Mizmor

Black/Doom Metal

États-Unis

Prosaic

2023
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Only An Expanse
02. No Place To Arrive
03. Anything But
04. Acceptance

Chronique

par rwn

L’énergie créatrice d’A.L.N semble sans fin. Un an à peine après la sortie de l’EP Wit’s End et de l’album collaboratif avec Thou, Mizmor est déjà de retour avec un quatrième LP : Prosaic. Une productivité impressionnante donc. Mais comme toujours, tout est cohérent, tout a été minutieusement pensé : artwork, paroles, instrumentation.

La pochette, une illustration d’inspiration médiévale, œuvre de l’artiste Bryan Proteau, symbolise au travers d’un instant de vie, une banale scène du travail dans les champs, la monotonie du quotidien. Le questionnement sous-jacent est celui de la quête de sens et de la souffrance ressentie lorsque celle-ci n’est pas satisfaite. Rien de grandiloquent donc. Exactement à l’opposé du grandiose et de l’épique qu’inspiraient les artworks de Yodh et de Cairn et parfaitement à propos avec le dessein d’écrire un album plus humble. 

On retrouve cette dimension humaine dans les textes qui s’écartent des thèmes de la perte de la foi et de la crise existentielle qui s’en suivit, développés dans les précédents LP. Non concentrés sur un unique sujet, les paroles abordent ainsi notre rapport au temps dans Only An ExpanseTime is a useful fiction / Our chosen taskmaster »), l’illusion d’un meilleur possible dans No Place To Arrive ou encore la rémanence cyclique de la dépression dans Acceptance (I swallow my own medicine in hopes of sadness curved […] I know it is a cycle […] To embrace the orbit of depression).

Sur le plan musical, Mizmor joue encore et toujours de l’alternance entre l’angoisse du Black et la dépression du Doom, en séparant souvent l’un de l’autre par des passages Drone. Ce principe de composition est très lisible sur No Place To Arrive : Doom – Drone – Black – Drone – Black. Mais à nouveau, l’intention d’A.L.N avec ce nouveau disque se lit très clairement dès les premières secondes d’Only An Expanse : dégraisser le mammouth pour aller à l’essentiel en proposant un son plus catchy. L’énergie Hardcore des neuf premières minutes nous saisit ainsi d’entrée de jeu et nous emmène sans détour exactement à l’endroit voulu. Cette impression est certainement biaisée mais l’écoute de Prosaic laisse à penser que l’hybridation avec Thou semble avoir laissé des traces et a conduit à une approche plus directe, plus brute. Mais qu’on ne s’y trompe pas, si A.L.N explique en interview s’être contraint à être moins perfectionniste et à accepter que la subsistance d’une part d’imperfection fait partie du processus artistique, l’ensemble reste savamment construit.

Néanmoins, pendant des semaines Prosaic est demeuré un paradoxe. Chaque écoute confirmait son excellence et pourtant, aucun de ses titres ne s’imprimait. Peut-être était-ce là le revers de la médaille de la productivité précédemment évoquée ou du caractère plus « collections de morceaux ». Quoi qu’il en soit, à l’image de la goutte d’eau qui, lentement, traverse les différentes couches du sol pour rejoindre la nappe phréatique, Prosaic est allé rejoindre ses prédécesseurs, ajoutant une nouvelle pièce à une discographie sans faux pas

16

Prosaic s'écoute en intégralité sur bandcamp.

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