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Biographie

Monno

Formé en 1999 après de fortuites rencontres dans la scène expérimentale Suisse, le quatuor Monno pose son quartier général à Lausanne, où chacun des membres s’attelle à poser ses idées pour les premiers concerts de la formation, en 2002. Le groupe déménage à Berlin, où il conclue un accord avec Subvediant Recordings (subdivision de Conspiracy Records) pour son premier album, Candlelight Technology. Aux frontières du hardcore le plus léger et d’un freejazz, Monno s’amuser avec les outils qui lui permettent de faire du bruit maîtrisé. Ordinateur, percussions improvisées, larsens, tout ce qui permet à la formation de bidouiller, créer des sons étranges et inhabituels y passe. Relativement bien accueilli par un public restreint, ce premier disque ne connaît pourtant pas une large distribution au travers des scènes hardcore et noise. Celle-ci permet tout de même au groupe de partir en tournée avec Melt Banana et Suicide’s Martin Rev, puis d’être invité par Lightning Bolt à partager son tour européen.
De retour en Allemagne, Monno commence à réfléchir à de nouvelles expérimentations pour son album suivant, et teste ses idées sur une nouvelle tournée avec Isis et Jesu, couronné par un concert mémorable à Ljubljana, qui marque la formation concernant la voix à suivre pour la continuité de son œuvre. Ainsi, le saxophone est-il remplacé par les guitares, qui reproduisent ses mélodies d’une manière bien plus agressive, et les ordinateurs prennent une place bien plus prépondérante que précédemment, créant des murs de sons et un fourmillement de détails très sales au milieu d’une base devenue très rock. Le deuxième album du groupe, Error, est donc ainsi incroyablement épais et gluant, et se mérite au prix de persévérance et d’ouverture d’esprit. En 2008, Monno oriente sa musique vers une forme plus obscure avec Ghosts, qui sort sur le label Conspiracy Records.

Chroniques

Ghosts Error
16.66 / 20
5 commentaires (14.2/20).
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Ghosts ( 2008 )

Des risques. Celui de rentrer dans le rang. Celui de devenir Monn O))). Celui de succomber au désir facile d'enflammer les crucifix. Définitivement encapuchonnés, les berlinois de Monno les ont pris à bras le corps pour mieux les consumer. Et cela, malgré le tournant à 90° qu’opère leur drone rock noisy vers un chapitre ésotérique, mystique et funéraire.

Ghosts commence comme une mise en abîme, un repli sur soit, un isolement. La seule issue ? Un interminable sentier brumeux, serpentant au milieu de nulle part ("Negative Horizon"). Sur les bas côtés ? Le vide, le noir, le néant. Au bout ? L'inconnu.
Monno forge une chape de plomb. La leur, pas celle d'un autre artisan nocturne. Car Monno use toujours d’outils bien particuliers dont ce saxophone relié à un ampli guitare par la volonté d’une force méphistophélique. Ce dernier souffle un chant des sirènes fantomatique et glacial ("Mérule"). Même Ulysse y aurait succombé, tel un humain prisonnier de sa pauvre condition, jeté dans un mouroir capitonné sous l'impulsion d'un rythme tribal ("Troye"). Prisonnier. Chaque beat est un coup de boule contre des parois cloutées ou un pieu qui reste ancré dans le thorax, baigné dans le sang porté à ébullition par les palpitations cardiaques. Toujours plus fortes, jusqu’à "Hull". La punition. Un passage à tabac administré par un Monstre. Violence inouïe, maladive et bestiale nourrie de râles déshumanisés. A l’agonie, c’est avec une perceuse que Monno dévisse la cervelle et l’aspire par les tympans et les narines.
Au bout il n’y avait finalement que la Mort. "Endfall", la messe noire, les funérailles de l’âme fleuries de bruit blanc et d’une alarme macabre. Une descente aux enfers dans un boyau organique suintant la bile et l’acide. Tu es poussières et tu retourneras poussières, dans la crasse et dans une dimension ou chaque seconde dure une éternité.

Ghosts s'écoute seul. Monno traduit en musique la définition littérale de La Peur. Celle qui glace le sang. La primaire, celle qui mène à la paralysie des muscles. Ghosts ne se nomme pas Ghosts pour rien et Monno joue de notre instinct de survie. Une superbe sortie pour Conspiracy Records et surtout pour Monno, qui avec cette carte surprenante laisse planer le doute sur la teneur de leur prochain disque.

