Parmi les héritiers de Neurosis, Minsk faisait partie des precious few qui tiraient leur épingle du jeu. Sorti en 2007, The Ritual Fires of Abandonment était le penchant tribal qu'avaient laissé partiellement en friche les Maîtres, éclairé par une ombre doomy oppressante qui en faisait sa spécificité et une claire réussite.
2 ans plus tard, dans le genre, les règles n'ont peu ou pas évolué. Album de pierre, de terre, With Echoes in The Movement of Stone arrive plein de promesses, d'espaces sonores à ravager. Echoes... respire le souffre; la production asphyxiante est la même que sur son prédécesseur. La recette du groupe non plus n'a pas changé. D'ailleurs, Three Moons n'est-il pas l'écho presque note à note de White Wings? C'est convenu. Minsk sort l'album qui lie Enemy of The Sun (1993) et Through Silver in Blood (1996). Minsk rejoue Neurosis avec 15 ans de retard. Longues mélodies éperdues (Almitra's Premonition) ou incantions spirituelles possédées (Means to An End) sur fond de coulées de lave.
De là , deux options. Ou bien on laisse couler car, au final, autant reprendre l'original qui semble ne pas avoir pris de rides et qui, au moins, avait le mérite d'innover et de fasciner en son temps, lui. Ou bien, on se pose sur un rocher, sur l'autre versant du volcan et on prend le disque tel qu'il est. Malgré l'abandon progressif de tout ce qui a fait leur son (le saxophone, le côté tribal beaucoup moins présent, à dire vrai, moins éclatant - serait-ce que le son de la batterie, si particulier, en affaiblisse l'effet?), Minsk est encore capable de faire des vagues. A l'efficacement racée et riffée Three Moons succède The Shore of Transcendence, sans doute la masterpiece de l'album avec son envolée progressive, riffs martelés et cassage de notes en règle. Ballade de funambule qui clôt l'album, Requiem from Substance to Silence distille ses notes de manière lancinante, désespérée. Le tour est vite fait, certes.
Il manque à Echoes... des pièces. De l'épique. De la douleur. D'une plongée au coeur du volcan. De la profondeur de la trempe d'un Embers ou d'un Orphans of Piety. A la place Minsk donne l'impression d'avoir oublié toutes ses promesses en chemin, de n'avoir pas su sculpter un décor ambitieux pourtant esquissé avec soin sur The Ritual Fires of Abandonment. Dommage, certains se contenteront peut-être d'un album de façade. Il en faut. Les autres joueront aux vieux, remâchant leurs classiques.
A écouter : De-ci, de-là.