Un an après marqué le monde de la musique avec son Kill'Em All, Metallica change déjà de direction avec Ride The Lightning. Tout en conservant une optique thrash le groupe a su apporté une dimension plus "mélodique" (quel bien grand mot dans ce genre) à ses compositions. Le temps des rythmiques simples et efficaces jouées à toute berzingue est déjà révolu. Ride The Lightning se veut plus réfléchi, mais tout aussi violent...
L'album s'ouvre sur une intro du plus bel effet avec notamment l'emploi d'une guitare douze cordes et de plusieurs autres guitares acoustiques. Vient ensuite un riff dévastateur qui plonge l'auditeur dans une sorte d'armaggedon. Il n'y pas d'autre mot car là est bien le thème de Fight Fire With Fire, l'apocalypse nucléaire sous un déluge de violence. Pour faire simple, cette introduction toute en finesse est une sorte de calme avant la tempête. On retrouve ici une rythmique particulièrement complexe en raison de sa vitesse frénétique et du fait que la même note n'est plus matraquée à outrance comme sur Kill'Em All. Derrière sa batterie, les pieds en permanence sur ses doubles pédales, Lars Ulrich de déchaine et insuffle une puissance supplémentaire à cette musique déjà plus que ravageuse. Le gros break précédant le solo est comme d'habitude chez Metallica une pure réussite et introduit un solo de Kirk Hammett tout simplement magnifique où le tapping en règle disparaît un tantinet au profit d'une vraie recherche musicale. Les notes ne sont plus placées n'importe comment et donnent réellement une phrase musicale. A peine somme nous remis de nos émotions que vient Ride The Lightning, l'une des rares chansons de l'ère Mustaine (Megadeth) à avoir survécu à Kill'Em All, et il aurait été bien dommage de nous en priver tant cette chanson est réussie. Moins thrash, plus heavy, Ride The Lightning vaut surtout qu'on s'y attarde pour sa partie centrale. Les riffs précedants le solo sont en effet composés de mains de maîtres et accompagnent à merveille un solo dont la vitesse va crescendo jusqu'aux limites du possible. La voix criarde de James Hetfield fait toujours défaut, même si elle prend avec du recul un petit air de nostalgie. Que ceux qui pensent que cette chanson dénonce la peine de mort remettent en question cette idée, James Hetfield a simplement voulu parler de ce que pouvait ressentir un condamnée à mort sur sa chaise électrique peu avant son exécution ! Il n'y a donc nul message politique dans cette chanson contrairement aux apparences. Sur For Whom The Bell Tolls le bassiste Cliff Burton met son génie en avant en couplant distorsion et wha-wha afin de donner un résultat des plus impressionnants. A noter que le solo de guitare suivant celui de basse fait furieusement penser à la fin de Fairies Wear Boots de Black Sabbath sur l'album Paranoid... Sinon, juste pour information, la chanson tire ses sources du roman du même nom écrit par Hemmingway et contant l'assaut d'une colline pendant la guerre civile espagnole.
Fade to Black est une première dans l'histoire des 'Horsemen' puisqu'il s'agit là de leur première "power ballad" (une ballade qui finit... bruyante on va dire). Cette chanson avait fait couler beaucoup d'encre à l'époque, beaucoup considérant que Metallica s'était calmé et faisait de la "pop", ce qui est particulièrement réducteur et absurde. Le groupe a écrit cette chanson après le vol de leur équipement lors d'une tournée et les paroles qui en découlent sont particulièrement fortes et portent sur la perte, le suicide... L'introduction est jouée par Hetfield sur une guitare acoustique et Kirk Hammett vient peu après poser une guitare des plus lyriques. Après quelques notes douces s'en suit alors un passage plus lourd après que Hetfield ait fait exploser sa haine. On retrouve cette alternance calme/violence tout au long de la chanson, jusqu'à ce qu'intervienne une transition introduisant un second solo. Ce solo est une anthologie à lui tout seul, deux minutes absolument magiques où les notes défilent et s'enchaînent avec une grande harmonie. Une dernière (rare) petite chose qu'il convient de noter : chaque instrument a sa phrase musicale lors des passages calmes, on a trois pistes différentes pour une même chanson . La basse ne se contente pas de suivre la rythmique, la guitare acoustique sert de fond sonore tandis que le soliste place la mélodie principale. Une véritable petite merveille.
Après quatre titres tous aussi réussis les uns que les autres les 'Horsemen' déçoivent avec Trapped Under Ice (issue de la démo Impaler, du précédant groupe de Hammett, Exodus) et Escape, sans doute les deux plus mauvaises chansons de la période précédant le Black Album. Non seulement les musiques sont poussives à souhait, mais en plus James Hetfield les massacre littéralement au chant, et seuls quelques passages méritent un peu d'attention. Le comble est quand même la sirène ajoutée à la fin de Escape qui gâche encore plus cette chanson un peu faiblarde...
Autre chanson récupérée du temps d'Exodus (Die By The Sword) et inspirée du film Les Dix Commandements, Creeping Death nous fait vite oublier les deux chansons précédentes avec ses martèlements tonitruants et ses refrains entraînants à souhait ! Le paroxysme est à son comble après le solo de Hammett, le rythme chute brutalement et la guitare reprend le refrain sur un couple basse/batterie fonctionnant en parfaite harmonie. Hetfield intervient ensuite avec le célèbre refrain "Die, By My Hand, I Creep Across The Land, Killing First Born Man...", Burton et Hammett vociférant en choeur des "DIE !" des plus énergiques. En live le public éprouve une grande satisfaction à hurler ces "DIE !" lors de cette interlude.
L'album s'achève sur oeuvre instrumentale inspirée de l'univers de H.P Lovecraft et de son fameux Cthulhu (prononcez 'Kuh-Loo-loo'), sorte de créature ailée à la peau écailleuse et à la tête de pieuvre. Après un préambule joué en notes claires le climat ne cesse de s'obscurcir avec les arrivées progressives de la seconde guitare, de la basse, puis enfin de la batterie. La musique explose ensuite avec une rythmique riche et martelée, presque assommante, et une guitare à vous mettre des frissons dans le dos. Que dire de plus... The Call of Ktulu est une merveille d'ambiance sombre, un déluge de notes et de riffs bien calés et pensés. Indescriptible, Ktulu achève de façon magistrale cet album épique.
Avec Ride The Lightning Metallica montre qu'il est possible de faire du thrash subtile et riche en terme de création musicale. Les compositions sont mieux construites et indéniablement plus abouties que sur Kill'Em All. Les 'Four Horsemen' évitent de sortir une pale copie de Kill'Em All et signent un disque varié avec des compositions tantôt thrash, tantôt heavy, une ballade, et une instrumentale. On regrettera simplement une production un peu vieillote (mais ayant son charme !) et les deux pistes faibles que sont Trapped Under Ice et Escape qui n'ont pas leur place sur ce disque.
tout simplement un chefs-d'oeuvre le meilleurs album pour moi