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Biographie

Morrow

Morrow est l'un des projets d'Alex CF (Carnist, Fall Of Efrafa, Light Bearer, Anopheli...) qui prend forme en 2014 à Londres. Il s'entoure alors de David Robinson (Guitare / Basse / Batterie - *Shels, Devil Sold His Soul...) et de Nicole (Violoncelle - Anopheli). Le combo évolue dans un Emo / Crust à la croisée de Madame Germen, Remains Of The Day, Schifosi, Tragedy, His Hero Is Gone ou Ictus. Un premier opus, Covenant Of Teeth, sort en avril 2016 chez Alerta Antifascista et Halo Of Flies. Alastair Fyffe rejoint le trio pour s'occuper de la basse sur le prochain disque, Fallow, qui parait en 2017. Sont invités à chanter sur l'album, Brian Cullen (Anopheli, Elle), Josh Seitman (AnopheliDetrimental Greed) et Lacy. Morrow revient en 2021 avec l'album The Quiet Earth où l'on retrouve encore une fois de nombreux.ses invité.e.s au chant : Anna (Archivist, Anopheli), Carl Auge (His Hero Is Gone), Ian Makau (DaydreamThe Wakai...), Gerfried Ambrosch (Momentum, Light Bearer), Oskar Karlsson (Icos, Monachus), Natalie (Wildspeaker)...

17.5 / 20
2 commentaires (17/20).
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The Quiet Earth ( 2022 )

Comme à son habitude, Morrow a décidé de s’entourer d’une multitude de musiciens pour The Quiet Earth (à ne pas confondre avec le film&le roman du même nom), avec des musiciens de His Hero Is GoneAutarch, Drei Affen, Archivist ou encore Wildspeaker qui viennent associer leur voix à ce troisième album. Car au-delà des 8 musiciens de Morrow, quatorze autres lignes vocales complètent ce disque d’Emo Crust.
Via Fallow, le combo me semblait avoir déjà atteint un sommet musical, mais The Quiet Earth se révèle encore plus épique et apocalyptique.

Plus riche, plus fou, plus captivant. Plus, plus, plus. Tout est poussé aux extrêmes, que ce soit la bestialité de certains mots, le côté ultra mélodieux qui accompagne le tout (« Totemic », LE titre de ce disque). S’y ajoutent les trompettes de fin du monde pour achever le tout, pour finir de te mettre la tête dans le sable : Le rendu guerrier de Covenant of Teeth prend ici des allures de fable équipe.
Ce Surrender de « Fugue Plague » prend écho sur celui de « Crown In Red » (Fallow), le tempo a du mal à tenir en place (« To The Fold ») et chaque titre semble prendre des airs d’épopée. Le violoncelle, toujours présent, se voit complété par les cuivre pour achever le tout.
Fable à nouveau contée par Alex CF, barde décidément très à l’aise sur le sujet depuis plus de quinze ans,The Quiet Earth prend les mêmes apparats que les sorties précédentes : une succession de textes presque prophétiques (on rappelle que Light Bearer se faisait quasi-biblique dans son approche) et surtout une fin qui s’annonce totale : « Countless moments chronicled! / Of lost fortunes and grave missteps! / Amongst your living memory! / All are welcome, for the morrow. » hurlé à l’unisson. Jusque dans la symbolique de l’artwork, tout nous annonce un adieu : l’envol de la fusée, l’affrontement (narré par moment ici), la couleur blanche, la disparition totale des symboles végétaux, …

Il est intéressant également de retrouver certaines paroles répétées sur le premier album et The Quiet Earth, mot pour mot : ce « we are nothing but the ice made flesh / we seek nothing but our right in rest ». De tels mots martelés, à l’instar de ce « Surrender », n’en font pas qu’un fil rouge mais bien une oeuvre globale à part entière. On peut se laisser emporter par la déferlante The Quiet Earth, difficile de ne pas en faire un parallèle avec le constat actuel. Fallow faisait ressentir son antispécisme, ce nouvel album y glisse des mots qui font un constat triste du monde (les paroles de « Rejoice this Quiet Earth »). Et si on devait s’évanouir maintenant, que resterait-il ? Sans doute le conte de Norr écrit ici par Morrow. Et dans la réalité, sans doute un monde décharné comme celui de Archivist.