A écouter : Seul
17.5 / 20
1 commentaire (17.5/20).
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Error ( 2006 )

Qu’ai-je pu faire pour mériter ça, quel est cet objet que l’on m’envoie ? Sans même savoir la musique qu’il enferme, le simple fait de tenir cet Error entre ses mains suscite un intérêt quasi divin (d’autant plus que Monno est la dernière signature de chez Conspiracy Records, qui ne nous a habitué qu’à du très lourd ces derniers temps). Dans un petit livre en papier épais, d’étranges dessins au feutre épais saccagent des photos aux thèmes variés. On sent dans ce coup de crayon quelque chose d’incroyablement malsain et dérangeant, une sorte de tremblement compulsif  à la limite de l’obsessionnel, qui nous impose des amas de traits amorphes, où l’inconscient de chacun ira imaginer, par delà les bases que représentent ces photos.  Ce ne peut être là que l’œuvre d’un dérangé, et pour cause, Dennis Tyfus,  sombre fou de l’art graphique moderne et proche de cette scène Noise, en est le responsable. Dans son délire incontrôlé déraisonnable, le bougre arrive tout de même à incroyablement  bien retranscrire la musique présente sur Error, comme s’il avait réalisé chacune de ces représentations à demi conscient, avec cet ovni musical dans les oreilles, sous un trip au speed ou à l’ecstasy.
Car Monno produit une musique plus qu’atypique. Etiqueté hardcore bruitiste avec son premier album Candle Light Technology, les suisse-allemands vont au fond de leur démarche et nous servent un tintamarre grandiose à travers Error. Imaginez une base rock des plus classique, presque simpliste, que l’on s’est amusé à pourrir, enlaidir, à coup de grincements, de violence sonore, de bruit inhumains, de grincements synthétiques, de saloperies retentissantes et abstraites, de larsens baveux. Sentez un peu cette infamie musicale dégueulasse. Monno cherche à faire du bruit, à agencer des sons crispants pour en faire une cochonnerie sans nom.
Serait ce là une erreur, comme le porte à croire son nom? Et bien je le pense sincèrement. Cette erreur, dont ont ne peut s’affranchir dès lors que l’on s’engage dans une création, elle est peut-être bien omniprésente sur ce dernier opus du quatuor. On sent l’art qui échappe à son créateur, des bruits agencés intelligemment mais qui prennent leur envol d’eux même, bien plus loin que ces rythmiques obsédantes, de cette intensité désagréable, qui exacerbe nos sens.
Pourtant Monno va chercher par delà sa musique nos peurs les plus primaires, nos sentiments les plus fourbes. Error nous malaxe la cervelle, nous rend paranoïaque, fait naître des gouttes de sueur sur notre front, qui perlent lentement vers nos yeux écarquillés. Toutes ces atmosphères dronesques, ce déluge de sons enchaînés imprévisiblement, ces cris vides de toute âme, ces vibrations aiguës ou graves, ces crissements insoutenables, ces guitares amorphes et sans conviction, tout cela crée une atmosphère folle, un tout captivant et exaltant. Alors avec cette erreur, on se sent malmené, on sent qu’elle prend aux tripes, mais on ne sait pas vraiment pourquoi, ni comment, mais peu importe. Les erreurs sont les portes de la découverte, et l’on arrive à ressentir des choses nouvelles, grâce à cette incroyable faculté qu’a la musique de Monno à déformer la réalité, et cette erreur là est bien une œuvre d’art, à moitié maîtrisée, mais dont la part de hasard remplit un rôle subtil et dément. Nul doute : l’erreur est la règle, et c’est en l’admettant qu’on se rend compte qu’au final, elle n’est pas si absurde que ça, qu’en passant outre cette cacophonie, on arrive à un disque cohérant, non pas une masturbation intellectuelle, mais bien un éclair d’ingéniosité d’une bande d’écervelés de la Noise.
En conséquence oui pour finir, on sent dans cette erreur un pied de nez à tout ce qui existe, une œuvre abstraite et d’une intensité rare, qui occasionne une sensationnelle perte de repères. Le hic avec Monno, c’est que pour le commun des mortels, aussi habitué soit-il aux musiques extrêmes, ça ne sera jamais que du brouhaha sans intérêt, de l’onanisme spirituelle d’artistes perdus, et pis encore, même pas de la musique. Alors si l’expérience vous tente tout de même, le groupe avec cet Error sera certainement une excellente introduction à la mouvance noise.
En tout les cas, ce deuxième effort des Monno est d’une qualité rare, parfait équilibre entre les divagations créatrices de ses membres et une maîtrise de la technique du son indéniable.

A écouter: Blind

A écouter : dans un �tat second.
Monno

Style : Noise / Drone Rock
Tags : -
Origine : Suisse
Site Officiel : soundimplant.com/monno
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