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Biographie

Moonspell

Il faut remonter en 1989, pour trouver les racines du groupe connu alors sous le nom de Morbid God,  c’est 3 ans plus tard peu avant la sortie de leur première démo Serpent Angel qu’ils optent pour Moonspell
En 1994 les choses se lancent réellement tout d’abord avec la sortie d’un mini album Under The Moonspell, puis avec la signature chez Century Media pour 6 CDs. Wolfheart, le premier album est produit par Waldemar Sorychta (qui produira par la suite Irreligious, Sin/Pecado et Memorial). Pour la petite anecdote en 2010 les services postaux portugais ont utilisé la pochette à l’occasion d’une collection limitée de timbres ayant pour thème « le rock au Portugal ». Moonspell jusque là ancré dans un style proche du Black Metal oriente davantage sa musique vers des ambiances gothiques pour son second opus Irreligious, qui sort en 1996 (il sera remasterisé l'année suivante); son premier single Opium (un des titres les plus connus du groupe) contient des extraits de poèmes portugais écrits par Fernando Pessoa et Alvaro de Campos
1998 voit le groupe entrer dans une période plus expérimentale, avec la sortie de Sin/Pecado en Janvier; le nom de l’album est issu de la phrase Ave María purísima sin pecado concebido pouvant être traduit par Je vous salue Marie très pure conçue sans péché. Il sera rapidement suivi par The Butterfly Effect en 1999, opus inspiré par la théorie du chaos, il est également le plus expérimental de la discographie de Moonspell intégrant beaucoup d’éléments électroniques et industriels; la production fut assurée par Andy Reilly
Dans une veine metal gothique plus classique, Darkness and Hope (produit par Hiili Hiilesmaa producteur nottament de The 69 EyesPoisonblackHIM et qui produira l’album suivant) arrive dans les bacs en 2001; son artwork est l’œuvre d’un artiste polonais Wojciech Blasiak, certaines versions limitées sont agrémentées de reprises comme Mr. Crowley d’Ozzy Osbourne ou Love Will Tear Us Apart de Joy Division. Dans le même esprit le groupe sort The Antidote deux ans plus tard (avec Niclas Etelävuori d’Amorphis en tant que bassiste de session); en parallèle et totalement lié tant dans l'histoire que dans le concept sort un livre écrit par José Luís Peixoto ou chaque titre du CD se trouve lié à un chapitre du livre. Il faudra attendre 2006 pour avoir le septième opus des portugais entre les mains, Memorial plus puissant que ses prédecesseurs marque la fin du partenariat avec Century Media et voit le groupe signer chez SPV. Un an s’écoule, puis Moonspell sort  Under Satanae  une réédition de morceaux issus de ses premières démos, suivie en 2008 par le premier DVD du groupe, espéré depuis 2005 et retardé par des problèmes de droits, celui qui devait s’appeler Lunar Still/13 Years of Doom, débarque finalement sous le nom de Lusitanian Metal. La même année  Night Eternal un nouvel album est enregistré, il voit la participation d’Anneke Van Giersbergen (ex The Gathering) sur le single Scorpion Flower
Pour Alpha Noir / Omega White (dont la production a été assurée par Tue Madsen (The Haunted, Hatesphere, Mnemic …) également producteur d’Under Stanae et Night Eternal), le groupe prend beaucoup plus de temps qu’à l’accoutumée, annoncé en Juillet 2010 l’album n’est disponible qu’en Avril 2012 chez Napalm Records. Les membres déclarent s’être inspirés entre autres de BathoryKing DiamondOnlaught, les premiers Metallica ou encore Testament pour sa composition et le qualifient comme « le plus excitant, le plus sexy, le plus sombre, le plus heavy, le plus catchy » qu’ils ont enregistré jusqu'ici.

Line Up :
Fernando Ribeiro (Chant)
Miguel Gaspar (Batterie)
Ricardo Amorim (Guitare)
Pedro Paixão (Clavier/Guitare)
Aires Pereira (Basse)

Chroniques

1755 Extinct
16.5 / 20
5 commentaires (15.3/20).
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1755 ( 2017 )

Tel l'astre sous lequel il pratique ses sortilèges, Moonspell est changeant. Là où certains affectionnent le côté Rock Gothique des claires nuits de pleine Lune, d'autres préfèrent l'obscurité d'un nouveau cycle, et 1755 ravira plutôt la deuxième catégorie. Plus Memorial qu'Irreligious, plus Alpha Noir qu'Omega White, si comme moi Extinct vous avait quelque peu laissé sur votre faim (ou pas, d'ailleurs), il y a des chances que celui-ci vous comble.

