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Biographie

Messa

Quatuor Doom Metal originaire de Cittadella en Italie, Messa se forme en 2014 autour de Mistyr (Batterie), Alberto (Guitare), Mark Sade (Basse) et Sara (Chant). Leur premier album Belfry sort en 2016 chez Aural Music. Cet effort fait parler d'eux et le groupe participe à plusieurs festivals Stoner/Doom. Un split avec Breit sort également la même année. Mais c'est surtout avec Feast For Water qui arrive en 2018 que la renommée du groupe grimpe en flèche ce qui est mérité d'autant plus que l'album est un mélange audacieux de Doom Metal feutré, de plans Jazzy et d'ambiances nocturnes. Un succès confirmé avec Close en 2022, une signature chez Svart Records et de nouvelles ambitions musicales qui font chercher du côté des musiques psychédéliques, folk et tribales.

Chroniques

Close Feast For Water
12 / 20
5 commentaires (14.8/20).
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Close ( 2022 )

Déjà à part dans la scène Doom Metal actuelle, Messa opère sur son troisième album un virage stylistique, toujours éloigné des canons habituels. Cette fois, exit les ambiances Jazz de film noir, et place à des paysages sonores plus sauvages et exotiques. 

Avec Close, le groupe italien se dirige vers l’Orient, aidé par divers instruments traditionnels rencontrés au fil du disque. De leur côté, guitares et chant cherchent les nuances chaudes et profondes, renforçant ce parfum d’ailleurs voulu par le groupe. Le décor proposé est séduisant, plutôt intrigant (une telle combinaison a donné de très belles choses comme l’hypnotique OM), mais les écoutes répétées et attentives laissent transparaître quelques failles. 

Avec sa durée (trop) ambitieuse de 64 minutes, Close révèle des compos manquant d’accroche. Les titres se reposent sur le chant, certes plaisant et évocateur, mais cela au détriment de riffs franchement mémorables. On trouvera des exceptions, comme Pilgrim, qui dévoile un couple voix et six-cordes proche des albums précédents. Mais l’aspect purement Doom Metal reste dans l’ensemble en retrait et donne simplement un tempo, un travail essentiellement rythmique sans réelles trouvailles mélodiques. Cette tâche est laissée aux instrumentations traditionnelles, cimentées avec plus ou moins de liant à l’ossature Rock. 

Messa pose une ambiance, des couleurs et des senteurs mais ne signe pas de titres aussi marquants que sur Feast For Water. Saluons tout de même l’esprit défricheur qui anime les musiciens, toujours prompts à nous sortir des sentiers battus. 

A écouter : Pilgrim, Orphalese
16 / 20
7 commentaires (15.64/20).
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Feast For Water ( 2018 )

A l’écoute de Feast For Water, il faut s’attendre à un ensemble Doom traversé d’influences diverses. Sans trop de surprise, on retrouvera des penchants Bluesy dans les sonorités de Snakeskin Drape, des réflexes d’ascendance Sabbathienne, et une aura globalement pesante. Avec ça on a tout et rien dit, car cette description valable pour les légions d’énièmes Bong-Machin ou Truc-Wizard couvre à peine en surface de ce que représente Messa

Ici le choix d’un Metal traînant est justifié, évident même. Plutôt que de donner gratuitement des coups de massue, la composition d’une musique lente et appuyée se comprend par la dimension cérémoniale de Messa. Les Italiens font sonner un Stoner Doom qui transpire plus la classe que la weed, de par une production chaude et léchée, de fréquentes incartades Jazzy rappelant Kayo Dot ou Bohren Und Der Club Of Gore et une certaine omniprésence du danger et de la noirceur du début à la fin. Au milieu de ce cocktail audacieux réunissant chevauchées désertiques et fumées opaques de films noirs, émerge une voix féminine qui parachève le tableau. On pense à d’autres responsables de frissons le long de l’échine comme Anna Von Hausswolff ou Rabia Shaheen Qazi (Tulsi), qui avait collaboré avec Earth sur From The Zodiacal Light. Le genre de chant qui fait la pluie (She Knows) et le beau temps (Leah) en un clin d'oeil, menant d'une main de maître les cordes et fûts à l'assaut de nos sens. 

Ce qui fonctionne bien avec Messa, c'est qu'il ne faut pas attendre bien longtemps avant d'être embrigadé, puisque le troisième morceau (sélectionné pour la promo d'ailleurs) est sans aucun doute celui qui mettra tout le monde d'accord. Leah est LE titre ultra-puissant de ce disque, habité par les fulgurances vocales de Sara. Camouflée par les notes enveloppantes d’un piano Rhodes, la femme vous saute à la gorge, invoquant le tonnerre rythmique dans le sillage de ses vocalises incantatoires. Comment rester de marbre face à une telle sorcellerie sonore ? Moins purement tubesque, le reste de la tracklist s'affranchit des couplets-refrains et offre de belles pépites, construites essentiellement sur des alternances de passages apaisés et de furieux grondements. The Seer laisse le champ libre aux patterns Jazzy et mélopées douces. Plus tard, Tulsi met en scène un saxophone nocturne, lâché après une marche menaçante et un ton sévère derrière le micro. 
Seul bémol sur Feast For Water, une fin de voyage moins marquante que la première moitié. White Stain souffre presque de la qualité de ses prédécesseurs, tandis que Da Tariki Tariqat offre une issue sympathique mais sans conclure fermement ces 49 minutes. 

Sur ce deuxième opus, le quatuor italien nous embarque dans un monde éclairé de bougies vacillantes pour explorer le Doom Metal sous des formes encore pas ou peu défrichées. Riche de son aura mystérieuse, de ses inspirations bien amenées, Feast For Water constitue une belle suite à Belfry, et est à classer hors des sentiers battus sans hésitation. 

A écouter : Leah, Tulsi