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Biographie

Monkey3

Né en Janvier 2000 à Lausanne, Monkey3 est un groupe dont la musique, évoluant entre stoner psychédélique et post-rock, a la particularité d'être exclusivement instrumentale. Après avoir enregistré une première démo en 2001, Boris (guitare), Picasso (basse), Walter (batterie) et l'énigmatique Mister M. (clavier, programmation) sortent de manière confidentielle leur premier album en mars 2003 (digipack, limitée à 1000 copies). Suite à cette production, Monkey3 signe avec le label belge Buzzville Records (label belge orienté stoner/rock) qui réédite en juin 2004 l'album éponyme du groupe afin de diffuser plus massivement la musique du trio suisse, notamment en France (où l'album est distribué par Longfellow Deeds Records). S'en suit alors une tournée européenne qui donnera au groupe l'occasion de faire scène commune avec des groupes tels qu'Alabama Thunderpussy, Mono, Honcho, Colour Haze ou encore Sparzanza et de se construire une solide réputation (notamment grâce a leur univers visuel). Fort de l'expérience acquise, Monkey3 sort 69 Laps en décembre 2006, un second album qui repousse encore plus loin les limites de leur "psycostoner".

17 / 20
21 commentaires (17.24/20).
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Sphere ( 2019 )

Le temps a un surprenant pouvoir de transformation. Tout autant que la Nature, il change les Hommes, leurs ambitions et leurs aspirations. Grandir, évoluer et se sublimer … voici un parcours que le temps à offert à Monkey3Sphere la suite illogique d’Astra Symetry, paru il y a 3 ans et chroniqué plus bas, nous démontre ce qu’il se passe quand une formation que l’on savait talentueuse met toute son âme dans une production.

Forgées sur une structure à l’équilibre parfait, chaque piste est unique et nous offre un paysage subtil de détail et de tonalités. Des slides catabatiques aux solos emportés dans des accélérations de tempo, tout est pensé et conçu avec une foule d’idées et de trouvailles plus brillantes les unes que les autres. Mélodies, riffs et sonorités sont  gérées avec brio, chaque élément prends sa place, et se développe pour éclore dans une explosion de puissance et de beauté. Que ce soit en 4 ou 14 minutes, chaque battement est un cœur palpitant apportant sa sensibilité. C’est volontairement, cher lecteur, que je ne mettrai pas un morceau en particulier en avant puisque ce constat est valable dans tout le rayon de la Sphere

Comme si les guitares distordues tourbillonnaient autour des synthés cristallins des 70s. Comme si les Pink Floyd avaient percuté de toute leur masse de couleurs My Sleeping Karma et leur géométrie finement ciselée. Sphere est autant une image qu’un hommage, si l’on ne créée rien, alors on transforme, on déforme, on reforme à partir de matériaux que l’on connaît mais avec une sensibilité unique. Monkey3 avait déjà une identité très marquée, pourtant ici ces racines donnent naissance à une œuvre radicalement différente de ce que l’on connaissait. Il est loin le temps où il était ennuyeux d’écouter une piste de Monkey3, le retour à l’instrumental n’est pas un renoncement mais un nouveau départ, une boucle bouclée laissant place à l’exploration du style qui leur colle à la peau.

Stoner jusqu’au bout des ongles, on retrouve toute la diversité qui caractérise le style. Lourdeur, groove, envolées oniriques, le mélange est audacieux : bien peu ont réussi à rester cohérents quand il s’agit de prendre des risques. Pourtant le résultat est là, Monkey3 sait mettre en valeur chacune de ses facettes au sein même de chacune de ses créations. Car oui on peut faire du Stoner sans être linéaire, oui on peut mélanger énergie et psychédélisme tout en gardant ces gimmicks d'un groupe reconnaissable entre mille.

Sphere est la galette fantasmée de tous les amateurs de Stoner. Néophytes ou habitués du fuzz, chacun y trouvera son compte tant l’œuvre est riche et accessible. Régulier dans son excellence, Sphere marque le retour en force de Monkey3 qui est sans nul doute une formation avec laquelle il faut compter.

