Sur le papier, le line-up de ce premier album de Metal Allegiance vend du rêve par pack de douze, personne ne peut le nier : Mike Portnoy à la batterie (The Winery Dogs, Transatlantic, ex Dream Theater, ex Avenged Sevenfold), Alex Skolnick aux guitares (Testament), et David Ellefson à la basse (Megadeth). Sans oublier les participations d’une vingtaine de guests, allant de Ben Weinman (The Dillinger Escape Plan) à Tim "Ripper" Owens (Judas Priest, Iced Earth) en passant par Troy Sanders (Mastodon) et Phil Anselmo (qui ?). Ce name dropping, un argument commercial ou l’un des rares all-star-bands qui tienne la route ? En fait, un peu des deux.
L'évidente force du disque est la diversité de celui-ci, qui se traduit à la fois par les personnes impliquées mais aussi par les genres abordés. Là où Gift Of Pain donne dans le Thrash sans concession, Scars propose plutôt des passages très mélodiques. Il faut aussi dire que la première voit la participation du chanteur de Lamb Of God et du guitariste d'Exodus, quand la seconde est chantée par Cristina Scabbia de Lacuna Coil. Quant à Triangulum, instrumentale de presque huit minutes, place au Progressif et aux solos des virtuoses de service : Misha Mansoor (Periphery), Phil Demell (Machine Head), Ron "Bumblefoot" Thal (Guns N' Roses)...
Chaque piste s'adapte donc à ses interprètes, ou l'inverse. Cela donne un disque varié et agréable, certes, mais peu cohérent. L'ensemble donne plus l'impression d'écouter une compilation qu'un véritable album de groupe. Heureusement, les protagonistes ont choisi une direction globale axée vers un gros Heavy / Thrash, ce qui permet de conserver le minimum syndical en terme de cohésion.
Néanmoins, malgré cet effort pour tenter d'unifier l'album, ça ne suffit pas. On sent que Metal Allegiance manque de spontanéité. Les gars sont bien là, à donner tout ce qu'ils ont, mais ça ne fait pas tout. On ne peut s'empêcher d'avoir un arrière-goût amer, comme si chacun s'efforçait de donner la meilleure impression possible sans trop réfléchir à l'ensemble. L'interlude au milieu de Let Darkness Fall, intime et travaillé, semble être l'un des rares moments qui échappe à cette sensation.
La plupart des supergroupes laissent souvent perplexe, déçoivent parfois de par l’attente qu’ils suscitent. Au final, l'ensemble fait beaucoup penser à Roadrunner United, avec plus ou moins les mêmes atouts et faiblesses. Des chansons bien écrites, bien exécutées mais sans identités véritables pour un album relativement fade qui a plus l’air d’une compilation et qui ne laissera aucun souvenir périssable à l’auditeur.
A écouter : en essayant de deviner qui est qui !