Si vous êtes un tant soit peu attentif à la scène "slow rock", vous n'êtes sûrement pas passé à côté de Monarch et de leur terrible premier album qui aura, sans complexe, botté les fesses des plus gros calibres doom / sludge. Malgré les proses dithyrambiques à leur égard, Monarch a rendu son âme noire au diable après de bons et loyaux services mais a laissé couler sur son "chemin de croix" quelques flaques sanguinolentes (peut être pas les dernières) dont ce split avec Elysiüm.
Il faut avouer que cette collaboration a de quoi surprendre les amateurs des 2 groupes concernés. Elysiüm possède un jeu d'une grande vélocité et fait office de groupe le plus rapide de l'hexagone avec son "fastcore" old shcool. 4 morceaux pour 5 minutes de "Pan dans tes dents !". Monarch et son rythme pachydermique, à la lenteur exacerbé, entre doom et sludge propose un unique morceau ... d'une heure. Contraste de style certes, mais aussi union des extrêmes !
Elysiüm ouvre le bal sans fioriture avec un Amen Jesus je t'aime qui annonce clairement la couleur à tous les niveaux. L'énergie produite par le groupe est tout bonnement fulgurante notamment grâce un batteur tentaculaire et surhumain dans ses frappes véloces et réglés comme une horloge. Le double chant "ton grave guttural VS ton clair écorché" (un peu à la Unlogistic) aboie sans relâche sur toute la courte longueur des morceaux. Oscillant entre grindcore, power violence et hardcore typé old school, Elysiüm nous balance une sacrée claque pleine de sueur et de hargne en quelques minutes. A suivre donc, sur un format un peu plus conséquent peut-être.
Amplifire Death March est le nom du "couloir de la mort" lugubre et inquiétant lentement mais sûrement bâti par Monarch. Comme sur leurs morceaux précédents, Monarch trouve les notes qui hypnotisent et enivrent jusqu'à la transe, et ceci dès les très fédératrices premières minutes. Si le combo reste toujours très lent dans l'exécution, les variations de rythmes se font tout de même ressentir, notamment un peu après la moitié de la "marche", moment durant lequel Emilie (Hé oui, une miss au chant) fait le plus souffrir ses cordes vocales pour un résultat qui n'a rien à envier à un Dublin (Khanate).
La production a réellement de quoi faire honneur à la puissance de Monarch, en effet, la batterie plombée jusqu'a l'os martèle inlassablement comme pour nous briser, nous détruire, nous rouler dans la suie et la crasse. Le riff unique, lourd et dronesque, s'exprime avec éloquence et fait rapidement perdre la notion de temps. D'ailleurs, les 58 minutes passent finalement très vite, ne laissant pas le temps à l'ennuie de faire son trou, et ceci même pendant les dernières minutes durant lesquelles la tension est à son comble, jusqu'au dernier soubresaut de nos coeurs autrefois palpitants.
Elysiüm / Monarch est un split atypique, anthologique et indispensable pour les amateurs de musiques extrêmes au sens large du terme. Monarch n'est plus, certes, mais Monarch restera longuement ancré dans les mémoires.
A écouter : Le coeur bien accroché