A écouter : Souvent
12 / 20
2 commentaires (14.5/20).
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Astra Symmetry ( 2016 )

Depuis maintenant 17 ans, Monkey3 a su s’imposer comme un des groupes novateurs du Stoner. Ce n’est pas peu dire étant donné la quantité astronomique de formations s’essayant de plus ou moins loin (et avec plus ou moins de succès) au genre. Astra Symmetry avait donc de quoi susciter l’attente, succédant à The 5th Sun et au Beyond The Black Sky, la barre était placée très haut pour notre quatuor suisse.

Monkey3 a toujours su trouver des idées originales et enrichissantes pour donner du corps à ses créations. Depuis 39 Laps, des sonorités venues de contrées lointaines viennent apporter des couleurs inédites au Stoner si efficace qui les caractérise : Aujourd’hui c’est du côté de l’Inde que se porte le regard, à l’image d’un My Sleeping Karma. Dès l’introduction avec Abyss le ton est donné : Monkey3 se renouvelle, cherche de l’inspiration dans différentes cultures musicales et ce n’est pas pour déplaire.
Quel dommage pourtant de ne pas être allé jusqu'au bout de l’idée et de n’avoir implanté cette originalité que de manière si diffuse au travers de l’album ! Il n’empêche que le pouvoir d’évocation de ces sonorités donne un peu de profondeur aux morceaux. 
L’apparition du chant constitue une nouveauté de taille. Pour la première fois nous entendons vibrer des cordes vocales, et le résultat est quelque peu décevant. S’il n’est rien de mieux qu’un chant parfaitement exécuté pour donner une aspérité supplémentaire à l’œuvre, ici, elle la dénature complètement. Le chant hurlé dans Dead Planet’s Eyes ne correspond pas au feeling global du morceau, mais est parfois utilisé de bonne manière comme c’est le cas dans Moon, où une sorte de prière lancinante vient pousser le solo de guitare. Il est malheureusement un des éléments qui nous fait sortir de cette transe délicieuse propre au psyché.
Une des composantes essentielles au Stoner est le temps : Savoir le rendre malléable et le travailler comme une matière première est un des enjeux du style. Si Monkey3 a toujours su se montrer à la hauteur de ce genre de défi, ici, les progressions sont longues, parfois même trop et viennent à décevoir quand elles n’aboutissent sur rien. Pour exemple, Arch propose quatre minutes d’introduction pour finalement n’aboutir que sur une progression du thème et retomber par la suite. Le décollage n’est pas, ici, comparable à l'effet d’attente qui a été mise en place. Et malgré de nombreux solos de guitare d’excellente facture (mention spéciale à Crossroads), la mollesse et la redondance des compositions pèche et finit par lasser l’auditeur. 

Avoir le courage de se renouveler est sans aucun doute une force dans un style si codifié que le Stoner, pourtant tout n’est pas bon à prendre et la direction empruntée par Monkey3 ne correspond pas à leur ADN si particulier. Il y a pourtant de très bonnes idées et c’est avec confiance que nous attendons la prochaine parution des singes mutants.

A écouter : Abyss - The Water Bearer - Crossroads
15.5 / 20
9 commentaires (16.2222/20).
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The 5th Sun ( 2013 )

Monkey3 fait partie de ces groupes pour qui la régularité dans la qualité semble être chose aisée. Ils excellent là où bon nombre de groupes se cassent les dents et perdurent contre vents et marrées. Au point même que lorsque vient le temps d’un nouvel album du groupe helvète, il apparaît comme une évidence que ce sera un excellent moment de vie partagé avec eux. Car au fond, parvenir à se renouveler au fil des années, savoir trouver le dosage adéquat entre innovation constante et l'empirisme d'une carrière dévouée, peu de groupes y parviennent. Les têtes pensantes au cœur de Monkey3 sont parvenues à nous prouver année après année, opus après opus, la qualité intrinsèque de leur formation. The 5th Sun ne déroge pas à la règle.  

