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Biographie

Mord'A'Stigmata

Mord'A'Stigmata se forme en 2004 à Bochnia en Pologne par Static, guitariste et principal compositeur. Il s'entoure de Sickill (Basse), Sadist (Guitare), Doom L. Voxmord Stigmator V'nderer (Chant) et Ragnar (Batterie) avec qui il sort trois démos en 2005 et 2006 avec des morceaux qui seront compilés sur Diagonal Dividing Humanity en 2006. Mais tous les musiciens délaissent Static en 2007 qui se retrouve seul à manœuvrer son projet. C'est pourtant sous ce line-up avec Sickhill aux claviers et A. Arkham à la basse et au chant que Mord'A'Stigmata sort son premier album, Überrealistic, fin 2008 chez Lilith Productions. Static s'entoure alors de Ion (Basse / Chant), Michał Kowal (Batterie) et Silencer (Guitare / Chant) pour la suite du projet et avec qui ils sortent leur second disque, Antimatter via Sun&Moon Records.

Golem XIV remplace Silencer à la guitare en 2013 et la formation polonaise signe chez Pagan Records et sort Ansia la même année. Suivent l'ep Our Hearts Slow Down en 2015 et Hope en 2017. Ygg remplace Michał Kowal derrière les fûts et c'est ainsi qu'ils composent Dreams Of Quiet Places puis Like Ants And Snakes en 2022. Depuis leurs débuts au sein de la scène Black Metal underground, Mord'A'Stigmata a su se détacher des carcans stylistiques en incorporant des influences multiples, du Post Metal à l'Indus en passant par la Coldwave et en repoussant toujours plus loin les frontières de leur musique.

Chronique

16.5 / 20
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Dreams Of Quiet Places ( 2019 )

On ne le répétera jamais assez, plus qu’un style prédéfini et caractérisé par des marqueur précis, le Black Metal est avant tout une question d’état d’esprit, de sentiment et de volonté d’appartenance à cette scène. Ainsi, c’est le fait de posséder "Satan dans leur cœur" qui fait que les polonais de Mord’A’Stigmata se revendiquent comme un groupe de Black Metal. La citation peut évidemment prêter à sourire, mais chacun ici comprendra l’image et surtout voit ce dont il est question lorsqu’on évoque cette chose indicible, qui transcende toute définition théorique et qui fait que l’initié sait ce qui rattache telle musique à tel style.

Dreams Of Quiet Places, titre ne saurait être plus trompeur. Une grande partie des quelques 45 minutes que dure l’album se passe certes sur un mid-tempo, mais ne vous y fiez pas. Ce rythme ne dit en effet absolument rien de la froide lourdeur ressentie dès l’ouverture de Between Walls Of Glass, par ailleurs magistrale, qui développe une lente mise en place des instruments puis du chant, à la limite du spoken word écorché tant la voix de Ion porte en elle une forme de détachement. L’album comporte son lot de titres qui se rapprochent du standard Black Metal (Exiles), mais force est de constater que le le style pratiqué par un certain nombre de formations de l’Europe de l’Est a décidément une saveur particulière. On peut ainsi penser aux derniers opus d’Au-Dessus (avec lesquels les polonais cultivent une certaine parenté) ou à leurs compatriotes de Furia (en particulier sur The Stain dont l'intro toute en cymbales rappelle l'ouverture de Księżyc Milczy Luty, ou sur le refrain de Void Within). Indéniablement, c’est ici cette touche Electro / Cold Wave qui marque les esprits, tant elle drape l’ensemble dans une ambiance glaciale mais, au-delà, c’est cette capacité à déconstruire un style et à l’hybrider qui rassemble les formations précitées. 

Vouloir jouer aux apprentis Frankenstein est une chose, le faire avec talent en est une autre. Cette alchimie qui prend corps au fur et à mesure de l’enchaînement des titres parle pour elle-même. S’appuyant sur une production impeccable, Mord’A’Stigmata nous emmènent où ils veulent. Un morceau comme Spirit Into Cristal nous fait ainsi passer en neuf minutes de l’Indus syncopé à du Metal Progressif façon Mastodon. Il y a des signes qui ne trompent pas. Par exemple, lorsqu’on est sur le point d’écrire que même les interludes ont un intérêt, qu’ils dépassent le rôle de transition, c’est qu’il est temps de se rendre compte que, de l’écriture d’une chronique, on est gentiment en train de dériver vers une déclaration d’amour. Cependant, allez donc quand même écouter The Stain, véritable ode à la section rythmique, qui est par ailleurs très en forme sur la fin de l’album.

N’en jetez plus, avec Dreams Of Quiet Place, on tient un des albums de Black Metal de l’année. Complexe tout en restant assez facile d’accès, le disque fascine de bout en bout. A sa conclusion, une seule interrogation demeure : à quoi donc aurait-il ressemblé si les-dits rêves avaient été un peu plus agités ?