Après le sacre d'After the Fall, les Mighty Midgets s'approprient en un seul et court full length les rênes du créneau "entre Strike Anywhere et A Wilhelm Scream", presque devenu un genre à part entière depuis quelques temps. Armés de l'authentique hargne de ceux qui ont des choses à dire et les qualités techniques requises pour les défendre pleinement, les Danois partent à l'assaut de la scène punk hardcore mélo européenne...
Privilégiant les formats courts (1 à 2 minutes), ils avancent pied au plancher, en ligne droite. La seule préoccupation qui bridera leur inexorable fuite en avant c'est ce tiraillement perpétuel entre pulsions punk hardcore sauvages et tentations technico-mélodiques.
Sur le papier, ça ne s'annonce pas des plus suaves. Et pourtant, à coups de refrain mélo par-ci, de sing alongs par là (fin surprenante de "Plea for Peace") ou encore d'un groove finement distillé ("The Final Anthropogenic Extinction Event", "Our Perfect Lies"...), Mighty Midgets finissent par séduire subtilement.
Un peu comme s'ils ordonnaient à leurs auditeurs "Oubliez tout, dévalez ce long couloir blanc le plus vite possible", et au passage ils entrouvraient discrètement des portes pour introduire double chants engageants, chœurs, soli endiablés, et autres ruses qui boosteraient ce sprint effréné de 25 minutes.
Et puis voilà, en bout de course, galvanisé par une orgie de chants mélo-criés euphorisants, l'auditeur-sprinteur percute puis s'accroche à "Fuck the System Etc", pièce épique de 5 minutes (faisant d'ailleurs écho au "Ruins for the Future" joué quinze minutes plus tôt). Une cavalcade qui ressuscite et dépasse en vitesse des spectres de Strike Anywhere, et qui aux alentours n'est peut être devancée que par un Propagandhi en pleine bourre.
Elle parachève un album en hommage à l'énergie brute, viscérale. 25 minutes d'un savant défouloir aussi jouissif que fédérateur.
A écouter : "Fuck the System Etc"