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Biographie

Mütterlein

Mütterlein se forme en 2014 en tant que projet solo de la compositrice et multi-instrumentiste Marion Leclercq (ex Overmars) à la recherche d'une catharsis pour outrepasser "le soleil noir de la mélancolie" porté par les ressentiments sociétaux et des épreuves individuelles. Le premier album, Orphans Of The Black Sun sort en 2016 via Sundust Records et se montre témoin d'influences Post-Punk et de Rock occulte, tout comme des incursions Doom, Darkwave et Dark Folk. Avec Bring Down The Flags qui parait en 2021 chez Debemur Morti Prodcutions (ainsi qu'un split avec Limbes la même année) la musicienne expérimente des textures électroniques, Indus et Dark Ambient, tout en y ajoutant des éléments Black Metal et Noise qui mêlent colère et obscurité déchirante.

Chronique

Bring Down The Flags ( 2021 )

L'ombre du soleil noir aveuglant de ténèbres de Dehn Sora plane sur cet album introspectif délivré par Marion Leclerq, ici furieuse démiurge intransigeante et solitaire. Dès les premières notes, son univers nous plonge dans une sorte de Doom Rock / Metal brumeux, aux relents haineux teintés de désespoir.

En six ans, Marion aura radicalement changé sa musique depuis Orphan Of The Black Sun. Nous sommes passés d'un Rock vintage Post-Punk à une prose bien plus agressive, tant au niveau de l'intention que des moyens utilisés. Avec sa batterie curieusement jouée, qui fait parfois plus penser à des percussions qu'un véritable jeu de batterie malgré la grosse veine Indus, qui n'hésite parfois pas à être numériquement ralentie comme dans un cauchemar, ses nappes de sons, que ce soit au synthé ou à la guitare, sa basse parfois semblable à des sons de cors sourds venus d'outre-tombe, Mütterlein délivre ici une œuvre très teintée et personnelle.

Mais Bring Down The Flags n'est pas qu'agressivité sombre et glauque, ce sont aussi des moments de grâce éthérée, une vraie célébration (A Mass Of It) à laquelle on assiste au début sans trop comprendre ce brusque virage si tôt dans l'album, mais à laquelle on succombe sans aucune hésitation, tellement l'ambiance de cette piste pourrait accompagner les plus déprimantes et tristes scènes de films ou de vie qui existent. Pas de culpabilité, mais des regrets, une torpeur dépressive qui nous paralyse. C'est cette originalité qui révèle une vraie intention derrière le projet :The Descent est l'ouverture de la porte, ce qui s'ensuit n'est pas forcément autant agressif.

L'ombre de Dehn Sora semble donc planer au dessus de Marion dans cet album, nimbant de lames denses et aériennes les moments rythmés, faisant penser à la fois à Throane mais aussi à Treha Sektori, voire même à Cuckoo de Terra Tenebrosa dans ses moments les plus sombres. Saluons l'excellent jeu de batterie sur la tubesque Violence And Misery, qui est un parfait condensé de ce que Mütterlein a réussi à faire avec cet album : un mélange de violence, de détresse plus que de haine et la tristesse qui va avec. Le tout, arrangé de manière créative et réfléchie, mixé efficacement, avec une durée n’écœurant pas l'auditeur, qui serait même un poil court tant l'ambiance de cet opus est enivrante, avec cette conclusion étirée en longueur sur la piste Requiem, menée par son rythme soutenu et sa prothèse d'Electro.

Bring Down The Flags est un album différent du précédent, fait par une personne ayant évoluée elle même, tant au niveau des choses qu'elle ressent que celles qu'elle a à dire. Ce qui nous laisse dans l'expectative d'une peut-être, nouvelle facette, aussi surprenante et qualitative que celle ci, pour le futur.