Un chef d'oeuvre du genre devant Antichrist Superstar et un chouïa derrière The Downward Spiral.
Ministry
Indus

Psalm 69 : The Way To Succeed And The Way To Suck Eggs
Chronique
LA RAGE ET LA MACHINE.
1992. Quelques mois après la Guerre du Golfe, Al Jourgensen et Paul Barker déposent dans les bacs leur bilan de la politique bushienne, un brûlot. Et ça donne Psalm 69, un crachat à la gueule de l’Oncle Sam qui s’avère être un sommet du metal 90s.
S’il fallait une bande son aux années 90, Psalm 69 de Ministry pourrait bien être celle-ci. Bruitiste, brutal, débridé et blasphémateur, cet album attaque sans ménagement une Amérique qui, après l’effondrement de l’URSS et la guerre du Golfe, bombe le torse. Ministry vient rappeler que par-delà l’auguste visage d’une Amérique conquérante, existe un malaise social et économique — qui mena d’ailleurs Bush à son échec lors de l’élection présidentielle de 1992. A l’époque où paraît Psalm 69, des lamentos et des cris de ras-le-bol commencent à se répandre partout, depuis Seattle. Douze années de conservatisme (Reagan et Bush) ont laissé des traces : crise économique, montée du chômage, émergence d’une censure qui ne dit pas son nom (PMRC), résurgence du discours moral religieux.
C’est dans ce contexte que les terroristes sonores Al Jourgensen et Paul Barker jettent ce pavé dans la vitrine de la bien-pensance américaine. Déjà auteur de quelques albums bruitistes et novateurs, le tandem n’avait pourtant jamais sonné aussi extrême sur la durée d’un disque entier. Psalm 69, leur 6e album studio — probablement leur meilleur à ce jour — est l’expression furieuse, violente et révoltée du sentiment d’un monde déshumanisé, comme privé d’espoirs, et qui œuvre à sa ruine. La pochette de l’album annonce d’ailleurs la couleur, avec cet ange perdu dans l’obscurité, cerné de machines et d’outils, yeux rivés vers une lointaine et inaccessible lumière. Même chose pour le titre officiel : un assemblage de lettres grecques, qui n’a guère plus de sens que l’absurdité du monde qu’illustrent ces neuf morceaux, ces neuf visions d’apocalypse.
L’album démarre dans le fracas avec NWO (référence au New World Order, le « nouvel ordre mondial » proclamé par le président Bush) : un pandémonium de samples de sirènes et de cris, de rythmes de piston, et de guitares qui lacèrent. Le titre s’achève avec des samples de discours de George Bush (« What we are looking at is : Good & Evil, Right & Wrong » et « A new world », répété obsessionnellement jusqu’à cette impression de dénonciation : le voilà ce nouveau monde, brutal et déshumanisé, auquel la musique fait écho). D’emblée, nous voilà projetés dans l’univers sonore de Ministry : martial, lourd et répétitif jusqu’à en devenir hypnotique ; un maelström de guitares thrash, vociférations distordues, boîtes à rythmes furibardes — le tout sous un déluge de samples moins anodins qu’ils n’y paraissent.
Sur le beat techno de TV II, Al Jourgensen raille la toute-puissance de la télé (« tell me something I don’t know (...) promise everything, take it all away »). Avec Hero, c’est la guerre du Golfe qui est crûment évoquée, dans un texte craché avec révolte, débordant d’un cynisme caustique (« the hero marches alone across the Highway of Death », « it’s not a matter of rights, it’s just a matter of war »). En prime, Ministry s’autorise un solo speed metal, façon Slayer. S’ensuit le très déjanté single Jesus built my hotrod (paru en 1991), sur lequel Gibby Haynes, frontman des Butthole Surfers, vient déposer ses vociférations furibardes de schizo dadaïste. Quant à Psalm 69, il s’agit d’un titre débordant d’une ironie blasphématoire (« the invisible piss of the Holy Ghost comes down like acid rain ») amplifiée par ses samples de chœurs, prêches et confessions de croyants (« I feel like my heart’s being touched by Christ »).
Globalement dominé par une frénésie rythmique, l’album s’ouvre aussi à d’autres sonorités. Scarecrow, qui dure plus de 8 minutes, est marqué par un tempo plus lent, une lourdeur et une noirceur quasi-gothiques. Corrosion et Grace, qui clorent l’album, nous mènent en territoire indus. Bien qu’exempts d’éléments metal, ces deux derniers, ne déparent pas du reste de l’album : chaotiques, froids et machinaux.
Mais le sommet de l’album est certainement l’effrayant Just One Fix, peut-être le tout meilleur titre qu’ait composé le groupe à ce jour. Le son de l’enfer intérieur, une musique de drogué : rythmique écrasante de marteau-piqueur, guitares et échos pervers. Parcouru d’une frénésie de camé en manque, ce morceau soulève un sentiment d’inéluctable, l’impression de foncer droit dans le mur. Just One Fix s’achève par un riff évoquant une spirale descendante (c’est le riff toxique et sous amphé de Into The Void de Black Sabbath). Un putain de chef d’œuvre, où la concorde entre paroles, samples, riffs et rythmique confine à la perfection.
Ce disque est l’une des plus belles réussites du metal 90s. Son titre, à lui seul, ironique et blasphématoire, en dit long : un petit jeu de mots foireux et sardonique, pointant du doigt (le majeur, bien entendu) le culte de la réussite et la religion. Dans les paroles, le groupe dépeint une Amérique décadente (« pictures of our lost morality », Scarecrow), corrompue par le militarisme, la drogue, la violence, la propagande médiatique et l’hypocrisie religieuse.