On en revient donc à des compositions fondamentalement plus sombres et heavy, à des titres marqués du growl si particulier de Fernando Ribeiro, mais puisque les Portugais ne font jamais deux fois le même album, on arrêtera les comparaisons sur un point commun avec The Antidote : son aspect conceptuel. Là où son aîné existait en parallèle d'une fiction écrite par l'auteur José Luis Peixoto, 1755 nous projette plutôt dans un événement historique survenu le 1er novembre de la même année, à savoir le séisme de Lisbonne, d'une magnitude estimée entre 8,5 et 9 sur l'échelle de Richter, une secousse suivie par un tsunami et de multiples incendies, ravageant la quasi-totalité de la ville et provoquant environ 60 000 victimes. Une catastrophe dont les conséquences s'étendent bien au-delà des frontières du Portugal, et cause de bien des remous dans les sphères religieuses et philosophiques*, c'est cette approche que favorise ici Moonspell, en témoignent des titres comme In Tremor Dei ("dans la crainte de Dieu") ou Todos Os Santos ("tous les saints").

Hormis quelques citations latines, les paroles sont d'ailleurs exclusivement en portugais, là où son utilisation n'était qu'exceptionnelle par le passé, renforçant la cohérence de l'album (une traduction en anglais est toutefois fournie dans le livret, afin de les rendre accessibles au plus grand nombre). À cela s'ajoute la participation de Paulo Bragança, chanteur de Fado (chant populaire portugais), sur In Tremor Dei, pimentant le titre d'une touche supplémentaire de saveur locale, ou encore la reprise de Lanterna Dos Afogados du groupe de Rock brésilien Os Paralamas Do Sucesso pour le côté rayonnement à l'international.

L'autre tendance spécifique à 1755, c'est un aspect symphonique encore jamais exploité à ce point par le groupe. Ainsi In Nome Do Medo, repris d'Alpha Noir et placé en introduction, se voit complètement transfiguré dans une version remaniée par Jon Phipps (qui avait déjà œuvré sur Exctinct mais aussi avec Amorphis, Angra, Devilment...), qui apportera sa contribution tout au long de l'album. Si dans l'ensemble la dimension orchestrale possède un peu moins de relief qu'on ne l'aurait attendu (la faute à sa conception purement virtuelle?), elle ne s'en accorde pas moins efficacement avec les chœurs des Crystal Mountain Singers pour soutenir et amplifier l'onde de choc provoquée par les musiciens.

Pour son onzième album, c'est donc avec brio que Moonspell ressuscite un pan de l'histoire portugaise, à la fois spectaculaire et terrible. Continuer à se réinventer avec autant de pertinence après vingt-cinq d'existence, c'est une force bien rare. Qui sait où nous les trouverons la prochaine fois ?

*Le Portugal était alors (et demeure encore) un état à la catholicité profondément enracinée. Le "châtiment divin" auquel peuvent être associées les catastrophes naturelles a dans ce cas rasé une quarantaine d'églises de la capitale lusitanienne le jour de la Toussaint, suscitant interrogations et débats.

16 / 20
16 commentaires (16.41/20).
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Extinct ( 2015 )

Moonspell fait son retour en 2015 avec un nouvel opus intitulé Extinct. Plus rock que metal cet album s'inscrit dans la lignée de Omega White, la partie la plus atmosphérique du dyptique formé avec Alpha Noir en 2012. 

L'une des premières réflexions que l'on peut se faire c'est que ce disque semble référencé. Les mélodies ne sont pas sans évoquer Sentenced, tandis que le chant rappelle celui de Peter Steele, le chanteur de Type O Negative.On obtient ainsi un album de rock gothique de toute première qualité. Moonspell nous gratifie de mélodies aussi accrocheuses que celles de Until We Are No More, Extinct ou bien encore Last of Us, un énorme tube potentiel. Les riffs sont puissants, la production parfaite et l'interprétation idéale pour le style défendu. Mais Moonspell nous gratifie aussi de belles instrumentations comme celle orientale de Medusalem, avec en prime un beau solo de guitare. Domina est celle qui se rapproche le plus de Type O Negative tant pour le chant que pour la construction musicale, entre acoustique et passes de guitare de haute volée. 

Les lyrics de Extinct donnent par ailleurs dans la métaphore et le genre épique ce qui magnifie les compositions en offrant à l'auditeur une expérience unique. Malignia et The Future is Dark s'avèrent par exemple deux belles chansons d'amour déçu, sans jamais être mièvres. Funeral Bloom est aussi épique que diablement efficace dans une veine proche de Sentenced comme on a pu l'évoquer plus haut. Idem pour A Dying Breed avec ses backing vocals hurlés. Clairement Moonspell maîtrise son sujet en imbriquant tous les bons ingrédients au bon dosage. Extinct a beau sembler simple au premier abord, il se révèle au fil des écoutes d'une grande richesse. Moonspell étonne encore en terminant avec La Baphomette chantée en français et posée sur une orchestration majestueuse. 

Moonspell se renouvelle de belle manière avec un disque profond, épique et lyrique quant il le faut. Le côté gothique est parfaitement assumé et se révèle d'une grande importance dans la réussite de ce disque. Extinct vous est donc chaudement recommandé. 

A écouter : Last of Us, Medusalem, Funeral Bloom