Il y des légendes dans le punk rock et Minor Threat en est une! Dischord le label activiste de Ian Mc Kaye (chanteur du combo) a eut la bonne idée il y a quelques années de sortir l'intégrale des chansons du groupe sur un cd. 26 chansons qui n'ont pas veillies et qui véhiculent toujours autant ce qu'était Minor Threat, c'est à dire du punk comme on en fait plus.
Imaginez le choc que les chansons ont provoquées au début des années 80, des paroles explicites et engagées, un son violent et précis, une voix à couper le souffle, voilà ce qu'est le hardcore de Minor Threat. Finit les trois ou quatre accords de puissance sur fond de voix criardes rectilignes. Ici la place est au chaos organisé, les guitares n'hésitent pas a partir dans des solos courts et apocalyptiques, la voix à se moduler passant d'un chant crié à un calme presque ironique, les lignes de basses servent a corps perdu la guitare et la batterie. Ce qui nous paraît banal aujourd'hui ne l'était pas en '80, de toute façon ce n'est pas pour rien si énormément de groupes actuels se permettent des reprises du fameux combo de Washington DC (Pennywise, Anti-Flag, Sick Of It All, Sublime...).
L'album commence par les chansons les plus violentes du groupes : "Filler", "Seeing Red", "Straight-Edge", "Bottled Violence", la chanson éponyme "Minor Threat", "Guilty Of Being White". Il n'y a rien de plus efficace, pas d'intro, des riffs de guitare simples mais spontanés, un chant hurlé et contenu. Voici ce qu'a apporté Minor Threat au punk, une revalorisation des sentiments au delà de la technique. "In my eyes", est d'un autre genre, une intro désordonnée, des montées d'adrénaline, mais toujours ce sens de la simplicité. Plus on avance dans l'écoute de l'album plus on sent une légère variation dans les chansons, la track-list est excellente dans ce sens (elle suit d'ailleurs l'évolution chronologique du combo). "Think Again" et "Look Back & Laugh" démontrent bien que le groupe ne se cantonne pas qu'à un genre de punk. Il n'y a qu'à écouter "Good Guys Don't Wear White" (qui est une reprise soit dit en passant) pour se rendre compte que le groupe peut aussi faire un rock rapide et ordonné. "Salad Days" conclut parfaitement l'album et cela nous permet de nous remettre de nos émotions.
Intéressons nous maintenant aux paroles des chansons, car s'il existe bien un groupe engagé et intelligent c'est bien Minor Threat. La philosophie straight-edge est présente sur toutes les chansons, traitant du problème des drogues ("Filler", "In my eyes"), de la boisson ("Bottle violence"), de l'égo ("Small man, big mouth", "Steppin' stone", "Cashing in") et de la société en générale ("Out of step","Look back and laugh", "Screaming at wall"). Les paroles ne tombent jamais dans le cliché, et souvent cela est prit avec dérision et sérieux. Le groupe ne se prend pas pour autant pour un donneur de leçon, il expose juste un point de vue. Les deux versions de "Out Of Step" en étant la preuve, remplaçant ainsi "don't smoke, don't drink, don't fuck" par "I don't smoke, i don't drink, i don't fuck". Car les chansons de Minor Threat ont eut une influence que le groupe n'a pas pu contrôler dans un premier temps (voir bio).
Complete Discography est le disque indispensable a toute bonne discotheque punk, la production est plus qu'honorable la remastérisation aidant. Un disque remplit d'intelligence tant au niveau des paroles que de la musique, indispensable!
A écouter : Seeing red ; In my eyes ; Small man, big mouth ; Bottle violence ; Guilty of being white ; It follows me