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Biographie

Minsk

Minsk se forme en 2002, dans les environs de Chicago. Quatuor pratiquant un post-hardcore doomy aux ambiances tribales, le groupe emprunte son nom à la capitale de la Biélorussie qui, dit-on, renaît de ses cendres après chaque destruction. Les américains enregistrent rapidement une première démo, Burning, en 2003, avant de signer sur Loss Recordings et de sortir Out Of A Center Which Is Neither Dead Nor Alive en 2005, produit par le guitariste de Buried At Sea.

Minsk entame alors une tournée internationale, aux côtés de Sunn O))), Boris ou encore High On Fire et se plonge dans l'écriture de The Ritual Fires Of Abandonment, plus sombre, plus tribal que son prédécesseur et qui amplifie leurs échos auprès du public. par la suite signé chez Relapse Records, début 2009, le combo poursuit dans la même voie en enregistrant With Echoes In The Movement Of Stone pour l'été après un passage remarqué au Roadburn. Dans la foulée suivent un split avec Unearthly Trance ainsi qu'avec US Christmas et Harvestman. Cependant, le groupe est relativement discret par la suite et se met en hiatus entre 2011 et 2013. Il faut attendre 2015 pour que le désormais quintet refasse surface avec The Crash And The Draw.

15 / 20
5 commentaires (15.5/20).
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The Crash & The Draw ( 2015 )

Ca faisait un bail qu'on n'entendait plus parler de Minsk. Et pour cause, un album plutôt décevant en 2009 sans doute enregistré trop vite après des débuts qui emboîtaient à merveille le pas d'une génération Neurosienne et une discrétion a toute épreuve pendant quelques années qui les a sans doute amené au hiatus du groupe jusqu'en 2013. Le temps que les Illinois se remettent en selle, nous voilà en 2015 avec ce The Crash&The Draw, la dernière fournée discographique du combo après six années de silence.

La difficulté est triple pour Minsk. Revenir sur le devant de la scène après six ans d'inaction ou presque n'est pas chose aisée et donner suite à un album peu convainquant l'est encore moins. Puis il leur faut encore éviter d'accrocher leur wagon à l'énorme locomotive de Cult Of NeuroIsis like qui nous est passé dessus depuis des années. Mais le désormais restructuré quintet, qui a retrouvé un nouveau souffle, n'en a visiblement que faire, continue le bout de chemin entamé avec With Echoes In The Movement Of Stone. Pas de repompe du passé mystique de The Ritual Fires Of Abandonment, mais il n'empêche que Minsk sait toujours déployer son ombre à travers des pièces suffocantes et captivantes grâce à un Sludge / Doom / Postcore qui s’étale sur plus de 70 minutes. The Crash&The Draw en est donc peut-être le chapitre le plus colossal et difficile d'accès de leur carrière et se montre terriblement exigeant lors des premières escapades. En effet, il va falloir se montrer patient, très patient, pour digérer ce disque et en saisir les subtilités, car c'est le genre d'album que tu peux écouter cinquante fois et découvrir continuellement de nouvelles choses, de nouveaux détails.

C'est par la seule force de tes bras et de ta volonté que tu pourras gravir les versants abruptes et caillouteux de The Crash&The Draw dont l'arrivée au sommet se montrera véritablement gratifiante. Tu vas en chier dès l'ouverture To The Initiate, qui porte décidément bien son nom. Treize minutes titanesques constituées d'une montée aérienne et ténébreuse, de vocalises lumineuses avant que tout ne s'affaisse dans un chaos écrasant menées par des percussions maléfiques. Ce n'est que le début. Within And Without, fait bien mine d'avoir un semblant de cordes épurées, mais c'est pourtant par les hurlements marqués au fer rouge, les coups de heurtoirs et sa poigne saisissante que ce morceau nous entrave. Toute la partie Onward Procession séparée en quatre morceaux pour plus de lisibilité est un véritable tour de force de composition par la ligne mélodique grinçante de I. The Longest Of Days puis son final tribal et apocalyptique. Le colérique The Soil Calls qui a certainement provoqué des divinités d'outre tombe malfaisantes et les quelques respirations heureusement présentes (III. The Blue Hour) participent à l'immersion. La moitié de The Crash & The Draw s'est écoulée et on est encore loin d'en avoir fait le tour. Heureusement que Conjunction est une sorte d'intermède doucereux pour reprendre nos esprits amenant The Way Is Through, une petite perle atmosphérique et sans doute le plus beau moment du disque, un instant en eaux paisibles, se transformant petit à petit en tourbillon dévastateur et en grondements soniques. To You There Is No End, permet encore de saluer le travail rythmique mis en évidence sur cet album poursuivit sur le parfois légèrement Kylesien To The Garish Remembrance Of Failure. Histoire d'en avoir par dessus la tête, When The Walls Fell conclue par des aspects Stoner / Doom / Psyché sans même qu'on ait affaire à une redite réelle des précédents éléments.

