Right, mais localisé à Berlin comme le précise la bio.
Monno
Noise / Drone Rock
Ghosts
Chronique
Des risques. Celui de rentrer dans le rang. Celui de devenir Monn O))). Celui de succomber au désir facile d'enflammer les crucifix. Définitivement encapuchonnés, les berlinois de Monno les ont pris à bras le corps pour mieux les consumer. Et cela, malgré le tournant à 90° qu’opère leur drone rock noisy vers un chapitre ésotérique, mystique et funéraire.
Ghosts commence comme une mise en abîme, un repli sur soit, un isolement. La seule issue ? Un interminable sentier brumeux, serpentant au milieu de nulle part ("Negative Horizon"). Sur les bas côtés ? Le vide, le noir, le néant. Au bout ? L'inconnu.
Monno forge une chape de plomb. La leur, pas celle d'un autre artisan nocturne. Car Monno use toujours d’outils bien particuliers dont ce saxophone relié à un ampli guitare par la volonté d’une force méphistophélique. Ce dernier souffle un chant des sirènes fantomatique et glacial ("Mérule"). Même Ulysse y aurait succombé, tel un humain prisonnier de sa pauvre condition, jeté dans un mouroir capitonné sous l'impulsion d'un rythme tribal ("Troye"). Prisonnier. Chaque beat est un coup de boule contre des parois cloutées ou un pieu qui reste ancré dans le thorax, baigné dans le sang porté à ébullition par les palpitations cardiaques. Toujours plus fortes, jusqu’à "Hull". La punition. Un passage à tabac administré par un Monstre. Violence inouïe, maladive et bestiale nourrie de râles déshumanisés. A l’agonie, c’est avec une perceuse que Monno dévisse la cervelle et l’aspire par les tympans et les narines.
Au bout il n’y avait finalement que la Mort. "Endfall", la messe noire, les funérailles de l’âme fleuries de bruit blanc et d’une alarme macabre. Une descente aux enfers dans un boyau organique suintant la bile et l’acide. Tu es poussières et tu retourneras poussières, dans la crasse et dans une dimension ou chaque seconde dure une éternité.
Ghosts s'écoute seul. Monno traduit en musique la définition littérale de La Peur. Celle qui glace le sang. La primaire, celle qui mène à la paralysie des muscles. Ghosts ne se nomme pas Ghosts pour rien et Monno joue de notre instinct de survie. Une superbe sortie pour Conspiracy Records et surtout pour Monno, qui avec cette carte surprenante laisse planer le doute sur la teneur de leur prochain disque.
Les critiques des lecteurs
Right, mais localisé à Berlin comme le précise la bio.
Monno est un groupe suisse.
Pour ma part c'est un des rares disques drone rock de ces derniers temps qui ne m'ennuie pas. Error était déjà terrible, plus surprenant peut-être, mais celui ci me prend littéralement le bide du début à la fin. Puis ce son de sax' détourné, effrayant ! LIVE, ça doit être terrifiant.
Ce disque de Monno traduit pour moi plutot l'ennui que la peur. J'ai eu du mal à le finir d'ailleurs, un véritable labeur. J'y ai surtout vu un drone qui manque de lourdeur, de profondeur, de tripes quoi. Alors, oui j'en attendais peut etre trop, mais après l'énorme Error, cela allait de soit. "Peur"... peut etre un peu, concernant leur prochain opus.
19,5/20 'seulement' pour cette tuerie. Parce que beaucoup trop court.
Je suis grand amateur de drone et affiliés, et j'ai découvert Monno totalement par hasard, avec cet album. Dès le premier morceau, on se sent transporté par les vibrations, par ces textures sonores en perpétuelle mutation, presque vivantes... L'auditeur est entraîné dans un monde glauque et halluciné... Les 3 premiers morceaux passent sans aucun souci, pas une longueur... parfait. Puis arrive "Hull". Quel morceau mes aïeux ! On garde le côté magmatique et hypnotique des précédents morceaux, mais celui-ci est empreint d'une fureur hardcore... Et le pire, c'est que ce mélange contre-nature fonctionne parfaitement bien. Et le tout finit sur "Endfall", égal en qualité avec les 4 morceaux précédents.
Et rien que pour le saxo, cet album vaut le coup d'oreille. Quelle excellente idée de le brancher sur un ampli de gratte ! Pourquoi personne n'y a pensé avant ??