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Biographie

Mirel Wagner

Mirel Wagner a beau avoir été élevée en Finlande, elle garde profondément en elle ses racines éthiopiennes. La jeune artiste, née en 1991, a très tôt véhiculé ses légendes et ses histoires personnelles au travers d'une guitare et d'un violon.

Elle les a également rapidement partagées, dans les bars d'Helsinki, jusqu'à se faire repérer par un journaliste puis être invitée à enregistrer son premier album, comme une grande.

Quel que soit le décor, toutefois, la folk de Mirel Wagner baigne dans l'obscurité, et s'épanouit dans le dénuement, au plus près des mots et de ses personnages. Son deuxième album, When The Cellar Children See The Light Of Day, sort en 2014.

Chronique

15.5 / 20
1 commentaire (15.5/20).
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When The Cellar Children See The Light Of Day ( 2014 )

Elle avait fait un pas hors de l'obscurité, il y a deux ans maintenant. Baignée dans un clair obscur confondant, Mirel Wagner sortait un album troublant, fait de mélodies mélancoliques gorgées de notes tendres. "No Death" avait longtemps résonné dans les longs couloirs froids de l'hiver. When the Cellar Children see the Light of Day apporterait-il cette fois la promesse de lendemains plus lumineux ?

"1 2 3 4" compte Mirel Wagner. Elle nous parle, d'une voix défiante, de squelettes cachés. Elle poursuit avec un conte macabre, "The Dirt", à l'ambiance aride. Mirel Wagner a peut-être la voix plus affirmée - et un spectre sonore plus amplifié (la production de Vladislav Delay fait des merveilles pour la mettre en valeur tout en lui laissant une distance d'expression certaine), la jeune Finlandaise n'en a pas fini avec les fantômes.
Qu'il s'agisse de vestiges que l'on parcourt dans ces endroits poussiéreux, comme laissés à l'abandon ("In My Father's House"), ou d'apparitions fugaces qui hantent les rêves d'enfants mal nés, ils s'insinuent entre les cordes, ponctuent chaque soupir. Mirel Wagner sème des questions ("Is This What Love Looks Like ?"); aussi, impuissante, elle laisse des choses qui se fanent. Elle tient ici ses berceuses meurtrières, à la manière d'un Nick Cave, dont on n'imagine que trop les ombres sales. Les visions sont furtives, suggérées mais l'évidence est là. La solitude n'en finit pas d'étendre son emprise. Mirel Wagner ne s'attarde pas. Ses yeux épuisés se perdent, puis se détournent. Gracieuse, elle décide de poursuivre ailleurs son combat contre le temps qui passe, exhalant son souhait de lendemains meilleurs en mélodies tristement confidentielles ("Goodnight" qui rappelle quelque part le "Serenade" d'Emiliana Torrini).

Les berceuses de The Cellar Children... portent en elles les sévices de passés douloureux et la délicatesse de ceux qui ont l'âme lourde. Elles sont l'écho des silences qui ricochent sur des murs dépouillés. Qui creuse finira par trouver des choses horribles. Mais là où les comptines acquièrent un sens, c'est au moment où la Finlandaise décide d’élever son regard par-delà la fenêtre, distillant de douces notes de lumière dans un décor en noir et blanc. Son regard change, ses chansons prennent une nouvelle teinte.
Mirel Wagner ne feint pourtant pas sa fragilité. Elle nous la confie au creux de l'oreille tout au long du disque. Mais la naïveté la quitte et, sans théâtralité, on assiste à une naissance. Ni elle, ni l'auditeur, ne pourront bien longtemps cacher leurs émotions. Ici réside la beauté de l'album, réduite à sa plus simple, à sa plus pure expression.

C'est en jouant sur cette confusion des sentiments, avec une intuition mélodique et une maturité impressionnantes, que Mirel Wagner touche au cœur. Dénué de tout artifice, The Cellar Children est un disque glacial mais limpide, insidieux mais chaleureux, et dont le talent se doit enfin d'éclater à la face du monde.