Ministry

Indus

États-Unis

From Beer To Eternity

2013
Type : Album (LP)

Chronique

par Jeanvaljean

Encore un dernier album de Ministry? L'année dernière il avait promis que l’on ne l’y reprendrait plus mais cette fois il semblerait bien que ce soit fini. Revenons quelques années en arrière, en 2007 plus précisément. Al Jourgensen clôt alors sa trilogie anti-bush avec The Last Sucker, en précisant qu’il s’agira du dernier album studio de Ministry. Mais il faut croire que Ministry a la aussi peau dure que celle de son créateur, qui clame avoir survécu à trois morts: suivront Cover Up, un très bon album de reprises, deux album de remixes, un best of, un live au nom évocateur d’Adios Putas Madres puis Undercover un autre album de reprises en 2010. Quand Relapse sort en 2012 sous l’impulsion de  Mike Scaccia guitariste et pote d’Al de toujours, personne n’a vraiment l’impression que Ministry s’est arrêté mais il s’agit bien d’un nouvel et dernier album studio. Ce dernier faisait suite a de gros ennuis de santé qu’avait subis Al au cours des dernières années et se situait musicalement dans la continuité de The Last Sucker. L’album est moyen, le groupe part en tournée et Al s’écroulera en plein concert à Paris pour repartir en ambulance. C’était la fin de Ministry et franchement c’était pas chouette.

Un an plus tard. From Beer to Eternity est annoncé et c'est loin d’être l’album le plus attendu de l’année. Mike Scaccia est mort sur scène entre temps et avait de nouveau poussé Al à faire évoluer des sessions de repets en album. Qu’est-ce qu’Al a encore à offrir pour le (3ème) dernier album de son groupe culte? La réponse est plutôt simple et il nous l’a donnée en interview : un cadeau aux fans.

From Beer to Eternity, dont l’aspect global peut sembler au premier abord assez proche de ses prédécesseurs, se révèle en fait parsemé de références à la longue carrière de Ministry: beaucoup de samples, des refrains tantôt accrocheurs, tantôt dévastateurs, et une pincée d’expérimentations. Vous trouverez même de quoi vous rappeler les grandes heures des Revolting Cocks et de Lard.

Hélas Al Jourgensen ne s’est toujours pas débarrassé d'influences neo-thrash-indus un peu lourdes qui qui viennent considérablement plomber l’album. Clairement, les titres de Ministry ont eu du mal à se réinventer sur ce plan depuis Houses of the Molé. Il est tellement rageant de voir des titres commencer de la plus belle manière puis être saccagés par des riffs bourrins et sans grande personnalité comme sur Change of Luck. Dommage, car autrefois les guitares savaient être diablement efficaces, mais sans ce grain de folie qui les caractérisaient, ces parties se suivent, se ressemblent et lassent. Dommage pour la basse aussi, qui reste complétement inexistante sur certains titres.

Et pourtant From Beer to Eternity est loin d'être mauvais. D'abord il est réconfortant de voir qu’Al est toujours capable de créer des titres à l'ambiance marquée et qui font mouche. Bien sûr, on reste loin des années Paul Barker (décidément irremplaçable) et des expériences sous diverses substances non recommandables mais certains passages parviennent tout de même à aspirer l’auditeur dans le monde torturé de leur géniteur. Le pont devastateur de Permawar, avec harmonica s'il vous plait, vous donnera forcément envie de hurler vos trippes avec Al. Chaos total sur Side Fx, basse dub sur Thanx But No Thanx, mélodie orientale sur Change of Luck... Un sacrés patchwork de sonorités qui rappelle que Ministry n'a jamais cessé d'évoluer, de chercher, d'expérimenter. Côté paroles on louvoie avec, encore une fois, une critique acerbe de la société américaine et fait plus rare, des textes plus personnels faisant écho à la vie complétement niquée vécue par Al:

Your luck is gonna change
It's gonna go from bad to strange
'Cause life is so deranged
We're only here to feel the pain


Paradoxalement le point fort de From Beer to Eternity est aussi son point faible. Un baroud d'honneur rétrospectif réussi et c'est tout. On réécoute avec plaisir tout ce qu’a pu nous faire découvrir Ministry, on ressent parfois des sensations familières puis on se fait une raison : c'est terminé. On sanglote un bon coup et on se dit qu'il était peut être temps. C’était tellement mieux quand on entendait ça pour la première fois.

13

Les critiques des lecteurs

Moyenne 12.6
Avis 5
UmeaSound September 17, 2020 15:19
En ce moment j'entends de ces trucs sur les ministres aux infos, c'est à se demander si mon audition est encore bonne !

Gérald Dard Venin il a dit que de Cannes à Nice c'est de la merde ! Je sais pas si il parlait d'une étape du Tour de France ou de ses dernières vacances, en tout cas il semblerait qu'il préfère le Paris-Brest !

C'est pas l'avis de son pote Jean Cache-sexe qui jure que par le sud, il est juste pas fan des plages nudistes !

Heureusement qu'il n'y a pas encore Christophe Casténerfs qui en rajoute une couche, les propos de Gérald sont déjà assez culottés !

Bon ceci dit, dans le doute, je vais quand même faire un test des tympans, l'abus de masturbation, des concerts, et de la musique trop fort n'ont jamais fait bon ménage, un peu comme cet album d'ailleurs, qui mélange indus, trash, et hardcore :/
10 / 20
Renard666 December 12, 2013 10:58
La moyenne, mais c'est bien parce que c'est eux....
10 / 20
Bourriquet November 9, 2013 14:07
Une belle note de fin pour une carrière en dents de scie.
15 / 20
menaceruine September 6, 2013 22:35
Le dernier bon disque de Ministry reste Houses of The Molé, une écoute m'a suffi pour me rendre compte de la vacuité abyssale de celui-ci, Ministry is dead ???
9 / 20