Monolord
Stoner / Doom

Rust
01. Where Death Meets The Sea
02. Dear Lucifer
03. Rust
04. Wormland
05. Forgotten Lands
06. At Niceae
Chronique
La musique de Monolord est une onde basse fréquence porteuse d’une vibration qui s’immisce au plus profond de votre corps, rentre en résonance avec le moindre de vos neurones, et génère un irrésistible phénomène d’oscillation. Infiniment lent, rythmé par une pulsation proche de la bradycardie Rust possède également une inertie pachydermique trompeuse par son apparente nonchalance. Saturé de fuzz, ce large fleuve indolent sur lequel flotte, tel un frêle esquif, le chant clair et magnifié par les réverbérations de Thomas Jäger, se transforme parfois en un torrent nerveux, venant là surprendre l’auditeur léthargique. Refusant de céder aux sirènes de la facilité, les suédois n’hésitent en effet pas à recourir à de franches ruptures, rompant ainsi un équilibre qui, établi depuis de longues minutes, semblait immuable. Si la première banderille est lancée par le break rageur de Rust qui sert ensuite de point d’appui à un riff épique, que dire du final d’At Nicae et du long passage où basse et batterie se taisent pour laisser la place à un solo tout en fuzz qui vous prend tel un long frisson vous parcourant l’échine. De son entame ultra dynamique jusqu’à son crépuscule à la guitare sèche, Rust est une succession de moments forts unis les uns aux autres par une cohérence dans les compositions. Cependant le paroxysme est atteint sur l’instrumental Wormland, lors de cet instant d’une rare beauté où un violon vient reprendre et magnifier le riff de la guitare.
Alors que par le passé, en cherchant bien, pouvait leur être reproché un certain monolithisme, Monolord a ici notablement passé un palier en termes de composition. Jouant sur les différences de tempo et d’énergie, sur les lentes métamorphoses tout autant que sur les coups d’arrêt, les titres se font plus variés mais pour autant, les suédois ne font pas dans la surenchère. L’approche reste humble, directe. Bloc d’une incroyable cohérence, Rust met également à l’honneur chacun des instruments à partir desquels il a été façonné. On s’imagine alors les heures d’enregistrement, en compagnie d’un grand nom de la production, nécessaires à la genèse de cette relation symbiotique. Et bien non, figurez-vous que tout cela a principalement été composé sur la route, entre deux dates d’une tournée sans fin et enregistré dans le studio DIY du groupe, à Göteborg. Il y a bien là de quoi en faire réfléchir plus d’un.
Rust surpasse donc Vænir ce qui, de facto, fait de lui un des albums si ce n’est l’album de Doom de cette année 2017. Rien de plus.