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Biographie
Originaire
de Salem dans l'Oregon, Mizmor ("psaume"
en hébreu)
est un one-man band crée en 2012 par A.L.N. (Urzeit, Hell,
ex-Sorceress). Bercé d'illusions par des croyances religieuses, ce
dernier voit en Mizmor le moyen de pallier à une vive rancœur.
C'est donc à travers un Blackened-Doom sombre et torturé qu' A.L.N.
nous fait part d'un désenchantement existentiel. En 2012, cet
"homme-orchestre" nous balance un premier album éponyme
puis sort un EP (Untitled Winter) en 2013, tous deux auto-produits.
Suit une série de trois split avec Hell et Mania en 2014 puis Dross en 2015. Un an plus tard parait Yodh, dernière création en date
signée chez Gilead Media.
En 2016, avec Yodh, ALN (l’homme derrière Mizmor) nous gratifiait d’un génial mais très difficile d’accès (peut-être est-ce là en partie ce qui le rendit génial) monolithe de souffrance. Depuis la pochette jusqu’aux cris stridents, chacune des minutes de l’album semblait avoir été façonnée pour incarner l’angoisse dans ses crises les plus profondes, celles desquelles il semble impossible de sortir.
Encore une fois avec Mizmor, tout semble démarrer avec l’Artwork, confié au polonais Mariusz Lewandowski. Faisant preuve du sens de l’épique qui, ces derniers temps, a fait de lui l’un des artistes les plus prisés par les groupes de la scène métal (il a réalisé des pochettes pour Bell Witch, False, Abigail Williams et bien d’autres encore) « Time Immemorial » dépeint un amas de pierres, un minuscule être humain, seul, au bord de ce qui semble être une falaise et faisant face à un figure humaine encapuchonnée, en feu, et portant une pyramide à l’intérieure de laquelle on distingue des éclairs. Tout Cairn y est ainsi résumé. Cet empilement de pierres, ce « cairn », bien connu des randonneurs, ne sert pas ici à simplement marquer son passage. Il est en effet investi d’une symbolique bien plus grande, celle, aux yeux d’ALN de la mort de Dieu et du suicide comme échappatoire à la prise de conscience de l’absurdité de la vie. Les plus littéraires d’entre vous auront là reconnu le thème du Mythe de Sisyphe d’Albert Camus, inspiration majeure d’ALN pour l’écriture cathartique de ce second LP. Ce qui est intéressant ici c’est qu’ALN ne verse pas dans le classique blasphème. Élevé dans une famille évangélique pratiquante, lui-même séminariste pendant quelques années en Allemagne, ALN a finalement perdu la foi ce qui, au vu de son parcours personnel a logiquement été déstabilisant. Cairn to God donne ainsi un aperçu de son état d’esprit : « I won the knowledge […] That God is counterfeit and false ». Cairn est ainsi plus l’incarnation d’un deuil que d’un rejet.
L’écoute de Cairn ressemble à de nombreux égards à la déambulation que l’on pourrait effectuer dans une ville dans laquelle on n’est pas allé depuis de nombreuses années : l’atmosphère générale nous semble familière et pourtant une multitude de détails fait que, définitivement, le ressenti n’est plus le même. La différence étant qu’avec Mizmor, il est plus question d’une étendue désertique que d’une ville tant ALN a cette capacité à nous projeter dans un environnement d’une aridité extrême dans lequel on subit les riffs et hurlements comme on subirait le déchaînement des éléments pendant un orage sec : sans même avoir l’espérance de bénéficier de précipitations providentielles. Par rapport aux productions précédentes de Mizmor est qu’ici on a ici l’impression, à certains moments, d’apercevoir l’oasis. Cette sensation résulte d’une plus grande variété d’utilisation des passages les plus lents, les plus Doom. Là où sur Yodh ils étaient associés à une lourdeur écrasante, suffocante, ils sont ici parfois investis par des sonorités plus douces, guitare sèche ou riffs plus clairs. Cairn to Suicide symbolise parfaitement : l’apocalypse pendant 4 minutes puis une dépression brutale qui mène à un passage à la guitare sèche qui, dans un mouvement parabolique, prend de l’ampleur et devient quasiment aérien. Quasiment, parce que Cairn n’est absolument pas à Mizmor ce qu’est Starmourner à Ghost Bath. La souffrance reste omniprésente. La plaie ouverte laisse simplement parfois la place à un profond sentiment de deuil plus apaisé.
Parler de maturité ne serait pas uniquement un lieu commun facile mais serait également déshonorant au vu de la qualité des productions précédentes d’ALN. La progression en termes de qualité de production et de richesse de construction, de structuration des morceaux est cependant flagrante. Si cette chronique semble dépeindre un album plus accessible que son prédécesseur, de nombreuses écoutes restent nécessaires pour pouvoir digérer sa densité et enfin être en mesure de l’apprécier pleinement. Encore une fois, Cairn confirme que bien souvent les grands albums de Métal naissent au tréfonds des peines et des souffrances de leurs créateurs.
Cairn s'écoute en intégralité sur bandcamp.
Depuis
quelques années l'Oregon est devenu un vivier incontournable en
matière de Black Metal. Parmi les nombreux groupes talentueux,
Mizmor est le
masque derrière lequel A.L.N. a décidé d'extérioriser ses
tourments. Après seulement 4 ans d'activité, ce one-man band signe
son deuxième opus chez Gilead Media ; un pavé que l'on n'est
pas près d'oublier. Issue
d'une œuvre de l'artiste Polonais Zdzisław Beksiński, cette
splendide pochette donne déjà un avant-goût quant à l'atmosphère
générale de l'album. À l'image de ces deux figures
fantasmagoriques la musique de Mizmor semble transie par l'angoisse.
Avec une grande force expressive A.L.N. nous fait plonger dans son
univers et précipite notre imagination au cœur de paysages sonores
envoûtants. Dans un élan vertigineux, l'auditeur est
progressivement acculé puis pris au piège dans ce déluge
d'énergie. Même
si les genres empruntés sont identifiables ils sont habilement
fusionnés, si bien que l'on n'a plus affaire à des enchaînements
de structures codifiées et distinctes mais à une sorte de narration
en constante évolution. Entre un Black Metal impétueux et un Doom
abyssal s'opère une alchimie où tout se suit dans une grande
fluidité. Chaque morceau cherche un équilibre, s'engage dans une
direction puis se perd, nous tenant en haleine jusqu'au prochain
mouvement. Telles des variations affectives, les alternances
rythmiques viennent nuancer le discours, produisant un réel
dynamisme. Si les trémolos des guitares accentuent la détresse, les
passages Doom temporisent l'écoute et donnent une dimension plus
tragique au propos. Ponctuées par des hurlements de damnés, les
harmonies se succèdent lentement apportant une profonde violence à
cette élégie. À
la fois effrayant et fascinant, ce monolithe fait indéniablement
partie de ces œuvres musicales qui marquent les esprits au fer rouge
ou, du moins, dont on ne ressort pas indemne. Sans verser dans le
sentimentalisme ou la mièvrerie, A.L.N. nous emporte avec ardeur
dans ses afflictions, mêlant airs majestueux et lamentations
déchirantes, théâtralité et abandon retenu.
A écouter : II. A Semblance Waning, V. Bask In The Lingering
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