Moins théâtral et grandiloquent que Marilyn Manson, Psalm 69 est néanmoins tout aussi jouissif et indispensable. Drogué, violent, martial, ce skeud de Ministry est, dans un esprit punk, l’expression de la mauvaise conscience de son époque. Ce que devrait être tout vrai disque de rock.
Les critiques des lecteurs
Un chef d'oeuvre du genre devant Antichrist Superstar et un chouïa derrière The Downward Spiral.
un must have !
Cet album a bientôt 20 ans, et je l'écoute toujours avec autant de plaisir.
jusqu'à peu l'indus pour moi se résumait à Marilyn Manson et NIN, voire KMFDM. Mais en ecoutant cet album j'ai pris une mega claque dans la figure!
de l'indus pur, brutal, violent...
bref, un album uppercut, qui fait mal! et que dire de "Just One Fix"... leur chef d'oeuvre!
album que tout amateur de metal se doit de posseder!
C'est pas un album, c'est une bombe!!!Ministry pose là le fondement et l'essence musicale d'une génération entière de metalleux, punks et autres enragés! N'en déplaise à certains, à l'époque cette galette, c'était Hiroshima et la BO de tout un milieu underground!
Un album terrible.
Psalm 69 est le meilleur album de la discographie génial de son auteur.
Pour parler et comprendre cet album, il faut des écoutes répétés et nombreuses (au risque de devenir dingue ou épileptique au choix).
Le meilleur album indus de tous les temps?
Tout a fait d'accord.
Ministry est à mon sens le meilleur groupe indus de tous les temps, celui qui à le plus apporté au genre en terme de recherche et de nouveauté. Avec cet album, jamais égalé, Ministry signe son meilleur opus. Tous les titres apportent quelque chose. Il n'y a rien à jeter.
Hééé oui pas aussi abordable que Marilyn Manson ou Rammstein. Mais tellement plus bon ^_^
Avis mitigé sur cet album : les deux premières chansons sont des tueries, mais le reste est nettement moins jouissif à mon gout. Enfin ça reste un album indispensable, à écouter ne serait-ce que pour sa culture metalesque.
En tout cas je suis assez étonné du commentaire de Malediction23, vu que certains de ses groupes "fétiches" se sont clairement inspirés de Ministry...
EDIT : Rectification, excellent disque, du début à la fin.
Edit @ Malediction23 : j'ai réagi exactement comme toi lors de l'écoute de l'album. "C'est chiant, c'est répétitif...". Mais a cette époque je ne persevais pas la musique comme je percoit aujourd'hui les différents styles que j'écoute (death ou black, thrash ou hardcore, punk ou rock, blues ou funk, metal ou pas metal) Le métal-indus ne s'écoute pas comme du thrash, bien que Ministry s'en inspire beaucoup dans cet album. Le metal indus peut se résumer en trois mots (c'est court mais bon...) : Electronique, Répétitif et Hypnotique, même si on peut aller beaucoup pls loin dans le style (ex: la violence de Strapping Young Lad ou Fear Factory). J'avais compris le coté électronique et répétitif, mais les riffs étaient pas encore assez accrocheurs pour moi. Et puis au fur et a mesure des écoutes, j'ai compris que les riffs me revenait fréquemment en tête, et qu'il me fallait les réécouter! Enfin, je me suis dit que je devrais me poser, et écouter tranquillement l'album : et la, j'ai découvert le coté hypnotique qui se dégage tout au long de l'album (aspect de l'indus que j'ai plutot découvert, je dois l'avouer, à l'origine, avec l'album Downward Spiral de NIN)
Résultat : un album qui dérange, mais qui passe tout seul. Pour les fans de thrash, on retrouve de fortes influences de Metallica (riff principal de "Hero", qui rappelle les riffs de "Kill'Em All") et Slayer (la guitare mélodique à la fin de "Just One Fix" pompe à mort les mélodies de Hanneman et King!).
PS: c'est bizarre Malediction23, malgré le fait que tu ai mis un zéro pointé à cet album, et malgré le commentaire que tu as écrit, tu as tout de même cité Ministry dans tes groupes préférés. Non j'sais pas j'trouve ca bizarre...
Un disque très intéressant si l'on veut s'oublier dans la musique bruyante et machinale. C'est transcendant mais ça ne fait pas du bien pour l'esprit. On est prévenu.
cet album a le merite de contenir "just one fix" qui est a mes yeux le meilleur morceau ecrit par le groupe
Du bon indus metal a la façon ministry, on écoute tout du début a la fin avec toute l'atention possible tellement cet album déchire!
Les riffs bourins de cet album sont tout simplement géniaux, avec un bon mélange de gratte et de batterie!
de l'indus pur!!!!
merci al jourgensen! :)
entierment d'accord c'est ce groupe qui ma lancé dans l'indus et st'album et tout simplement grandiose
d'accord ac la chronique..quand on parle d'indus les gens pensent ts a NIN ms rien que pour cet album Ministry est à mes yeux LE groupe indus...
just one fix est vraiment "géniale"..à la fois difficile a écouter ms en même temps on se laisse prendre et on reste aphasique pdt les 5 minutes....
quel skeud!!!
comme les autres, un must have absolu du genre !
rammstein a fait du psalm en plus accessible et grand public...