Avec Tight, Mindless Self Indulgence en a bluffé plus d'un, perdus sur un carrefour que la presse a qualifié de « punk-indus-hip-hop », « indus-jungle-pussy-punk » ou encore « electro-rapcore », ou même « indus-jungle-rock-punk-techno ». Sur métalorgie, tout le monde est content vu qu'on le range simplement dans «inclassable ». Qui dit inclassable dit unique, voilà qui intéressera les plus gourmets d'entre vous, surtout ceux dont l'appétit a été attisé par le bouillon qu'est Tight. Je vais ici tenter de m'attaquer à ce plat de résistance très copieux qu'est ce deuxième album de MSI...
La jaquette de Frankenstein Girls Will Seem Strangely Sexy (FGWSSS) nous expose, comme son nom l'indique, des demoiselles manufacturées dont le cerveau se détache du reste quand l'on retire le CD de son étui. Probablement volontaire : fiers d'être tout sauf subtils, les zigotos d'MSI ont vraiment mis le paquet pour éliminer toute trace de matière grise dans notre cortex... 30 pistes rangées dans l'ordre alphabétique (original tiens), dont 4 interludes, en tout pratiquement une heure. Sur le dos de l'album, les noms des chansons sont tous à moitié censurés, car, comme il est précisé, « c'est la suppression du mot qui lui donne le pouvoir, la violence, la vicissitude », dixit Lenny Bruce, un genre de Coluche américain. La couleur est donnée : mort, chaos, destruction, apocalypse. Chouette alors, écoutons ça pour voir.
La voix de Jimmy, extraite d'un concert, s'élève, et impose la seule organisation de l'album –hormis l'ordre alphabétique- que je vous laisse le loisir de découvrir. La première impression étant toujours importante, penchons nous sur ce premier morceau qu'est Backmask. On se rassure : comparé à Tight, MSI n'a que très peu changé ; c'est toujours la même recette, sinon plus raffinée, en particulier du côté guitare et basse. Les compos de Jimmy sont toujours irréprochables, et surtout, comme nous allons le voir, jamais les même. Niveau paroles, après un appel au suicide collectif, on a, pour donner un aperçu et pour faire court, des odes aux péripatéticiennes (Bitches, Clarissa), aux substances illégales (Cocaine and toupees, Holy Shit), au pénis de Jimmy (Dicks are for my friends, Futures), des confessions très intimes (I'm your problem now, dans laquelle le petit Jimmy explique qu'il aime sa génitrice parce qu'elle s'est accouplée avec son mari), des coups de gueule divers (I Hate Jimmy Page, Royally fucked), mais, surtout et principalement, des chansons dénuées de sens, sans queue ni tête.
On ne s'ennuie pas une seule seconde : courts, les morceaux ne se ressemblent jamais, chacun présentant son intérêt. On remarque tout de même différents « groupes » de morceaux : alors que certains, très vifs, mettent en valeur le flot exceptionnel d'Urine (Clarissa, I Hate Jimmy Page, Faggot), d'autres sont plus mélodiques (Last time I Tried to rock your world, Planet of the Apes), ou encore d'autres plus chaotiques, plus « pénibles », mettant en valeur l'esprit ironique et sarcastique d'MSI (I'm your problem now, Royally Fucked, Whipstickagostop). La qualité reste dans tous les cas au rendez-vous, rien n'étant ajouté au hasard, on ne ressent absolument aucune surcharge, et les émotions n'en sont que plus variées ; ça passe des rires jusqu'au mal-être, en passant par les envies de tout casser ou de se laisser aller : aucun sentiment rationnel ou compatible, en un mot : folie.
Après quelques écoutes complètes, on s'interroge alors : mais par quel prodige quatre jeunes irresponsables, incapables d'être posés et sérieux sauf lorsqu'ils sont vissés derrière leurs jeux vidéos, ont réussi à pondre cette bombe ? Encore mieux : une bombe concoctée en un an à peine... La vérité, c'est qu'on ne parle plus de talent, mais de folie... et tout s'explique.
Je clôture cette chronique du lobotomisant FGWSSS en transcrivant certains de leurs sincères remerciements « pour avoir élevé le niveau » listés à l'intérieur de l'album : merci donc à Charlie Chaplin, aux Kennedys morts, à Larry Flint (réalisateur de films pour adultes), ou encore à Michael Moore pour avoir rendu cette merveille possible.
Bah autant c'est vrai que ça pète, ça bouge mais c'est quand même vite lassant. La voix est assez énervante au bout d'un (petit) moment, ça donne envie d'arrêter le disque. De plus, certains titres sont tellement courts que ça péjore quelques morceaux sympas et parallèlement, ça sauve d'autres qui sont nuls. Et je trouve vraiment abusé la note du chroniqueur 18,5, pour une bonne moitié d'album qui est de la bouilli inaudible? Pas convaincu. J'ai d'ailleurs largement préféré IF, même s'il est aussi lassant.
Faut vraiment se taper des lignes en écoutant MSI, sinon c'est énervant.