Profitons-en pour parler de la cohérence de l’ensemble : Au-delà d’un seul disque, Morrow en sort trois, avec une recette qui prend en ampleur au fil des années. Mais le mythe reste cohérent, gagne en exécution comme le personnage central des artworks, dont les traits se font de plus en plus fins.
Comme d’habitude, on ne peut pas être surpris par ce disque si l’on connaît l’univers qui gravite ici, néanmoins The Quiet Earth continue le récit initié par Alex CF, qui aime décidément les fils rouges dans sa discographie et ses activités annexes (on rappelle que l’artiste a commencé un cycle de romans depuis quelques années). Impossible d’être déçu. Impossible en écoutant de se dire qu’il y a une issue positive.

17 / 20
4 commentaires (12.13/20).
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Fallow ( 2017 )

A l’heure ou les nouvelles se font de chaque jour plus sombres, le concept musical de Morrow prend de plus en plus sens. Ainsi, après deux ans d’attente, lorsqu’un nouvel opus déboule, on devine facilement que les thèmes chers à Alex CF seront encore au coeur du disque et que les mots auront encore plus de poids qu’avant. Le Néo Crust de Morrow n’a rien de surprenant sur Fallow. Après Covenant Of Teeth, la surprise est moindre, mais l’ombre déployée par le combo prend encore de l’ampleur. Des rythmes parfois Postcore de Crown In Red, en s’accoutumant avec des tonalités Crust sur A City Of Gristle, Morrow demeure aussi intense sur Fallow que sur le premier album.

Ici, le tempo s’alourdit, le fil conducteur noircit encore un tableau déjà peu optimiste à ses débuts. Les mots se font encore histoires et contes, peu surprenant lorsqu’on sait l’amour pour l’écriture d’Alex CF, mais garde un verve vocale presqu’animale (Crown In Red) qui se marie parfaitement à la lourdeur de l’ensemble. Et à l’instar de Covenant Of Teeth, la liste de guests vient apporter une véritable variété vocale comme tout autant de bardes clamant ces histoires : AutarchSolGattacaWildspeakerHyena, Monachus et Fall Of Efrafa. Sur la recette initiale, rien à redire : un Emo / Crust avec violoncelle qui allonge dans la douleur certains titres sans pourtant en affadir le rendu : pas moins de douze minutes pour deux morceaux, du chant / spoken word en Tchèque et Suédois, un sentiment épique omniprésent qui me fait intrinsèquement penser à Fall Of Efrafa sur Owsla. Lorsque l'on évoquait Covenant Of Teeth, il était question d'une crainte potentielle de saturation artistique. C’est un peu le cas ici si l’on ne s’arrête qu’à une première écoute : le violoncelle est bien plus intégré que sur Anopheli, les envolées de Postcore d’Archivist sont moins étouffées en Fallow, les styles s’entremêlent sans rupture (A City Of Gristle qui m’évoque parfois les aspects viscéraux de Neurosis), si bien que l’écart se creuse entre chacun des différents projets sans pour autant rompre totalement les fils qui les relient.

Quant aux paroles, sans surprise, les idées du frontman transparaissent dans chaque titre. De The Hunt et son point de vue animal, d’une fin d’un monde sur Crown In Red, la structure est totalement absente de Fallow, tout donne cette sensation d’être poème et non chanson classique, avec une mythologie encore développée (Beyond The Cleaved Land) et chantant une terre malade, ravagée. « All that I am, a graze, a bruise, All that I am, a failing echo, All the I am, rendered meat » : le veganisme du musicien imprègne les mots, confortant cette idée qu’il s’agit d’un combat essentiel pour l’artiste. Et même si vous n’adhérez pas forcement au propos initial, il est difficile de ne pas reconnaître une force dans l’écriture de Fallow lorsqu’on prend le temps de la décortiquer : « Surrender, surrender, No surrender in sight, We tear away the stays and flee from their eyes into crowds of the terrified ».

Fallow est donc ce que peut être beaucoup attendent d’un opus de (Néo) Crust. En rien surprenant lorsqu’on a pu écouter Anopheli, Archivist, Light Bearer ou Fall Of Efrafa, ce nouvel album a pour lui une force de caractère qui vibre sur chaque morceau. Riche en émotions et dans sa construction, cet opus a la bonne idée de s’ouvrir sur Auguries Of Menace, qui devrait être l’élément déclencheur pour avoir envie de prolonger l’expérience.

