Mount Eerie
Lo-Fi / Indie

White Stag
Chronique
Livré à lui-même, Phil Elvrum, se fait l'écho d'une nature humanisée, chargée en histoire et en mythologie. Les notes murmurées de sa guitare sont la face émergée d'instrospections mystiques. Des morceaux qui reflètent un Tout qui reflète l'Homme. Quelle que soit la pièce à laquelle on s'attache dans sa discographie, la musique de Mount Eerie est ce qui nous entoure, un écho lointain d'un environnement auquel nous participons, sujet ou objet.
Disque impromptu, enregistré en moins d'une semaine alors qu'Elvrum est invité par un ami, Matthew Stadler, White Stag est un hommage de plus à la Nature, incarnée par l'esprit d'un cerf blanc qui hante un immeuble universitaire, en plein centre de Portland et rôde, la nuit venue, une fois les étudiants évanouis.
Courants d'air, craquements de pas, portes qui claquent, des murmures qui ancrent le disque dans une réalité inquiétante ("Mud Grave"). Il y a, aussi, les mélodies délicates d'une guitare fantasmagorique et une voix mélancolique qui s'imprègnent des lieux, comme dans un soupir (la bien nommée "Sighing"). Morceaux solitaires et vaporeux qui se donnent à vivre et à partager, les différentes compositions enchantent par leur simplicité et leur délicatesse. L'inspiration est écho du milieu où l'on vit.
Enveloppé dans une brume sonore, White Stag mélange les cordes aux ambiances, une sensation omniprésente d'être entouré d'esprits évanescents (Grouper soufflerait volontiers dans cette atmosphère). C'est un témoignage d'un lieu chargé d'histoire, une chasse au fantastique et à la mémoire. On sentirait, pour un peu, l'animal nous frôler ("Summoning") et quelques chuchotements, "Quiet Echoes", parcourir l'échine, comme un frisson. White Stag ne s'attarde pas, ne laisse aucune trace, ne sera qu'un souvenir fantômatique qui marquera, pourtant. Longtemps. Un souffle. Puis, une réminiscence.