La nouvelle offrande de nos suisses favoris ne manque pas de panache. Dès ses premières lueurs, The 5th Sun transpire d’une classe à faire rougir la concurrence. Ou plutôt devrais-je dire les poursuivants, car au fil des années Monkey3 est bel et bien devenu le fer de lance du Stoner psychédélique. Icarus avec ses quatorze minutes en est un exemple particulièrement scintillant. Soulignons d’ailleurs que débuter un album par un morceau aussi long est un pari risqué. Bien souvent accolés à la dernière piste de l’album, ces longs morceaux se doivent d’être aux petits oignons et d’une mystique alléchante pour donner à l’auditeur le goût d’y revenir régulièrement. C’est sans nul doute le cas ici. A la manière de Je et Bikkje sur 39 Laps, Icarus nous tient en haleine pendant l’intégralité de ces quinze minutes que l’on ne voit littéralement pas passer. Le grain de la guitare est fabuleux et la dimension épique éprouvée nous fait littéralement décoller. C’est beau, classieux et surtout d’une énergie phénoménale : on se retrouve rapidement dans une cavalcade de riffs dantesques chers au passé glorieux du groupe. Entre parties énervées rapides et moments psychédéliques lunaires, Icarus démontre en quinze minutes l’immense talent de composition du groupe. Ce pari qui semblait risqué s’avère au final fondamental au cœur même de l’album et annonce parfaitement la suite des évènements.

The 5th Sun représente la symbiose de la discographie du groupe. Tout ce qui a fait le succès préalable de Monkey3 y est décelable : les lentes montées en puissance, l'atmosphère psychédélique enivrante, les riffs Stoner d'une puissance incroyable et toujours cette touche d'inventivité admirable, l'étincelle qui permet à un groupe de sortir du lot. Seulement ici Monkey3 délivre le tout enveloppé d’une maturité étonnante.  
Beyond the Black Sky en 2011 dénotait du reste de leur discographie par son côté assez direct avec ses huit morceaux dont la plupart duraient entre trois et cinq minutes. The 5th Sun revient aux premières amours du groupe, moins de morceaux (sept avec le titre bonus) dont trois dépassant allègrement les huit minutes. L'étiquette "Space Stoner" ne serait d’ailleurs pas si loin de la vérité tant la longueur des morceaux est propice aux envolées épiques du groupe. 

Au delà d’une production de grande qualité, le panache du groupe détonne particulièrement dans des morceaux comme Icarus ou Birth of Venus avec ses chœurs féminins accentuant une dimension épique délectable. Au même titre, la sonorité très 70’s des claviers sur Pintao ou Circles contribue à dessiner les contours de cette atmosphère flamboyante jouissive. 
Mais Monkey3 c’est aussi et surtout la culture du riff qui percute, claque et touche la corde sensible d’un auditeur en quête de décharge d’énergie. The 5th Sun en recèle d’innombrables, comment ne pas penser à la déferlante sauvage dans Suns, la fin de Birth of Venus ou encore le début de Once We Were pour les plus remarquables. Chaque morceau contient bien évidemment son lot de riffs à vous exploser les cervicales. Le travail sur la basse est également intéressant, parfaitement mixé, très propre, elle est la fidèle ligne de conduite des quelques parties de jam de l’album. 
C’est finalement là où Monkey3 est le plus fort qu’il est aussi le plus faible. Le groupe délivre son savoir faire avec brio et nous cueille avec des compositions efficaces mais qui, malgré quelques touches innovantes restent attendues. La construction des morceaux, assez répétitive, peine à surprendre l’auditeur. 
Ne boudons toutefois pas la qualité évidente de cet album qui, même s’il ne surprendra pas les fans aguerris de par sa prévisibilité, comblera tout à chacun par sa grande efficacité. 

