Dur et écorché à la fois Muga, avec ce premier album, parvient à trouver l'équilibre parfait entre force brute (la voix "ogresque" du chanteur) et finesse mélodique. A écouter également la démo The Road of Asura et le split avec Swarrrm.
Muga
Crust/D-Beat

s/t
Chronique
Muga, ou en français, "façon d'être consistant à ne pas faire intervenir la pensée dans la réalisation des tâches quotidiennes", une attitude mentale sensée permettre une vision essentielle des choses et une maitrise parfaite de son ego. Deux syllabes qui en disent long au pays du soleil levant, archipel, qui n'a définitivement plus rien à envier en termes de rock au sens large.
Pour poser les bases sans tergiverser, on dira que Muga joue un Crust/D-Beat osant faire le pont entre la scène canadienne portée par Tragedy et des formations plus "émotives" et mélodiques comme Remains Of The Day, voire Envy dans leurs frasques les plus abrasives et désespérées. Un désespoir latent et omniprésent que l'on discerne immédiatement dès le magnifique morceau introductif, venteux, mystique et surtout sombre à souhait. Une entrée en matière marquante et prenante mais aussi puissante, qui sans attendre, met en avant la production brute et granuleuse dont Muga a bénéficié pour ce premier album mémorable.
Mémorable, car dès les premières frappes jusqu'aux derniers souffles, Muga se donne corps et âme sans jamais baisser de niveau. Pied au plancher, les japonais déversent une musique épique et massive d'une violence rare dont la puissance et la lourdeur jouxte sans mal les assauts de His Hero Is Gone les plus pugnaces. Toutefois, le véritable tour de force réside incontestablement dans l'incorporation d'une touche mélodique incisive, qui sans nuire une seule seconde à la rugosité de l'ensemble, apporte une réelle plus value dans la variété et l'originalité des morceaux. Virevoltant entre harmonies célestes et pilonnages sévères ("Resuscitation", "Journey To The End"), les compositions en ressortent grandies, majestueuses et bourrues à la fois.
Au delà de cette approche, Muga compte avec un double chant masculin/féminin, japonais/anglais littéralement foudroyant qui fait bien plus que simplement s’appuyer sur une alternance vue et revue. Les deux protagonistes se passent le relais et se télescopent jusqu'à la mort dans un souci permanent d'intensité croissante. Très en avant, les vocaux font véritablement office de pièce maitresse et devraient ravir les inconditionnels de Madame Germen ou Garmonbozia. Bref, frissons garantis jusqu'à "Journey To The End", morceau dantesque et plus long que la moyenne, qui conclue en apothéose et impose Muga à notre face comme l'une des formations les plus étonnantes du genre.
Adressé à tous les amateurs de musique furieuse et immédiate, aux vieux briscards du crust et du hardcore comme aux novices (car la musique de Muga est également accessible), ce premier album inscrit les nippons dans la liste des ténors du genre au même titre que Ekkaia et Tragedy. Incontournable.
Télécharger : Camouflage.
Les critiques des lecteurs
Dur et écorché à la fois Muga, avec ce premier album, parvient à trouver l'équilibre parfait entre force brute (la voix "ogresque" du chanteur) et finesse mélodique. A écouter également la démo The Road of Asura et le split avec Swarrrm.
Découverte très sympa, merci à vous ! Difficile d'y résister quand on est fan de Tragedy :o)