans réelle fausse note ayant révélé un talent de composition indéniable et renouvelable, le groupe s’est constitué un répertoire des plus riches, assurant, du même coup, des show de qualité, bien que rares. Avec un passage par la France l’été dernier au Fury Fest, l’entité a d’ailleurs pu le prouver aux froggies de la plus belle des manière. Ce Sinamorata tombe donc à point nommé en nos contrées, afin de remémorer aux présents l’ambiance enchanteresse de l’instant, et de donner aux autres une idée de ce que peut être un concert des anglais.

Commençons donc par la pièce maîtresse de ce DVD, un superbe live, pas de toute fraîcheur, certes, puisque enregistré en 2003, à Antwerp (Belgique), mais reflétant parfaitement l’atmosphère d’un concert de My Dying Bride. Quelle est-elle alors, cette ambiance ? Et bien, cela va de soit, la même que sur tous les albums du combo, un mélange de lyrisme ambiant, de décadence exquise par un doom métal très subtil, mais cette fois-ci, noyée dans une légère brume et une pénombre toute secrète. Aaron Stainthorpe se tient là, devant vous, tel un géant schizophrène , dans sa camisole tâchée de sang, totalement hagard et pourtant si présent, avec ses faux airs de christ noir. Saisissant péniblement son micro, il émerveille de par sa voix, tant par les parties qu’il assure, alternances de naïves mélodies et d’un growl profond, que par la justesse avec laquelle il les exécute, prenant pourtant le temps au cours des titres de jouer une très réaliste comédie, en assumant totalement son rôle de fou dangereux. Pour soutenir ce grand poète, deux guitaristes et un bassiste, à la discutable classe (le style metalleux m’a toujours déplu de toute manière), et impartiaux sur les évènements qui les entourent, enfermés dans une bulle et assurant leurs impeccables mélodies. Derrière eux, Shaun Taylor fournit une performance des plus bluffantes derrière ses fûts, démontrant que le doom n’est pas nécessairement une activité de tout repos à la batterie. Ses plans s’enchaînent, passant de rythmiques cardiaques aux blasts les plus sévères, au rythme des nombreux changements d'atmosphère des titres du combo. Enfin, très discrète derrière son clavier, et noyée dans la vapeur ambiante, Sarah Stanton, telle une poupée de cire, offre la clé de voûte de la réussite des compositions de My Dying Bride, grâce à des ambiances à son image, douces et discrètes et pourtant si belles.
Avec une setlist excellemment choisie, représentant tous les albums du groupe à l’exception du premier, As The Flowers Withers, le groupe enchaîne ses meilleures compositions : The Raven And The Rose et son pont black métal, The Cry Of Mankind et son riff angoissé, She Is The Dark et sa malsaine inconstance. Le groupe fait même l’honneur à la salle de présenter trois titres (Catherine Blake, The Wreckage Of My Flesh et The Prize Of Beauty) en avant première extraits de son album alors non sorti, Songs Of Darkness, Words Of Lights, et qu’il est très intéressant de trouver dans ce contexte, vus les chefs d’œuvres dont il s’agit. Ce show est donc un véritable must par rapport à ce que sait faire My Dying Bride, alliant beauté et efficacité, dans une ambiance très apaisante et pourtant dérangeante. Le groupe prouve que parmi les mufles metalleux, il se situe bien à l’écart, avec une classe, peut-être due à leurs origines anglaises, des plus admirables.

Le pire dans tout celà, c’est que l’intérêt de ce DVD ne s’arrête pas là. Outre des menus très représentatifs de l’atmosphère du groupe et procurant leur réel petit effet, Sinamorata nous propose pléthore de photographies, souvent inédites, de live, de vie commune, de rencontres, mais aussi bon nombre de créations graphiques de fans, minutieusement sélectionnées parmi les montagnes que le groupe a du recevoir, tant il s’est créé un univers évocateurs et touchant. A tel point d’ailleurs que, fait rarissime chez un groupe de métal, Sinamorata nous propose deux clips réalisés par des fans (sur My Wine In Silence et My Hope, The Destroyer), avec des mises en scène tenant largement la route et respectant l’esprit auquel nous a habitué le combo. A côté de cela enfin, les clips, officiels cette fois ci, de The Blue Lotus et The Prize Of Beauty, et trois extraits lives d’autres concerts, sur les titres The Dreadful Hours, The Raven And The Rose et She Is The Dark. Autrement dit, ce DVD regorge de bonus, tous très intéressants et pas du tout utilisés pour occuper de la place, apportant un réel plus à la pièce centrale que représente le live et plongeant le curieux dans l’univers si intègre de My Dying Bride.

Au final, Sinamorata se révèle vraiment indispensable pour quiconque est sensible à la magie des anglais, et gros plus pas forcément évident pour un DVD live, sera vraiment le parfait outil pour faire découvrir à un novice la musique du groupe et le monde qui l’entoure. Avec cet intérêt donc, il s’impose comme l’un des tous meilleurs DVD de l’année 2005, malgré sa sortie passée inaperçue en septembre, et saura réserver sont lot de visionnages sublimes et intenses. Magnifique.

16

A noter que le concert a reçu le soin d'un mastering en son 5.1

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.5
Avis 1
mickycuts September 20, 2006 07:44
Ce concert était tout simplement magnifique ! Que se soit au niveau musicale que de celui de l’atmosphère morbide et lourde de cette soirée. Le public tout droit sortit de la tombe complétait à merveille l’ambiance de pure « déprime » auditive que nous a délivré le groupe.



Ce DVD retrace à merveille cette nuit de novembre 2003 à Anvers ou nos âmes se sont détachées de nos enveloppes charnelles durant presque 2h…
16 / 20