Minsk ne s'est pas foutu de la gueule du monde en se montrant généreux, évolutif et impressionnant dans son discours d'un Sludge / Doom / Postcore qui n'a pas encore tout dit, quitte à laisser sur le côté les plus frileux quant à la longueur et à l'aspect monolithique (mais néanmoins aéré) de l’œuvre. C'est dans la persévérance qu'elle se dévoile, met en lumière ses moment tragiques, pour mieux nous étouffer dans un martèlement sourd de rythmiques colossales et de guitares telluriques. La douleur n'en devient que plus réelle, comme une formidable récompense.

12 / 20
2 commentaires (12.75/20).
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With Echoes In The Movement Of Stone ( 2009 )

Parmi les héritiers de Neurosis, Minsk faisait partie des precious few qui tiraient leur épingle du jeu. Sorti en 2007, The Ritual Fires of Abandonment était le penchant tribal qu'avaient laissé partiellement en friche les Maîtres, éclairé par une ombre doomy oppressante qui en faisait sa spécificité et une claire réussite.

2 ans plus tard, dans le genre, les règles n'ont peu ou pas évolué. Album de pierre, de terre, With Echoes in The Movement of Stone arrive plein de promesses, d'espaces sonores à ravager. Echoes... respire le souffre; la production asphyxiante est la même que sur son prédécesseur. La recette du groupe non plus n'a pas changé. D'ailleurs, Three Moons n'est-il pas l'écho presque note à note de White Wings? C'est convenu. Minsk sort l'album qui lie Enemy of The Sun (1993) et Through Silver in Blood (1996). Minsk rejoue Neurosis avec 15 ans de retard. Longues mélodies éperdues (Almitra's Premonition) ou incantions spirituelles possédées (Means to An End) sur fond de coulées de lave.

De là, deux options. Ou bien on laisse couler car, au final, autant reprendre l'original qui semble ne pas avoir pris de rides et qui, au moins, avait le mérite d'innover et de fasciner en son temps, lui. Ou bien, on se pose sur un rocher, sur l'autre versant du volcan et on prend le disque tel qu'il est. Malgré l'abandon progressif de tout ce qui a fait leur son (le saxophone, le côté tribal beaucoup moins présent, à dire vrai, moins éclatant - serait-ce que le son de la batterie, si particulier, en affaiblisse l'effet?), Minsk est encore capable de faire des vagues. A l'efficacement racée et riffée Three Moons succède The Shore of Transcendence, sans doute la masterpiece de l'album avec son envolée progressive, riffs martelés et cassage de notes en règle. Ballade de funambule qui clôt l'album, Requiem from Substance to Silence distille ses notes de manière lancinante, désespérée. Le tour est vite fait, certes.

Il manque à Echoes... des pièces. De l'épique. De la douleur. D'une plongée au coeur du volcan. De la profondeur de la trempe d'un Embers ou d'un Orphans of Piety. A la place Minsk donne l'impression d'avoir oublié toutes ses promesses en chemin, de n'avoir pas su sculpter un décor ambitieux pourtant esquissé avec soin sur The Ritual Fires of Abandonment. Dommage, certains se contenteront peut-être d'un album de façade. Il en faut. Les autres joueront aux vieux, remâchant leurs classiques.

A écouter : De-ci, de-l�.