La première saison des Revenants, série made in Canal +, avait été une bonne surprise. La bande originale, signée Mogwai, n'y était pas pour rien, qui révélait une ambiance glaciale, inquiétante et désincarnée à son paroxysme. Les Ecossais n'en étaient d'ailleurs pas à leur coup d'essai, ayant également composé la chouette musique du documentaire Zidane, A 21st Century Portrait (2006). L'exercice de style valait-il le coup d'espérer un renouveau pour leur nouvel album studio?
Or, point de salut. Les sorties du groupe, depuis 2006, se sont révélés plus fraiches. On pouvait pardonner à Mr Beast d'arriver après une demie décennie impeccable et à The Hawk Is Howling (2008) de vouloir assurer une transition douce. Moins à Hardcore Will Never Die But You Will de trouver plus d'inspiration dans le titre du disque - faussement rageur - que dans ses compositions. Avec Rave Tapes, Mogwai nous refait le coup de la panne. On ne pourra pas dire qu'on ne l'avait pas vu venir.
Comme à son habitude, Mogwai démarre doucement. Les caresses de cordes de "Heard About You Last Night" et ses nappes synthétiques en guise d'envolée lyrique n'auraient pas déparé sur le générique de fin des Revenants. Balade soyeuse à l'aspect lisse, cette ouverture vient toutefois progressivement s'enrichir de notes électroniques que l'on retrouvera tout au long de l'album, nouvelles marques de fabrique du groupe sur Rave Tapes. Bien utilisées, cela donne un titre plus "osé" : "Remurdered", le plus long de l'album, et son passage electro aux alentours des trois minutes, d'autant plus mis en valeur que ce morceau dans son ensemble offre un relief appréciable à la monotonie de l'album.
A l'inverse, on frémit d'effroi quand résonne le vocoder suranné sur "The Lord Is out of Control", et l'on repense à ce "Mexican Grand Prix" horripilant sur Hardcore Will Never Die... Pourquoi tant de haine?
On ne parlera pas pour autant d'un album "expérimental". Mogwai n'expérimente ici que dalle, le cul entre quelques chaises, coincé entre un héritage maintenant trop lourd à porter, une inspiration clairement déclinante et le vœu pieu de renouveler ses sonorités sans y parvenir de manière satisfaisante. Si l'on retrouve comme au bon vieux temps des spoken words tendus (sur "Repelish"), la fin de l'album, hautement prévisible, est en roue libre. En s'adonnant sans vergogne à la facilité, Mogwai perd toute finesse et pertinence au profit d'un ennui inévitable.
En rédigeant cette chronique, je suis tombé sur un texte de l'excellent webzine Playlist Society, intitulé "Mogwai, en quête de rien" qui offre une clé de lecture intéressante en voyant Rave Tapes à travers un verre à moitié plein. Mogwai écrit à l'instinct, sans chercher à donner un sens particulier à ses compositions. Les Ecossais offrent d'album en album de fines variations à l'intérieur d'un même sillon d'émotions.
Si cette analyse se tient, elle place dangereusement le groupe au bord du vide, qui effiloche et banalise consciencieusement sa musique. Le verre à moitié vide : sans jamais réussir à sortir des sentiers qu'ils ont eux-même battus avec éclat, leurs compositions en sont arrivées à l'effroyable stade du pilotage automatique. S'il n'y a plus rien à chercher et à découvrir dans leurs morceaux, l'écoute de Rave Tapes en vaut difficilement la peine. Faut-il du coup encore écouter Mogwai en 2014 autrement qu'en se repassant avec nostalgie My Father My King ou Come on Die Young? Rien n'est moins sûr.
Quand j'écoute ce Rave Tapes j'ai l'impression d'écouter un truc bâclé, pas fini, un peu à la manière de The King of Limbs de Radiohead. Un ersatz en fait.
J'me suis d'ailleurs pas mal fais chier sur cet album, seul deux ou trois morceaux (juste Hexon Bogon en fait,et bizarrement le plus court) ont tenté de captivé mon attention.. en vain. On est loin de l'époque Young Team ou Come On Die Young..
Les membres ont voulu juste composer des morceaux comme ça, sans vraiment savoir où ils allaient, d'où ils venaient.. et ça se sent vachement en fait. Les morceaux sont tellement insipides qu'ils ont oublié d'y ajouter des émotions, une personnalité.. ils se sont contentés d'évoluer sur une petite vague plus électro.
Bref, Rave Tapes est encore plus décevant que ce que je pensais.