Morrow

Emo / Crust

Royaume-Uni

Fallow

2017
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Auguries Of Menace
02. Beyond The Cleaved Land
03. The Hunt
04. A City Of Gristle
05. Crown In Red

Chronique

par Euka

A l’heure ou les nouvelles se font de chaque jour plus sombres, le concept musical de Morrow prend de plus en plus sens. Ainsi, après deux ans d’attente, lorsqu’un nouvel opus déboule, on devine facilement que les thèmes chers à Alex CF seront encore au coeur du disque et que les mots auront encore plus de poids qu’avant. Le Néo Crust de Morrow n’a rien de surprenant sur Fallow. Après Covenant Of Teeth, la surprise est moindre, mais l’ombre déployée par le combo prend encore de l’ampleur. Des rythmes parfois Postcore de Crown In Red, en s’accoutumant avec des tonalités Crust sur A City Of Gristle, Morrow demeure aussi intense sur Fallow que sur le premier album.

Ici, le tempo s’alourdit, le fil conducteur noircit encore un tableau déjà peu optimiste à ses débuts. Les mots se font encore histoires et contes, peu surprenant lorsqu’on sait l’amour pour l’écriture d’Alex CF, mais garde un verve vocale presqu’animale (Crown In Red) qui se marie parfaitement à la lourdeur de l’ensemble. Et à l’instar de Covenant Of Teeth, la liste de guests vient apporter une véritable variété vocale comme tout autant de bardes clamant ces histoires : AutarchSolGattacaWildspeakerHyena, Monachus et Fall Of Efrafa. Sur la recette initiale, rien à redire : un Emo / Crust avec violoncelle qui allonge dans la douleur certains titres sans pourtant en affadir le rendu : pas moins de douze minutes pour deux morceaux, du chant / spoken word en Tchèque et Suédois, un sentiment épique omniprésent qui me fait intrinsèquement penser à Fall Of Efrafa sur Owsla. Lorsque l'on évoquait Covenant Of Teeth, il était question d'une crainte potentielle de saturation artistique. C’est un peu le cas ici si l’on ne s’arrête qu’à une première écoute : le violoncelle est bien plus intégré que sur Anopheli, les envolées de Postcore d’Archivist sont moins étouffées en Fallow, les styles s’entremêlent sans rupture (A City Of Gristle qui m’évoque parfois les aspects viscéraux de Neurosis), si bien que l’écart se creuse entre chacun des différents projets sans pour autant rompre totalement les fils qui les relient.

Quant aux paroles, sans surprise, les idées du frontman transparaissent dans chaque titre. De The Hunt et son point de vue animal, d’une fin d’un monde sur Crown In Red, la structure est totalement absente de Fallow, tout donne cette sensation d’être poème et non chanson classique, avec une mythologie encore développée (Beyond The Cleaved Land) et chantant une terre malade, ravagée. « All that I am, a graze, a bruise, All that I am, a failing echo, All the I am, rendered meat » : le veganisme du musicien imprègne les mots, confortant cette idée qu’il s’agit d’un combat essentiel pour l’artiste. Et même si vous n’adhérez pas forcement au propos initial, il est difficile de ne pas reconnaître une force dans l’écriture de Fallow lorsqu’on prend le temps de la décortiquer : « Surrender, surrender, No surrender in sight, We tear away the stays and flee from their eyes into crowds of the terrified ».

Fallow est donc ce que peut être beaucoup attendent d’un opus de (Néo) Crust. En rien surprenant lorsqu’on a pu écouter Anopheli, Archivist, Light Bearer ou Fall Of Efrafa, ce nouvel album a pour lui une force de caractère qui vibre sur chaque morceau. Riche en émotions et dans sa construction, cet opus a la bonne idée de s’ouvrir sur Auguries Of Menace, qui devrait être l’élément déclencheur pour avoir envie de prolonger l’expérience.

17

A écouter : 1

Les critiques des lecteurs

Moyenne 12.13
Avis 3