Morrow

Emo / Crust

Royaume-Uni

Covenant Of Teeth

2016
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Fathom
02. The Norr
03. Forgiving Grin
04. Cleaved Fang

Chronique

par rwn

Alex CF au chant, du violoncelle, de l’Emo / Crust, une nouvelle fresque post-apocalyptique… Assez naturellement, la première réaction que l’on peut avoir est « encore ? ». Car effectivement, sans résumer l’existence de ces groupes à sa seule présence et en laissant de côté les formations dissolues (Fall Of Efrafa, Light Bearer, Momentum), le gars semble sérieusement hyperactif. Jugez-en par vous-même : en l’espace d’environ un an, Alex CF fut impliqué dans pas moins de quatre albums : l’éponyme d’Archivist, The Ache Of Want d’Anopheli, Hellish de Carnist et donc ce Covenant Of Teeth de Morrow. Y ajouter les productions à venir dont le processus d’enregistrement a déjà débuté et l’écriture de livres (Seek The Throat From Wich We Sing) donne littéralement le tournis. Donc oui, le talent artistique semblant si souvent être quelque chose de fini, il est logique de s’interroger, de se demander comment cela est possible, de craindre la saturation, l’affadissement et le tarissement de l’intérêt. Il ne faut cependant pas longtemps pour que ces réserves soient balayées d’un revers de main. Pourquoi ?

Parce que si la recette n’est pas tout à fait nouvelle (l’Emo / Crust d’Anopheli contient également du violoncelle et Alex CF a lui-même déclaré que Morrow était pour lui l’occasion de revisiter ce qu’il avait eu l’occasion de jouer par le passé), les formations sus-citées ne sont jamais dans la répétition, la redite. Tel un ouvrage d’orfèvrerie, tout se joue dans les détails, tout est subtilité. La lourdeur, le temps laissé aux compositions pour se développer, a contrario la brusquerie des changements de rythme distinguent Covenant Of Teeth d’un The Ache Of Want et le rapprochent plutôt d’un Silver Tongue tout en proposant une identité distincte. Compliqué ? Il faut dire que de plus en plus, tel un collectif qui ne dirait pas son nom, une communauté de styles et de musiciens semble prendre forme. La liste des innombrables guests crédités est ainsi plus que parlante. On y retrouve des membres d’Anopheli, d’Archivist, de Wildspeaker, de Monachus, de The Nepalese Temble Ball, de Knifedoufofexistence et de Masakari !

Parce que, pour peu que l’univers musical investi par Morrow (pour simplifier, entre Doom et Crust) nous parle, alors on est encore une fois totalement emportés par cette nouvelle démonstration d’art total dans laquelle partitions, paroles et artwork sont réfléchis pour former un tout cohérent. Situé en 4500 après JC, Covenant Of Teeth explore un monde post-apocalypse technologique. A la différence d’Archivist qui dépeignait la fuite intergalactique des derniers humains, l’action se passe ici sur une Terre sur laquelle petit à petit la nature a repris ses droits. Dans ce qui autrefois fut la côte nord-est des Etats-Unis, une communauté éclectique s’est reformée : les Norr. Vivant frugalement, ceux-ci ont pris refuge dans les ruines d’anciens bâtiments de guerre. Les squelettes des anciennes cités les interpellent et font émerger dans leurs esprits la possibilité d’une domination passée de l’Homme sur les éléments. Plus au sud, d’autres communautés se montrent cependant déjà plus avides. Ne se contentant pas de ce que la Nature peut leur offrir, certains clans entament des migrations qui apportent avec elles le retour de la violence… On reconnait bien là les thèmes de prédilections d’Alex CF : l’éco-fiction.

Enfin et surtout parce que, plus qu’un simple nouvel opus dans une discographie, Covenant Of Teeth apparait comme une forme d’apothéose dans laquelle tout sonne juste. Les passages lents n’ont jamais été autant porteurs de tension, le violoncelle s’intègre encore mieux dans le paysage sonore en faisant écho aux soli de guitare et enfin la multitude de guests vocaux rajoute à l’incroyable densité de l’ensemble pour constituer ce qui est définitivement un des albums de l’année du genre !

17

Les critiques des lecteurs

Moyenne 17
Avis 2