Ce qui est relativement pratique et intéressant avec cet album de Molasses, c'est le petit livret écrit par Scott Chernoff qui nous raconte la (drôle) d'histoire de Trouble at Jinx Hotel. Ayant donc mis mon fabuleux anglais en pratique, je m'en vais vous en faire un petit résumé (en français s'il vous plaît !). Alors au début, Scott est arrivé dans le studio de ce fameux Jinx Hotel de Montréal avec quelques chansons destinées à être accompagnées à la guitare sèche. Et puis il s'est dit : " Mince alors, je connais pleins de supers musiciens qui pourraient faire deux trois trucs pas mal là-dessus, si je les invitais ? En plus, je me sentirais drôlement moins seul ici ! ". C'est ainsi que débarquèrent pas moins d'une quinzaine de musiciens de Molasses qui durent relever le difficile défi d'improviser un accompagnement qui n'avait pas sa place au début. Ceci étant, Scott n'avait pas invité n'importe qui : d'où ce résultat magique qui conserve la pureté des musiques composées pour une seule guitare sèche en y ajoutant de discrets, délicats et frissonnants accompagnements. Voilà pourquoi " Jinx Hotel ". Mais le " Trouble " lui, d'où vient-il ? Et bien tout simplement des longues mésaventures que cette joyeuse troupe a rencontré en voulant enregistrer sur un vieux format 7 bandes. Oui parce que forcément, ça donne un côté authentique à la musique, mais les nouvelles technologies sont tellement moins risquées ! Molasses a donc du réenregistrer plusieurs fois plusieurs bandes à la suite de pannes, effacement ou perte de bandes, etc. D'où " Trouble At Jinx Hotel ".
Trouble At the Jinx Hotel s'ouvre sur le hurlement des sirènes accompagnant les premiers raids américains en Irak. On évoque la peur, la maladie de la guerre, l'attaque injuste des civils, des enfants, de longues nuits durant, la haine, la mort, mais aussi l'espoir, l'amour, la paix. Siren's Song sonne comme un hymne sacré que l'on entendrait en tendant l'oreille à travers la porte d'une église. Recueil et moment de prière. S'en suivent d'autres instants aussi forts avec la sensation d'assister à des moments d'histoire importants avec, dans le désordre, le très bref You can't Win écrit sur la route pour New York dans la vague du 11 septembre où l'on entend le chaos de cris glaçants ; la ballade de La, La America reprenant sarcastiquement les paroles inscrites sur la Statue de la Liberté ; une adaptation personnelle de Scott d'une prière écrite par la poète canadienne Hilary Peach : Miss Peach's Pawnshop ; un hommage au gospel de Kid Prince Moore des années 1930 sur Sign Of Judgement… Trouble at Jinx Hotel nous offre donc une tranche d'histoire qui prend toute sa grandeur solennelle dans les textes de Scott Chernoff mais aussi dans l'accompagnement somptueux de ses coéquipiers qui ont réussi à faire sonner leurs instruments à la façon des 70's : de façon authentique.
A écouter : Siren's Song, Lynn Canyon Wedding Song, Buffaloed at Wounded Knee