Fil d’Ariane des précédents opus de Monkey3The 5th Sun synthétise et délivre tout ce que l’on attend d’un bon album de Stoner psychédélique. Le groupe confirme son statut de leader d’un genre pourtant surchargé par la concurrence et démontre avec élégance qu’il faudra encore et toujours compter sur eux. Attention toutefois à ne pas tomber dans une routine qui pourrait conduire le groupe à être victime des codes d’un genre qu’il a pour l’instant si bien maitrisé.  

A écouter : Icarus, Suns, Birth of Venus, Once We Were et les autres.
17 / 20
1 commentaire (18/20).
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39 Laps ( 2006 )

Il était une fois Monkey3, où le chaînon manquant de l’évolution musicale. Au commencement c'est l'histoire de trois potes, perchés au cœur des montagnes suisses (rayer la mention inutile) et partis dans une série de jams sans queues ni têtes, aux influences psychotropes et à l’atmosphère enfumée. Aujourd'hui, avec leur second album 39 Laps, Monkey3 devient une des énigmes de l’anthropologie musicale car il est le seul groupe a effectuer le lien entre les genres ressortant du placard ces dernières années (le stoner et l'instrumental pur) et les genres qui finiront au placard ces prochaines années (le post-rock notamment, qui ne cesse de se mordre la queue).
 Il était une fois une incroyable machine à digérer les textures sonores, un suc musical ultra-corrosif. A chaque plongée dans cet estomac vorace on subit un traitement différent, à chaque écoute on découvre un nouvel univers, grâce à une production protéiforme particulièrement réussie. Monkey3 propose un spectre sonore complètement schizophrénique : nappes d’une lourdeur très typée Melvins (tout en restant parfois clinquante) s’appuyant sur une charrette roulante authentiquement stoner et contemplant au lointain un paysage post-rock, entre ciel bleu azur et orage déchaîné. Ainsi, il en résulte un combat titanesque qui aboutit peu à peu à un consensus pour l’auditeur : la digestion est telle que la régurgitation lime les angles et crée une perle sonore parfaite.
 Il était une fois Pelican, Karma to Burn, ou encore Isis, tant de groupes qui pour différentes raisons, changement d'orientation ou mort cérébrale, ont laissé beaucoup d'entre nous sur le carreau, célibataires.  Vous vous croyiez de nouveau casé, mais Monkey3 est de ces femmes difficiles à aborder, pas évidentes à séduire et impossibles à dompter. Ici, la lourdeur sonore (jamais atteinte, même en rêve, par les groupes précités) ne s’oppose pas de manière duale aux passages plus volatiles, mais laisse place au contraire à des escapades psychédéliques inspirées des plus grands.  Le côté enfumé de ces passages, remplis d’une sorte de brume sonore proche d'un Mammatus, en plus herbalisé, et d’autant plus inquiétante. On est définitivement bien loin de la trituration masturbatoire d’arpèges montants trop souvent entendus, non, on s'approche au contraire dangereusement prêt des falaises psychédélique d'un Led Zeppelin, d'où il faudra oser se jeter si l'on veut saisir un tant soit peu la teneur de l'œuvre proposé ici. Et pour ceux qui auront survécu à la chute il restera encore le phénoménal Once Upon a Time in the West, adaptation du célèbre titre du maître Morricone, a s'avaler. Ou comment repeindre la Joconde en lui ajoutant une moustache et des couilles, sans que cette dernière n'y perde une once de grâce.
 Post-stoner pour certains, il serait (trop) facile de qualifier Monkey3 de renouveau de la scène rock instrumentale, assimilée aujourd’hui a tord à la scène post-rock (on est bien loin des fondateurs que sont Talk Talk et Tortoise, les vrais alchimistes sonores, les architectes de textures). Les écarts stylistiques, la classe et l’unicité sonore de ce gorille risque en effet d'en faire douter plus d'un sur la qualité actuelle de cette scène. Ne reste plus qu'à espérer qu'à la fin il ne se marie pas et qu'il y ait beaucoup de petits singes bâtards à l'avenir… The End.


Chro de Farfadeath avec participation de Macho.

A écouter : L'album