17 / 20
2 commentaires (17/20).
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Covenant Of Teeth ( 2016 )

Alex CF au chant, du violoncelle, de l’Emo / Crust, une nouvelle fresque post-apocalyptique… Assez naturellement, la première réaction que l’on peut avoir est « encore ? ». Car effectivement, sans résumer l’existence de ces groupes à sa seule présence et en laissant de côté les formations dissolues (Fall Of Efrafa, Light Bearer, Momentum), le gars semble sérieusement hyperactif. Jugez-en par vous-même : en l’espace d’environ un an, Alex CF fut impliqué dans pas moins de quatre albums : l’éponyme d’Archivist, The Ache Of Want d’Anopheli, Hellish de Carnist et donc ce Covenant Of Teeth de Morrow. Y ajouter les productions à venir dont le processus d’enregistrement a déjà débuté et l’écriture de livres (Seek The Throat From Wich We Sing) donne littéralement le tournis. Donc oui, le talent artistique semblant si souvent être quelque chose de fini, il est logique de s’interroger, de se demander comment cela est possible, de craindre la saturation, l’affadissement et le tarissement de l’intérêt. Il ne faut cependant pas longtemps pour que ces réserves soient balayées d’un revers de main. Pourquoi ?

Parce que si la recette n’est pas tout à fait nouvelle (l’Emo / Crust d’Anopheli contient également du violoncelle et Alex CF a lui-même déclaré que Morrow était pour lui l’occasion de revisiter ce qu’il avait eu l’occasion de jouer par le passé), les formations sus-citées ne sont jamais dans la répétition, la redite. Tel un ouvrage d’orfèvrerie, tout se joue dans les détails, tout est subtilité. La lourdeur, le temps laissé aux compositions pour se développer, a contrario la brusquerie des changements de rythme distinguent Covenant Of Teeth d’un The Ache Of Want et le rapprochent plutôt d’un Silver Tongue tout en proposant une identité distincte. Compliqué ? Il faut dire que de plus en plus, tel un collectif qui ne dirait pas son nom, une communauté de styles et de musiciens semble prendre forme. La liste des innombrables guests crédités est ainsi plus que parlante. On y retrouve des membres d’Anopheli, d’Archivist, de Wildspeaker, de Monachus, de The Nepalese Temble Ball, de Knifedoufofexistence et de Masakari !

Parce que, pour peu que l’univers musical investi par Morrow (pour simplifier, entre Doom et Crust) nous parle, alors on est encore une fois totalement emportés par cette nouvelle démonstration d’art total dans laquelle partitions, paroles et artwork sont réfléchis pour former un tout cohérent. Situé en 4500 après JC, Covenant Of Teeth explore un monde post-apocalypse technologique. A la différence d’Archivist qui dépeignait la fuite intergalactique des derniers humains, l’action se passe ici sur une Terre sur laquelle petit à petit la nature a repris ses droits. Dans ce qui autrefois fut la côte nord-est des Etats-Unis, une communauté éclectique s’est reformée : les Norr. Vivant frugalement, ceux-ci ont pris refuge dans les ruines d’anciens bâtiments de guerre. Les squelettes des anciennes cités les interpellent et font émerger dans leurs esprits la possibilité d’une domination passée de l’Homme sur les éléments. Plus au sud, d’autres communautés se montrent cependant déjà plus avides. Ne se contentant pas de ce que la Nature peut leur offrir, certains clans entament des migrations qui apportent avec elles le retour de la violence… On reconnait bien là les thèmes de prédilections d’Alex CF : l’éco-fiction.

Enfin et surtout parce que, plus qu’un simple nouvel opus dans une discographie, Covenant Of Teeth apparait comme une forme d’apothéose dans laquelle tout sonne juste. Les passages lents n’ont jamais été autant porteurs de tension, le violoncelle s’intègre encore mieux dans le paysage sonore en faisant écho aux soli de guitare et enfin la multitude de guests vocaux rajoute à l’incroyable densité de l’ensemble pour constituer ce qui est définitivement un des albums de l’année du genre !

Morrow

Style : Emo / Crust
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