Monolord
Stoner / Doom

Vænir
01. Cursing The One
02. We Will Burn
03. Nuclear Death
04. Died A Million Times
05. The Cosmic Silence
06. Vænir
Chronique
Ah… L’incomparable et tant redoutée passe du second album. Effondrement total pour les uns, bénédiction pour les autres, ce deuxième opus, qui se doit d’à la fois confirmer et développer la magie, n’est pas de tout repos. D’autant plus lorsque le premier effort n’a qu’une petite année au compteur et qu’il a su fédérer les adeptes d’un genre devenu si populaire qu’il en perd parfois la tête et ses recettes. Pour Monolord en revanche, la passe de deux n’est pas un problème, loin de là.
Nos amis bûcherons nordiques ici présents ont tout compris. Leur premier album, Empress Rising, leur a permis d’acquérir une notoriété fulgurante dans le royaume du Stoner/Doom, là où beaucoup d’autres prétendants n’ont pas dépassé les phases de qualification. Il s’agit là pourtant d’un genre particulièrement apprécié, « hype » diront certains, qui remplit des salles de plus en plus importantes depuis ses premiers soubresauts il y a une bonne vingtaine d’années. Monolord est un groupe intelligent, qui propose une mixture savamment dosée entre l’héritage poussiéreux de leurs glorieux ainés (des rois Black Sabbath aux princes Candlemass) et la touche graisseuse moderne d’un Stoner plombé à la Kyuss. Le chant entre directement dans les stéréotypes du genre : clair, assez aigüe, blindé de réverb, mixé volontairement en retrait des instruments.
La recette semble assez largement éculée me diriez-vous… Absolument répondrais-je.
Pourtant, Monolord le fait foutrement bien.
La productivité à outrance peut paraître effrayante. En effet, les artistes qui se targuent de pouvoir sortir tous les ans des albums dignes d’intérêt ne sont pas légions. Encore un cliché que les Suédois font voler en éclat avec leur nouvel opus. Vaenir est la suite tout ce qu’il y a de plus logique d’Empress Rising, sauf qu’à l’écoute, la drôle d’impression d’avoir affaire à un groupe qui a dix ans d’expérience est saisissante. Là où l’album précédent se perdait un tant soit peu dans sa créativité, ce nouvel effort rend chaque seconde digne d’intérêt. Monolord prend son temps. Les six morceaux de Vaenir s’apprécient sur la durée : les constructions sont précises et les ambiances sont finement travaillées, notamment à l’aide de quelques éléments de Field Recordings bien sentis.
Les riffs - élément prépondérant pour le genre dont il est question ici - se savourent avec ce petit sourire incontrôlable, gage de qualité. C’est justement là où Monolord frappe fort : le travail derrière chaque accord saute aux oreilles. Prenez la fin de We Will Burn ou encore Died A Million Times et laissez vos cervicales faire le boulot. Le morceau éponyme laisse entendre un groupe en pleine confiance, avec cette lente montée en puissance dont l’éruption laisse l’auditeur cloué au siège.
Enfin, comment ne pas évoquer cette production titanesque. A chaque coup de guitare, une tempête de sable ardent vous égratigne le visage. Les rythmiques rocailleuses et processionnaires pèsent sur votre nuque : vous mordez la poussière à mesure que la chape de plomb se charge d’asphyxier le semblant d’air qu’un morceau tel que The Cosmic Silence semblait bien vouloir vous octroyer. Bluffant.
Monolord persiste et signe avec cette nouvelle bûche féroce. Ce deuxième opus confirme les espoirs placés l’année dernière dans le trio Suédois. Avec Vaenir, ils se permettent même de jouer des coudes pour se placer en tête de file d’une scène Stoner/Doom qui avait bien besoin de nouveaux repères. Les futurs patrons, c’est eux. Les cartes sont en tout cas entre leurs mains.
A écouter : 1
Du bon doom.