Menos el Oso les avait propulsé au-delà de la sphère strictement indé, les grosses machines de la presse musicale Nord Américaine, tout comme le public, se délectaient d’un Minus the Bear à l’indie rock fun, parfois dansant, souvent léger, mais toujours intelligent et travaillé… Et voilà que l’ours prend le contre-pied en revenant avec un Planet of Ice plus glacial que jamais.
Alors n’exagérons rien, ce disque ne vous plongera certainement pas dans une profonde déprime, mais il a toutes les chances de faire tâche entre votre live de Ska-P et le best of de Franky Vincent.
L’ambiance générale est au morose feutré (léthargique diront certains). Et il est vrai qu’au micro, l’attitude inhabituellement nonchalante de Jake Snider renforce cette sensation. Planet of Ice se veut donc moins directement accessible que ces prédécesseurs (seuls "Throwin’ Shape" et "Knights", directs et rythmés, rappellent le passé du groupe) ; il nécessite quelques écoutes avant de percer puis de se laisser envelopper par sa froide carapace ; mais il n’en est pas moins intéressant pour autant, bien au contraire.
Plus complexe, plus profond, cet opus tend même parfois vers les sonorités progressives des 70s avec des "Part. 2" ou "Lotus" aux colorations franchement Rose Floyd. Avec des morceaux atteignant presque les 5min en moyenne, Minus the Bear se laisse le temps de développer son propos sans suivre aucune formule, et en profite au passage pour expérimenter nombre de bidouillages sonores sur les guitares et les claviers (la nouvelle recrue Alex Rose fait un gros travail d’enrobage et d’enrichissement ici).
Alors certes, les moins patients et les fans de la première heure pourront (légitimement) trouver à ce Planet of Ice quelques longueurs, mais il n’empêche que le quintet n’a rien perdu de son potentiel mélodique et créatif.
Ecouter quelques titres sur la page Myspace du groupe.
A écouter : "Dr. L'Ling" ; "When We Escape" ; "Burying Luck"